samedi 4 juin 2016

D comme documents

Éléments indispensables pour reconstituer une partie de la vie de nos ancêtres, ils prennent des formes variées : contrats, livres de raison, correspondance, portraits, photographies, faire-part, coupures de presse… Et constituent le matériau de base pour écrire l'histoire familiale.

Les documents sont intéressants à plus d'un titre. Par leur contenu tout d'abord, qui nous transmet évidemment des informations, mais également par leur support et la façon dont celui-ci est utilisé. Je m'explique. Prenons une missive : le texte exprime des faits, des émotions, des sentiments, mais nous en apprenons également beaucoup par la qualité du papier, l'écriture, la façon dont les lignes occupent et parfois envahissent l'espace… sans parler du vocabulaire ni de l'orthographe !

De même avec les photos(1) : le choix du décor, la pose, la place de chacun par rapport aux autres, les annotations au dos du tirage, il y a largement de quoi se livrer à quantité de supputations. Sans oublier les clichés qui nous parviennent tronqués (la manie d'une de mes tantes, lorsque l'un des personnages ne lui revenait pas !).

D'innombrables menus plaisirs en perspective, donc, lorsque le généalogiste se lance dans l'exploitation des documents familiaux.

J'ai déjà évoqué sur ce blog certains documents dont je suis dépositaire, mais s'il me fallait indiquer les plus précieux à mes yeux ? Choix difficile. Des manuscrits, sans aucun doute, pour leur charge émotionnelle. Peut-être les lettres écrites par mon père à ma mère, et précieusement gardées par elle, lorsqu'il reprit un temps du service dans l'armée à la fin de la guerre de 1939-1945. Parce que durant les trente dernières années de sa vie, il se refusait obstinément à prendre la plume, je n'imaginais pas qu'il pouvait narrer par le menu les mille détails de sa vie quotidienne, lorsqu'il était temporairement éloigné du cercle familial.

Ou ce bout de papier glissé derrière un portrait de ma mère, alors qu'il était veuf : "… les souvenirs ne comblent pas le vide créé par la disparition d'un être cher. Ils le creusent, car chaque réminiscence d'un passé commun rend plus évidente l'absence de l'autre…"(2)





(1) Voir à ce sujet le livre de Christine Ulivucci, Ces photos qui nous parlent, une relecture de la mémoire familiale, Payot, 2014, 238 pages, ISBN 978-2-228-91063-7

(2) C'est, semble-t-il, une citation de Maurice Denuzière.

3 commentaires:

  1. J'imagine facilement la charge émotionnelle à la lecture de mots si emprunts d'affection.

    Merci pour ce partage.

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  2. Ce choix de citation est révélateur.

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  3. Merci pour cette émouvante citation. Elle dévoile la sensibilité de votre papa, même s'il ne l'a pas montrée.
    Et quelle pudeur de sentiments (cachée derrière le portrait de votre maman)...J'en ai eu des frissons.

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