Quatre semaines après une première visite destinée à
effectuer les formalités d'inscription, j'ai honoré mon rendez-vous. C'était un
lundi, jour où le SHD est ouvert de 13 heures à 17 heures. Je me
présente avec ma carte plastifiée toute neuve, mes feuilles volantes, mon
crayon et mon appareil photo. Le préposé à l'entrée de la "salle des
références" m'inscrit sur la feuille de présence et me fait gentiment les
honneurs de la salle de lecture, m'indiquant tout ce que j'ai le droit de faire
et de ne pas faire.
Ça y est, je peux enfin réclamer le dossier de mon
arrière-grand-père Achille Maitreau au comptoir et prendre place à l'une des
grandes tables de lecture. Enfer et damnation ! Le nom figurant sur le
dossier n'est pas le bon ! Je retourne au guichet en croisant les doigts,
surtout ne pas s'énerver, cela fait rarement avancer les choses. C'est une
simple erreur de numéro et ce n'est pas moi qui l'ai commise, le personnel
derrière le comptoir s'affaire, téléphone, me demande de patienter un quart
d'heure, peut-être ai-je envie de boire un café ? Bon, ne vous méprenez
pas, si je réponds oui, il me faudra quitter la salle et chercher la machine à
café, je ne suis pas sûre qu'il y en ait une dans les parages.
Je garde à l'esprit qu'il s'est écoulé quatre semaines entre
la commande du dossier et le jour de consultation et que l'une des raisons
avancées pour un tel délai tient au fait que toutes les archives du SHD ne sont
pas stockées sur place, à Vincennes. Faudra-t-il patienter quatre longues
semaines supplémentaires avant de pouvoir enfin poser les yeux sur des feuilles
jaunies, mais ô combien importantes pour moi ?
Je me réfugie dans la salle des références, où je feuillette
un ou deux livres mis à la disposition des visiteurs, style "les archives
militaires, mode d'emploi". Quand j'estime suffisant le temps écoulé, je
tente ma chance une deuxième fois au comptoir des retraits et là, alléluia,
j'ai enfin dans les mains le bon dossier.
Dossier Achille Maitreau |
Je m'installe en bout de table,
près d'une des grandes baies vitrées pour bénéficier au maximum de la lumière
du jour, en ce lundi de décembre superbement ensoleillé, et je passe en mode
"généalogiste affairé". D'abord faire la liste des documents, une
quinzaine représentant vingt-sept pages au total, dont certaines me semblent
prometteuses. Ensuite photographier toutes les pièces, sans flash bien sûr,
mais il y a suffisamment de lumière, et même de grandes tables à disposition
sous les fenêtres en cas de besoin. Enfin entamer une lecture minutieuse, avec
prise de notes, un oeil sur la montre car la salle ferme à 17 heures, et
le temps passe vite quand on est plongé dans un dossier.
Je termine la transcription de
toutes les feuilles qui m'intéressent pile à l'instant où la présidente de
salle entame le tour des tables pour annoncer la fermeture dans dix minutes. Je
rassemble mes notes, referme soigneusement le dossier et le rapporte au
comptoir. Si j'avais voulu, j'aurais pu demander qu'il soit mis de côté pour
une nouvelle consultation le lendemain, mais ce n'est pas la peine, j'en ai
fait le tour.
Alors, qu'y ai-je trouvé
d'intéressant ? Plusieurs copies de l'acte de naissance d'Achille
Maitreau, des états de services permettant de reconstituer toute sa carrière
militaire, avec les dates de promotion à chaque grade, les campagnes et les
blessures, un rapport au ministre de la guerre sur sa demande de permission de
mariage, le certificat et le contrat de mariage, un document de la main de mon
arrière-grand-père sur sa situation militaire depuis le début de la guerre de
1870 jusqu'à la fin de la Commune, enfin divers documents relatifs à sa pension
de retraite. Bref, du grain à moudre, j'y reviendrai dans un prochain billet.
Une chose est sûre, cette journée
au SHD sera suivie de plusieurs autres, ne serait-ce que pour en savoir
davantage sur les régiments dans lesquels mon arrière-grand-père a servi, sur
les uniformes et sur les décorations qu'il a portés, sur les campagnes
auxquelles il a participé. L'année qui vient s'annonce généalogiquement prometteuse !