Des feuilles volantes cousues ensemble et formant liasse,
insérées dans un registre entre l'année 1786 et l'année 1787. Des dispenses
accordées par Martial Louis de Beaupoil de Saint Aulaire, évêque de Poitiers,
et signées De la Faire, vicaire général. Un acte de consentement établi par
Maître Etienne Roulleau(1),
notaire royal, garde-scel(2)
à Saumur. Une expédition rédigée par Meignan, greffier…
Il s'agit des documents que fournissent les prétendants au
mariage avant la cérémonie et que le curé a glissés entre les pages.
Nous sommes à Saint-Pierre-des-Verchers et je cherche l'acte
de sépulture de l'un de mes ancêtres lorsque quelques mots sur un feuillet attirent
mon regard : "A comparu le
sieur Pierre Maitreau marchand demeurant à Argentai…".
AD 49 BMS Saint-Pierre-des-Verchers 1761-1793 vue 262/343 |
Il n'en faut pas plus pour piquer ma curiosité. Le document
ne comprend que trois pages sur quatre. Une vue a manifestement sauté lors de
la numérisation, mais il contient suffisamment d'informations. La consultation
des registres et quelques allers et retours sur Geneanet m'ont permis
d'assembler les différentes pièces du puzzle.
Nous sommes le 12 mai 1787 et la jeune Renée Favreau,
seize ans à peine, est sur le point d'être mariée au sieur Pierre Jacques
Girardeau, originaire de Saint-Martin-de-Sanzay.
La jeune fille est orpheline. Sa mère, Etiennette Mestreau,
a été portée en terre en 1780, alors que la fillette n'avait que neuf ans. Son
père, meunier à Fierbois, a rejoint son épouse au cimetière cinq ans plus tard.
Il est temps de marier la demoiselle. C'est sans doute pourquoi Pierre Maitreau
convie un conseil de famille à se réunir devant Louis Nicolas Mauger, sénéchal
de la ville et baronnie de Montreuil-Bellay.
Joseph Goupil, meunier et oncle par alliance de la jeune fille,
s'est fait tirer l'oreille : il doit être convoqué par exploit du sergent
royal. Les autres comparaissent volontairement : il y a là Charles
Favreau, René Talluchet, Louis Allard, Joseph Maitreau (mon ancêtre direct), un
autre Pierre Maitreau (celui de Saint-Martin de Sanzay), Jacques Tessier,
François Chateignier. Le greffier indique les liens de parenté : oncles
paternels, cousins au quatrième degré, grand-oncle maternel, oncles à la mode
de Bretagne… une mine pour les généalogistes.
Il ressort du document que c'est finalement Charles Favreau,
oncle maternel de la jeune Renée, qui est nommé "tuteur ad hoc de la ditte mineure Favreau aux fins de consentir à son
mariage".
Mais il reste un dernier obstacle à franchir. La mère de
Pierre Jacques Girardeau, Marie Mestreau, et celle de Renée Favreau, Etiennette
Mestreau, sont cousines germaines ! Un rapide examen de leur arbre
généalogique révèle que les futurs époux ont pour arrière-grands-parents
communs le couple formé par Pierre Mestreau et Perrine Flonneau (mes ancêtres à
la 8e génération) ; autrement dit, ils sont consanguins au 3e
degré. Ce qui nécessite d'obtenir une dispense de l'évêque de Poitiers :
c'est chose faite, en latin s'il vous plaît, le 31 mai 1787.
Dispense de consanguinité AD 49 BMS Saint-Pierre-des-Verchers vues 266 et 268/346 |
Le mariage est finalement célébré le 10 juillet 1787 en
l'église de Saint-Pierre-des-Verchers par messire Poupard, en présence de leurs
parents et amis. Les deux époux signent au bas de l'acte, d'une main assurée
pour le mari, d'une main plus incertaine pour sa très jeune femme.
Une question demeure : quel est donc ce Pierre Maitreau
qui convoqua le conseil de famille ? je n'ai pas encore réussi à l'identifier, en
dépit de tous ceux qui figurent dans ma base de données.
(1) Ou Rousseau, j'ai un doute.
(2) Selon le Littré, officier préposé pour sceller les expéditions dans les
anciennes juridictions.