Tout est parti d'un article de Guillaume de Morant sur le
site de la Revue française de Généalogie : "Sur
Gallica, la presse locale ancienne a désormais son site". Bien sûr,
j'ai suivi le lien proposé et j'ai testé la presse des Pyrénées-Atlantiques.
En quelques clics, je me suis retrouvée sur le site de
Pireneas qui propose cinq titres de journaux numérisés pour la ville de Pau :
le Mémorial des Pyrénées, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, le Journal des Etrangers, Le Patriote des Pyrénées et La Constitution. Les périodes couvertes
sont variables, mais à l'heure actuelle aucune ne dépasse l'année 1910.
Je commence par Le
Patriote des Pyrénées, pour la simple raison que ma grand-mère Julia avait
choisi ce titre pour annoncer les obsèques de son époux, et je lance prudemment
une recherche sur le patronyme Maitreau (une recherche sur Fourcade aurait
toutes les chances de me proposer plusieurs centaines d'occurrences, sinon plus).
Source Pireneas, bibliothèque numérique |
J'obtiens vingt-huit résultats, tous pertinents : sur
ce titre au moins, pas de confusion entre "Maitreau" et "maître
au…". J'ai renouvelé l'expérience sur les autres titres et récolté ainsi
un florilège d'anecdotes sur mes ancêtres.
Ces journaux, qui comptaient le plus souvent quatre pages,
faisaient la part belle aux nouvelles locales et publiaient des extraits des
registres de l'état civil, bans, mariages, naissances, décès. Informations
généalogiques en principe déjà connues, mais la consultation de la presse
apporte parfois une tonalité différente, comme ce commentaire du 24 novembre
1900 en page 2 de L'Indépendant des
Pyrénées :
"Ce matin à 11 heures a été célébré à
l'église St-Martin, au milieu d'une très
nombreuse affluence, le mariage de
M. Maurice-André Maitreau, greffier du tri-
bunal d'Oloron, avec Mlle Julia Fourcade,
fille d'un honorable négociant de notre
ville.
l'église St-Martin, au milieu d'une très
nombreuse affluence, le mariage de
M. Maurice-André Maitreau, greffier du tri-
bunal d'Oloron, avec Mlle Julia Fourcade,
fille d'un honorable négociant de notre
ville.
Nous joignons nos félicitations et nos
vœux à ceux qui ont été présentés aux
deux jeunes époux et à leurs familles."
vœux à ceux qui ont été présentés aux
deux jeunes époux et à leurs familles."
Les avis d'obsèques sont tout aussi intéressants ; ils en
disent long sur les coutumes de la Belle Époque, comme cette annonce intitulée
"Convoi funèbre", lors du
décès de mon arrière-grand-mère Eugénie Morel, en 1907 :
"On se réunira à la maison mortuaire,
53, rue Carnot, à 8 heures ½.
Les dames sont priées de se rendre di-
rectement à l'Eglise."
53, rue Carnot, à 8 heures ½.
Les dames sont priées de se rendre di-
rectement à l'Eglise."
Je reste perplexe. Que craignait-on ? Qu'elles
ralentissent le convoi, qu'elles fassent un malaise devant le cercueil,
qu'elles troublent le recueillement de l'instant par leur irrépressible bavardage ?
L'habitude a longtemps perduré, car je retrouve la même formule en
décembre 1939, lors du décès de mon grand-père. Je dénombre également des
messes de huitaine (huit jours après le décès) et des messes pour le repos de
l'âme d'un être cher, parfois plusieurs années après.
Mais continuons notre inventaire. Je ne reviendrai pas sur
les annonces légales et judiciaires, déjà évoquées dans de précédents billets,
comme les ventes aux enchères publiques, qui fournissent des informations en
matière de patrimoine. Je préfère évoquer aujourd'hui quelques événements,
parfois importants, parfois minuscules, qui ont jalonné la vie de mes ancêtres
et qui leur ont valu une insertion dans le journal.
Je découvre ainsi que Maurice Maitreau décrocha un deuxième
prix de gymnastique au lycée de Pau en 1883 (il avait alors treize ans et l'air
plutôt chétif sur les photos en ma possession), un deuxième prix de
mathématiques et un premier prix de gymnastique deux ans plus tard(1),
et que sa sœur Marie fut reçue à l'examen du certificat d'études en 1885, alors
qu'elle allait au cours Bénévent.
J'apprends également qu'en 1896 Maurice Maitreau, toujours
lui, versa 1 franc à la Trésorerie générale dans le cadre de la
souscription Pasteur, sans doute destinée à financer les recherches de
l'Institut du même nom. Il habitait à l'époque au n°69 de la rue Carnot, d'après
la publication des listes électorales, quartier par quartier, dans un autre
numéro du Patriote des Pyrénées.
Sa nomination au greffe du tribunal de première instance
d'Oloron, qui figure dans Le Patriote
et dans L'Indépendant du 8 mars
1900, m'était déjà connue par une parution au Journal officiel de la République
française. Sa passion pour les chevaux m'est confirmée par des prix et des
médailles lors de divers comices et par les résultats de plusieurs courses hippiques.
Bref, j'ai ouvert une boîte que je ne suis pas près de
refermer, tant elle recèle d'anecdotes qui donnent des couleurs à l'histoire
familiale. Je me demande même si une lecture attentive des articles de fond de
ces journaux ne fournirait pas des indices sur les idées politiques de mes
ancêtres ?
(1) A contrario, nulle information sur un éventuel succès au baccalauréat dans les
années suivantes.