Ce n'est certes pas la première fois que je fais un tour au
château de Vincennes, mais c'est bien la première fois qu'il me saute aux
yeux ! Quoi donc ? L'insigne du Service historique de la Défense.
Collection personnelle |
À ma décharge, je m'empresse plutôt de franchir le
pont-levis pour pénétrer dans l'enceinte et admirer le donjon, la chapelle
royale, le pavillon du roi (à l'heure actuelle, en partie dissimulé sous les
échafaudages) ou celui de la reine, dans la belle lumière d'un après-midi
d'automne.
La façade extérieure de la tour du village, orientée quasiment
plein nord, ne bénéficie que rarement d'un éclairage favorable. Cet insigne, la
photographe l'avait négligé jusque là, c'est la généalogiste qui le remarque.
L'insigne du SHD
Il a piqué ma curiosité et j'ai donc décidé d'en apprendre
davantage à son sujet, même si l'héraldique ne fait pas partie de mes
priorités. En voici la description, dans ce vocabulaire abscons cher aux
spécialistes de la question :
"Écu français
d'azur chargé de cinq drapeaux brochés à dextre par la déesse Athéna tenant
l'un des drapeaux, à senestre par Clio muse de l'histoire tenant un marbre
chargé de la devise latine en capitales DE GESTIS FRANCORUM, le tout d'or
surmonté en chef d'un foudre du même et orlé d'une couronne de chêne et de
laurier de sinople soulignée d'or."
Vous êtes certainement plus calés que moi dans ce domaine,
mais au cas où…
L'écu français fait allusion à la forme générale,
quasiment rectangulaire, sachant que les coins inférieurs arrondis et la pointe
sont ici dissimulés par la couronne de chêne et de laurier. Les couleurs azur
et or s'appliquent aux formations et unités interarmées.
Je passe sur la déesse de la guerre et la muse de
l'histoire, dont la symbolique est claire. Plus subtiles, les piques des
drapeaux, qui évoquent les différents régimes politiques de la
France : la fleur de lys pour la Royauté d'ancien régime, les aigles pour
le Premier et le Second Empire, le coq pour la Monarchie de Juillet et la pique
pour la République.
Le foudre (au masculin, dans ce cas), c'est-à-dire le
faisceau de javelots de feu, représente l'état-major, le rameau de chêne
les vertus civiques et le rameau de laurier les vertus militaires.
Sans être latiniste émérite, on aura compris que la devise
se rapporte aux actions glorieuses des Français ; mais qui savait que
c'était là le titre d'une histoire de France en latin, rédigée par un humaniste
italien du nom de Paolo Emilio, né à Vérone vers 1455, installé en France dans
les années 1480 et mort à Paris le 5 mai 1529 ? Je le découvre avec
vous.
Pour aller plus loin
Une instruction relative au patrimoine de tradition des
unités de l'armée de terre, en date du 21 juin 1985, parue dans le
Bulletin officiel des armées, nous donne la définition des insignes : ce
sont de petits objets, ou leur représentation graphique, qui sont arborés comme
signes de reconnaissance et de distinction.
Il en existe six catégories :
- Les insignes de décoration,
- Les insignes de grade,
- Les insignes de fonction,
- Les insignes de spécialités ou de qualification,
- Les insignes de classement ou de concours,
- Enfin les insignes de grande unité, de grand commandement ou de corps de troupe.
Ces insignes sont créés par le ministre chargé des armées et
homologués par le chef du Service historique de l'armée de terre (SHAT, devenu
depuis lors le SHD), selon une procédure dont je vous fais grâce.
L'insigne du Service historique de la Défense a été homologué
en mars 2005, deux mois après la création du SHD. Voilà, c'est tout pour
aujourd'hui.
Sources
Dossier remis par le SHD lors de la visite du
14 novembre 2018
Bulletin officiel des armées
Wikipédia