Après une semaine d'absence, retour à mon camp de base avec
quelque chose qui ressemble fortement à un syndrome grippal, en dépit du vaccin
généreusement fourni par notre système de protection sociale. Autant dire que
les recherches généalogiques sont au point mort depuis quinze jours au
moins ! (Pour les recherches médicales, s'adresser aux organismes
compétents)
Je n'avais pas prévu cette éventualité : rien dans ma
bannette, donc, pour la parution hebdomadaire sur mon blog. Quoi ? je ne
vais quand même pas me laisser dicter ma conduite par un satané virus…
Un coup d'œil sur les étagères de ma bibliothèque. Elle recèle
quelques trésors, comme ce Traité des
maladies des femmes en sept volumes, reliés en cuir, titres et entre-nerfs dorés
à l'or fin. Il appartenait à mon ancêtre François Morel, l'exlibris en fait
foi, et il a traversé les générations pour parvenir jusqu'à moi.
Collection personnelle |
Si ma mémoire ne me fait pas défaut, ces livres figuraient
en bonne place sur le manteau de la cheminée, dans le salon de mes parents.
Mais ouvrons le premier volume. La garde et la contre-garde
sont constituées d'un papier marbré dans les rouges et bleus, motifs obtenus
par flottation des couleurs à la surface d'une cuve. Sur la page suivante, une
inscription manuscrite : Exlibris
Morel, DM (pour docteur en médecine, sans doute), Prix des 7 vol. reliés 5 l 50 occasion (les a-t-il payés cinq
livres cinquante ?).
Pages de garde et de contre-garde |
J'ai un doute sur le prix : le diplôme de docteur en
médecine, délivré à François Morel par la faculté de Montpellier, fut entériné
par François Guizot, secrétaire d'État au département de l'instruction
publique, le 27 février 1835, à une époque où le franc germinal avait de
longue date remplacé la livre et ses subdivisions. Mais je ne suis pas une
spécialiste de la question.
Exlibris |
Continuons. La page de titre nous révèle que le traité fut
rédigé par un certain J. Astruc, professeur royal de médecine et médecin
consultant du roi, et édité par P. Guillaume Cavelier, libraire rue
Saint-Jacques à Paris, en 1770. Voilà qui nous ramène quelques siècles en
arrière, au temps où Louis XV régnait encore sur le royaume de France…
Page de titre |
La citation latine me confronte à une dure réalité : si
je saisis le sens général des premiers mots, je suis incapable d'en fournir une
traduction littérale. Mes connaissances en ce domaine se sont évaporées au fil
du temps ! Mais nous vivons une époque formidable et, grâce à Internet, je
vous livre ces quelques mots de Sénèque dans sa sixième lettre à
Lucilius : "Si je me réjouis
d'apprendre, c'est pour enseigner ; et nulle découverte ne me charmerait,
quelque précieuse et salutaire qu'elle fût, si je devais la garder pour moi
seul." Voilà !
Inutile de préciser, comme le dit d'ailleurs l'auteur de la
préface dans son incipit, que "La médecine
fait des progrès de jour en jour". Les enseignements d'un médecin de
la fin de l'Ancien Régime, s'ils intéressaient encore mon ancêtre durant la
première moitié du XIXe siècle, sont quelque peu dépassés
aujourd'hui.
Mais, au fait, pourquoi François Morel, médecin militaire,
éprouva-t-il le besoin de se procurer cet ouvrage ? Il était surtout
appelé à traiter des maladies et des blessures liées au métier des armes,
non ? Glissa-t-il les volumes dans ses bagages lorsqu'il embarqua pour
l'Algérie en 1842 ? Envisageait-il de prodiguer ses soins aux populations
autochtones ? c'est une hypothèse.
Bon, je vous laisse, il faut que je me soigne. Les fabricants de vaccins ont encore quelques progrès à faire…