samedi 18 juin 2016

P comme paléographie

Cela débute de façon insidieuse. Par ci, par là, un mot au premier abord illisible. Vous êtes en train de consulter un registre paroissial, les formules sont répétitives : un coup d'œil aux pages qui précèdent ou qui suivent débloque parfois la situation. Jusqu'à la prochaine fois. Ou bien l'homme d'église a pris soin de préciser le hameau d'où est originaire son paroissien et l'examen attentif d'une carte de Cassini vient à propos vous éclairer sur le toponyme en question.

Mais impossible d'y échapper, un jour ou l'autre vous butez sur un acte indéchiffrable. Vous avez beau écarquiller les yeux, agrandir le document sur l'écran de l'ordinateur, l'afficher en négatif en espérant bêtement que du noir jaillira la lumière, peine perdue, les mots résistent à votre sagacité, les bougres !

AD Maine-et-Loire La Cornuaille 1556-1593 vue 28/176

Si, comme moi, vous souhaitez transcrire l'intégralité de vos sources dans votre base de données, il est alors temps d'envisager une première initiation à la paléographie.

J'ai commencé par acheter un manuel de paléographie(1) "moderne" ! Eh oui, les écritures auxquelles nous sommes confrontés sont anciennes, certes, mais ce n'est quand même pas du cunéiforme ! J'y ai au moins enrichi mon vocabulaire : lettres à jambage, à crosse ou à aigrette, titulus, notes tironiennes, esperluettes… et j'en ai profité pour réviser les chiffres romains.


Prenons les notes tironiennes. Savez-vous qu'il s'agit d'une sorte de sténographie inventée par le secrétaire de Cicéron ? Elles comprenaient à l'origine un millier de signes, paraît-il, et furent étendues à 5 000, puis à 13 000 signes au Moyen-Âge. Rassurez-vous, il vous suffira d'en identifier une demi-douzaine dans un premier temps.

J'ai très vite opté pour des ateliers de formation : rien ne vaut la collaboration  du groupe pour déchiffrer ensemble des textes de difficulté croissante, sous la houlette de l'homme de l'art (qui se reconnaîtra s'il lit ces lignes), excellent pédagogue. Et ensuite, pratiquer encore et encore, accepter de laisser un mot de côté, poursuivre la lecture, revenir sur ses pas… il y faut de la persévérance, mais quel plaisir et quelle fierté lorsque la transcription est achevée !



(1) Béatrice Beaucourt-Vicidomini, Manuel de paléographie moderne XVIe-XVIIIe siècles, Archives et Culture, 144 pages, ISBN 978-2-35077-216-5

1 commentaire:

  1. Quand on a la chance de pouvoir suivre un bon atelier de paléo, on progresse à toute vitesse.

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