Abjuration: action d'abjurer, dit le Petit Larousse, qui ne
craint pas d'enfoncer des portes ouvertes, c'est-à-dire action de renoncer
solennellement à une religion ou à une opinion.
Source Photopin |
J'ai déjà évoqué dans un autre billet mes ancêtres originaires
du Poitou. À la fin du XVIIe et au début du XVIIIe
siècle, les Germon étaient des marchands établis à Moncoutant, sur les bords de
la Sèvre nantaise.
Le 13 juillet 1700, Perrine, fille de Jean Germon et de
Perrine Banchereau, épouse un certain Abraham Puichaud. Neuf jours auparavant,
ce dernier a abjuré le protestantisme. Les deux actes se font face dans le
registre paroissial(1).
Voici le texte de l'abjuration :
"Le quatrieme
jour du mois de Juillet
mil sept cents dans leglise de St Gervays
et St Protay de moncoutant M(essi)re Abraham
Pucheau âgé de vingt six ou 27 ans a volonte
rement et de son bon gre fait abiuration
de lheresie et Profession de la foy
Catholique Apostolique et Romaine entre
Les mains de moy Alexis Belouard pretre
Curé de moncoutant en consequence de
laquelle abiuration et profession de foy je
Luy ay donné par lhautorite et pouvoir
que jen ay receu de Monseigneur de la
Rochelle l'absolution de l'excommunication
par luy encouré a raison de la dite heresie
et lay reconcilié a leglise Catholique A(postolique) et
Romaine en presence des témoins soubsignes
et le dit Abraham Puchaud signé fait
en la ditte Eglise le iour et an que dessus"
mil sept cents dans leglise de St Gervays
et St Protay de moncoutant M(essi)re Abraham
Pucheau âgé de vingt six ou 27 ans a volonte
rement et de son bon gre fait abiuration
de lheresie et Profession de la foy
Catholique Apostolique et Romaine entre
Les mains de moy Alexis Belouard pretre
Curé de moncoutant en consequence de
laquelle abiuration et profession de foy je
Luy ay donné par lhautorite et pouvoir
que jen ay receu de Monseigneur de la
Rochelle l'absolution de l'excommunication
par luy encouré a raison de la dite heresie
et lay reconcilié a leglise Catholique A(postolique) et
Romaine en presence des témoins soubsignes
et le dit Abraham Puchaud signé fait
en la ditte Eglise le iour et an que dessus"
Suivent de nombreuses signatures.
On notera au passage le prénom biblique du futur époux,
courant chez les huguenots, qui marquent ainsi leur distance avec le culte des
saints.
La région de Moncoutant a eu, de longue date, une importante
communauté acquise aux idées de la Réforme. Ces dernières furent, paraît-il,
colportées par les marchands qui fréquentaient les foires.
À la fin du XVIIe siècle, avant même la
révocation de l'Edit de Nantes en 1685, les huguenots eurent à subir les
fameuses dragonnades, du nom des soldats(2) employés par le pouvoir pour obtenir des conversions par la force. Tous les moyens
étaient bons : alourdissement des impôts comme la taille, soldatesque à
loger à demeure, exemption de ces charges pour les nouveaux convertis…
La famille Germon elle-même fut sans doute un temps
protestante. J'en veux pour preuve l'acte de mariage de Pierre Germon, frère de
Perrine, avec Marie Roy. Le texte, rédigé le 16 avril 1692 par le curé de
la paroisse du Breuil-Bernard3, indique
que les conjoints, tous deux nouveaux convertis, ont "prommis touts
deux vivre et ellever leurs enfans au cas qu'ils an ayent dans la relligion
catholique, appostolique et romainne ce quils ont signés touts deux". Le curé aimait doubler les consonnes, sans
doute pour donner plus de poids à son propos !
J'ai aussi rencontré des actes d'abjuration, mais bien loin de Moncoutant, à Sancerre dans le Cher. A l'époque peuplée de nombreux huguenots !
RépondreSupprimerMerci Dominique pour ce billet ! Je me souviens du premier prénom biblique qui s'invite au milieu des Jean fils de Jean...
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