mardi 2 avril 2013

B comme broyeur de couleurs


C'est le métier de Louis Marin Luc Pierre Chancé, lorsqu'il décède à Paris en 1857, à l'âge de trente-sept ans.
Source Photopin
 Interpellée par ce décès trop précoce à mon goût, j'ai cherché à en savoir davantage et j'ai trouvé sur internet les références d'un mémoire(1) rédigé par le peintre liégeois Léonard Defrance (1735-1805) qui m'a éclairée sur la question.

Les broyeurs de couleurs sont les ouvriers qui préparent les pigments destinés à la peinture. Léonard Defrance en distingue trois catégories :
  • Ceux qui travaillent du matin au soir chez les marchands de couleurs,
  • Ceux qui travaillent directement avec les peintres en bâtiment et préparent les couleurs et les quantités nécessaires à leurs travaux,
  • Les artistes qui préparent les couleurs pour leurs tableaux.

Louis Chancé relevait sans doute de la deuxième catégorie, car deux de ses frères, François Marin et Frédéric François, exercèrent tout au long de leur vie le métier de peintres en bâtiment à Paris.

Toujours selon Léonard Defrance, les principaux outils du broyeur de couleurs sont une molette en pierre dure de forme ronde ou carrée pour réduire les pigments en poudre, une pierre plate, la plus lisse possible, sur laquelle travailler la couleur à l'eau ou à l'huile et un couteau en métal destiné à ramasser la pâte.

Le broyeur de couleurs penché sur sa pierre court donc constamment le risque d'inhaler des poussières et des substances toxiques comme le plomb, la céruse ou l'arsenic qui étaient alors contenus dans les différents pigments. Naturellement, l'acte de décès reste muet sur les causes de son décès, mais il est fort possible que Louis Chancé ait été victime d'une maladie professionnelle.


(1) Léonard Defrance, Philippe Tomsin, Les broyeurs de couleurs, leur métier et leurs maladies, Editions du Céfal (Belgique), 2005

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