Nous sommes à Pau, lors du recensement de 1841. Rue de la
Halle[1],
une famille parmi d'autres : Jean Adema, négociant de cinquante-quatre
ans, son épouse Honorine Adema sans indication d'âge, leurs deux fils, Henri
dix-neuf ans et Frédéric quinze ans, enfin une domestique qui répond au doux
nom de Clère Lopépé. Cela ne s'invente pas !
Le patronyme m'étant familier[2],
j'effectue quelques recherches dans les registres palois pour identifier tout
ce joli monde. Rapidement, je trouve plusieurs actes qui me permettent d'en
apprendre davantage sur leur compte :
- Le mariage entre Jean Adema, négociant, "fils légitime et majeur de feu M. Jean de Paul (sic) Adema, boulanger, et de Jeanne Fourcade dite Gaillet", et Anne Heff, fille d'un marchand confiseur, en février 1820,
- La naissance de Jean Henry le 24 février 1821, qui avait donc à peu de chose près dix-neuf ans lors du recensement de 1841,
- La naissance de Pierre Frédérik (sic) le 6 mars 1826, qui avait donc quinze ans lors de ce fameux recensement.
La suite me réserve quelques surprises. Le 25 avril
1850, Jean Adema et son épouse, munis d'une procuration établie par Maître
Duhalde et son collègue, notaires à Bayonne, se présentent devant Sébastien
Langlès, adjoint au maire de Pau. Ils apportent des documents, notamment la
traduction certifiée conforme d'un texte rédigé en espagnol, duquel il ressort
que leur fils aîné, Jean Henry Adema, a épousé à Pampelune (Espagne) doña
Serapia Dutel, le 25 février précédent. Le tout sera intégralement transcrit
dans le registre des mariages.
Le document en question valide au passage le fait que Anne
Heff et Honorine Adema ne sont bien qu'une seule et même personne.
À la date de son mariage, Jean Henry Adema est chirurgien
sous-aide à l'hôpital militaire de Bayonne. La transcription évoque divers
éléments : une dispense papale pour consanguinité du deuxième au troisième
degré, la confession des futurs conjoints préalable à la cérémonie religieuse,
le consentement des pères respectifs des futurs époux, une permission de
mariage émanant du ministre secrétaire d'état à la guerre et datée du
21 novembre 1849. Il y est également fait état d'un passage des ambulances
de l'Algérie à l'hôpital militaire de Bayonne.
Un détour par Geneanet m'oriente vers la base Léonore. Jean
Henry, rebaptisé Jean Baptiste Henry Adema dans le dossier qui le concerne, a
été nommé chevalier de la Légion d'honneur le 23 septembre 1858.
J'apprends au passage qu'il fut un temps maire de Biarritz.
Le dossier ne comprend que quatre minces feuillets, dont un
courrier adressé à la Chancellerie, daté du 18 juillet 1878, à en-tête du
Docteur H. Adéma, inspecteur adjoint des Bains à Biarritz. La lettre est
accompagnée de la liste des ordres étrangers dont il est titulaire :
- Chevalier de l'Ordre de Léopold de Belgique, en date du 27 septembre 1859,
- Chevalier de la Couronne royale de Prusse, en date du 2 mai 1868,
- Chevalier de l'Ordre de Charles III d'Espagne, en date du 30 août 1869,
- Commandeur de l'Ordre d'Isabelle la Catholique, en date du 3 mai 1875.
Une incursion dans les registres de l'état civil de Biarritz
me permet de vérifier que notre homme a bien été maire de cette commune pour
une période allant de 1857 à 1861. Si vous tapez son nom sur votre navigateur
favori, vous constaterez d'ailleurs que Jean Henri Adema (ainsi orthographié) a
aujourd'hui une rue dans la station balnéaire de la Côte basque, mise à la mode
par l'impératrice Eugénie.
Tout ceci collecté en quelques heures de recherche, sans
même sortir de chez moi. Quelques points restent néanmoins à éclaircir, dont
celui-ci : le dossier de la Légion d'honneur indique que notre homme est
décédé le 8 janvier 1889, sans autre précision, notamment de lieu. Rien
sur Filae ni dans les registres de Biarritz ou de Pau qui permette de valider
cette affirmation.
Les quelques arbres mis en ligne sur Geneanet indiquent,
quant à eux, une information sensiblement différente : le
14 septembre 1914, à Biarritz, à l'âge canonique de 93 ans. Les
registres correspondants ne sont pas encore disponibles en ligne, mais les
tables décennales, en piteux état mais néanmoins lisibles, mentionnent bien un
Adema Jn Bte Henri à la date du 14 septembre 1914…
Le site des cimetières de France[3],
qui permet de localiser les tombes d'un certain nombre de défunts, reste muet
sur le sujet.
Lui et moi descendons tous deux du couple formé par Jean
Adema et Bertrande Artigues, à Cassagnabère au tout début du XVIIIe
siècle, évoqué dans un précédent billet.
[1]
Aujourd'hui rue du Maréchal-Foch.
[2]
Voir le billet publié le 8 octobre dernier à l'adresse suivante http://degresdeparente.blogspot.com/2018/10/adema-oui-mais-lequel.html
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