Figurait-il sur le bureau de mon père, parmi les accessoires
d'écriture ?
Était-il exposé dans la niche du salon, encastrée dans le
mur du fond ? La partie basse de cet espace formait un placard dans lequel
ma mère rangeait les verres en cristal destinés à l'apéritif et aux digestifs.
Les tablettes en verre de la partie haute permettaient d'exposer ces menus
objets qui font la joie des collectionneurs et des antiquaires, sous le terme
d'objets de vitrine… et le cauchemar des personnes chargées de traquer la
poussière !
À moins qu'il ne fût rangé sur l'une des étagères de la
bibliothèque, derrière ses portes vitrées, dans l'espace laissé libre devant les
volumes du Dictionnaire encyclopédique d'Aristide Quillet[1],
espace peu à peu envahi par des poupées en costume folklorique des provinces
françaises, fort à la mode durant mon enfance. Je me souviens par exemple d'un
petit berger landais monté sur échasses, coiffé d'un béret et enveloppé d'une
veste en mouton, mais je m'égare.
C'était un objet si familier que je n'ai jamais pensé à
questionner mes parents sur son véritable usage. J'étais persuadée qu'il
s'agissait d'un coupe-papier. Je pense même avoir vu mon père l'utiliser pour
ouvrir son courrier, glisser la pointe dans l'interstice laissé libre par la
colle de l'enveloppe et fendre d'un geste précis le rabat de celle-ci.
L'objet en question, d'une quinzaine de centimètres de long,
a la forme d'un petit poignard. La lame en est glissée dans un fourreau gainé
de cuir noir, orné de deux anneaux dorés.
Collection personnelle |
Je l'ai retrouvé dans la "malle aux trésors", ces
quelques caisses où j'ai rangé les objets que je souhaitais garder, lorsque
j'ai vidé l'appartement palois où mes parents avaient passé les dernières
années de leur vie.
J'y ai également retrouvé l'insigne de pilote de l'armée de
l'air de mon père[2] et
c'est en cherchant à en apprendre davantage sur le sujet que je suis tombée sur
une photo[3]
qui m'a mis la puce à l'oreille. Elle présente les décorations et souvenirs d'un
certain Pierre Larzillière qui fut pilote durant la Première Guerre
mondiale : épaulettes, médailles et décorations, dont la Légion d'honneur,
insignes… et ce fameux petit objet qui m'intrigue tant.
J'ai effectué des recherches sur internet, posé quelques
questions autour de moi, j'ai même poussé la porte d'une boutique de la galerie
Montpensier, spécialisée dans les médailles et décorations, tout cela sans
succès jusqu'à présent. Voyons si les personnes qui me font l'honneur de me
lire seront plus perspicaces…
[1]
Je découvre avec surprise que ce dictionnaire, dans son édition originale de
1934, ne comprenait que six volumes : dans ma mémoire, il me paraissait
beaucoup important.
[2]
Brevet de pilote n°21977 du 15 septembre 1928.
[3] La
photo est visible à l'adresse suivante : http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/escadrille087.htm
Pour moi, c'est clairement un coupe papier.
RépondreSupprimerAutrefois les pages des livres étaient imprimées sur une grande feuille. Il fallait un coupe papier pour les lire. Cet objet pouvait être précieux et utile.
RépondreSupprimerJ'ai longtemps cru que c'était un coupe-papier, moi aussi, mais il semblerait que ce soit une dague de sous-officier de l'armée de l'air, ce qui est cohérent : mon père avait le grade de sergent. J'attends de plus amples informations des personnes qui m'ont mis sur la piste.
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