vendredi 20 juin 2014

R comme robe perlée

La société française sortit profondément transformée de la guerre de 1914-1918. Permettez-moi d'aborder ces changements par le petit bout de la lorgnette : la mode féminine.

Un monde sépare la tenue vestimentaire de la Belle Époque et celle des Années folles. Finis les chapeaux extravagants, la démarche entravée par la longueur de la jupe et les bottines qui enserrent la cheville. Place à la silhouette "planche".

Les robes ont une coupe droite, tubulaire ; la taille, lorsqu'elle est suggérée, est abaissée sur les hanches. Les jambes sont découvertes jusqu'aux genoux. Le cou et les bras sont dénudés, les cheveux coupés courts à la garçonne, la tête emboîtée dans un chapeau cloche porté bas sur le front. Les chaussures "salomé" soulignent le coup de pied par de fines lanières de cuir…

Place est faite aux accessoires qui féminisent (qui érotisent ?) l'austérité apparente des nouvelles tenues : pendants d'oreilles, sautoirs, écharpes fluides, longs fume-cigarettes. Le maquillage est également plus présent, sourcils épilés, bouche soulignée, et la peau hâlée n'est plus l'apanage des travailleurs des champs. C'est dans l'entre-deux-guerres que sont apparus le tube de rouge à lèvres Rouge Baiser, la crème Nivea et l'huile solaire !

Tenue de cocktail ou de soirée, la robe perlée est emblématique de cette mode des années 1920 : pas de taille marquée, une ligne droite simplissime, sans col ni manches, compensée par l'extraordinaire richesse de la broderie qui dessine des formes géométriques sur toute la surface du tissu.

Ma grand-mère Julia en avait conservé une dans sa garde-robe. J'ai eu le plaisir de la porter, quarante ans plus tard, à l'occasion d'une soirée costumée, dans une station balnéaire de la côte normande où nous passions tous les étés avec mes parents.

Archives personnelles

Le poids des perles confère à cette robe de couleur puce un tombé qui interdit toute envolée vaporeuse, façon Marilyn Monroe sur une bouche d'aération de métro new-yorkais !

Je n'ai qu'un seul regret, deux en fait : je n'ai pas eu la présence d'esprit, à l'époque, de regarder l'étiquette pour savoir de quelle maison sortait cette petite merveille et j'ignore totalement ce que cette robe est devenue par la suite. Cela reste néanmoins un très beau souvenir.

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