samedi 7 juin 2014

G comme Gavarnie

Situé dans le département des Hautes-Pyrénées, le cirque de Gavarnie est un cirque d'origine glaciaire. Une cascade dégringole le long de la paroi rocheuse sur plus de quatre cents mètres de hauteur ; elle alimente un torrent qui prendra plus loin le nom de gave de Pau.

Julia Fourcade, avec son mari et son fils
Archives personnelles

C'est apparemment dans ce cirque que s'aventure Julia dans cet étrange équipage. En tête marche son fils Paul, tenant par la bride l'âne (ou le mulet ?) sur lequel est juchée ma grand-mère. Puis viennent son époux Maurice et un deuxième animal.

Nous sommes vraisemblablement au début des années trente.

Je ne puis m'empêcher de sourire. Certes, mon oncle Paul a revêtu une tenue relativement sport pour l'époque : pantalon de toile, veston de tweed et robustes chaussures, mais il n'en a pas abandonné pour autant la cravate, ni le feutre, ni la pochette. Mon grand-père a pour sa part conservé son costume trois pièces et son chapeau. Sa cravate est nouée sur un col à coins cassés qu'il arborera jusqu'à la fin de sa vie.

Et que dire de Julia ? Elle n'a ni gants, ni chapeau, seules concessions à la rusticité de l'endroit. Elle se protège des ardeurs du soleil sous une ombrelle qu'elle tient crânement au-dessus de sa tête. Et c'est bien un sac à main que j'aperçois sur ses genoux. Une question, à ce propos : monterait-elle à califourchon ? Le barda sur l'encolure de l'animal ne permet pas de le savoir… car, à ma connaissance, ma grand-mère n'a de toute sa vie jamais porté de pantalon !

Julia m'a d'ailleurs souvent raconté qu'à son époque les femmes qui pratiquaient l'équitation montaient en amazone, avec une tenue et une selle spécialement conçues à cet effet, mais à mon grand regret je n'ai aucune photo d'elle dans de telles circonstances.

J'imagine que le couple était en villégiature dans la région. Nous sommes en effet à une centaine de kilomètres de Pau, cent-vingt kilomètres d'Oloron et plus de deux cent vingt kilomètres de Toulouse, où mes grands-parents résidaient vers 1935. La lumière est une lumière d'été, avec des ombres courtes comme elles le sont en milieu de journée.

Est-ce à l'hôtel des Voyageurs qu'ils ont loué leurs montures ? Cet établissement avait vu passé nombre de "pyrénéistes", dont le comte Henry Russell(1), un original qui a une avenue à son nom à Pau. L'histoire ne le dit pas.

Je remarque aussi que les sœurs de Paul sont absentes de la photo : cela peut se comprendre pour Suzanne, qui s'est mariée en 1929, mais où sont ma mère et sa plus jeune sœur, Jacqueline ? Et qui a pris cet instantané ? Autant de questions qui risquent de demeurer pour toujours sans réponse…



(1) C'est Henry Russel-Killough (1834-1909), d'abord voyageur, puis infatigable explorateur des sommets pyrénéens, qui a inspiré à Jules Verne le personnage de Phileas Fogg.

2 commentaires:

  1. Je ne me lasse pas de découvrir tes photos et souvenirs de famille.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai beaucoup de chance, la famille du côté de ma mère appréciait manifestement beaucoup les photos : j'en ai plusieurs centaines !

      Supprimer

Votre commentaire sera publié après approbation.