Alors que je cherche à en apprendre davantage sur mes
ancêtres les plus proches, les Archives de Paris viennent de mettre en ligne
les listes nominatives de recensement pour les années 1926, 1931 et 1936. Une
aubaine !
Immeuble 75, rue Pouchet Paris 17e Collection personnelle |
Durant l'entre-deux-guerres, mes grands-parents paternels,
que je n'ai pas connus, habitaient dans le 17e arrondissement :
plus précisément le quartier des Épinettes (détail indispensable pour consulter
efficacement les documents), au numéro 75 de la rue Pouchet. J'ai rapidement
trouvé les folios qui m'intéressaient.
Qu'en ai-je retiré ? Des confirmations et une surprise.
Des confirmations
Commençons par elles. En 1926, mon grand-père paternel
Frédéric Chancé, né une soixantaine d'années plus tôt à Paris, habite avec son
épouse et son fils un grand immeuble de briques jaunes, en bordure de la ligne de
chemin de fer de la Petite Ceinture. À cette date, il est employé par la
Société générale, chargé d'encaisser les créances auprès des commerçants.
Situation toujours d'actualité cinq ans plus tard, en 1931.
J'avais déniché, avec une certaine surprise, cette
information sur sa profession en consultant le répertoire des élèves du collège
Chaptal, où mon père fit ses études secondaires. Jusqu'alors je savais
simplement que Frédéric Chancé avait fait une partie de sa carrière à la
Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris. L'occasion d'éclaircir un
point de détail sur l'uniforme dont mon père gardait le souvenir : le
pantalon de nankin faisait partie de la tenue des garçons de recettes, et non
pas des chefs de gare, comme le pensait mon père. L'occasion également de
rédiger à l'époque un billet sur le sujet(1).
Poursuivons. En 1926, mon père a dix-sept ans. Il est non
pas "agent de change",
comme mentionné dans le registre de recensement, mais plutôt commis chez un
agent de change. En 1931, à vingt-deux ans, il est comptable dans une société,
la STAC Nord. Informations déjà connues grâce à un précieux état de
reconstitution de carrière déniché dans les papiers de famille.
En 1936, secrétaire des Établissements Savard et fils(2),
il a quitté le foyer de ses parents et réside désormais boulevard Berthier.
Toujours dans le 17e arrondissement, mais un peu plus à l'ouest,
dans le quartier de la Plaine de Monceaux (nom officiel, tel qu'il figure dans
les documents administratifs, même si la Plaine Monceau est plus connue sous l'orthographe
que j'emploie dans cette parenthèse).
En cette même année 1936, mon grand-père paternel n'occupe
plus aucun emploi. Il a désormais soixante-et-onze ans et va décéder en février
de l'année suivante.
Les listes de recensement ne fournissent aucun détail
particulier sur ma grand-mère, Jenny Letourneau, sinon qu'elle est née en 1875
dans le Maine-et-Loire, ce que je savais déjà depuis longtemps.
Une surprise
Mais, à mon grand étonnement, le foyer abrite un quatrième
personnage. Mentionnée en 1926 et 1931, la personne en question ne figure plus
sur la liste de 1936 : il s'agit d'une certaine Marie Letourneau, née en
1862 dans le Gard, veuve, qualifiée sobrement de "parente", si j'en crois l'abréviation figurant dans la colonne
adéquate.
Son patronyme tendrait à prouver qu'elle est apparentée à ma
grand-mère paternelle, Jenny Letourneau. Un seul hic : mes ancêtres
Letourneau sont originaires de la Mayenne et ont migré vers le Maine-et-Loire,
notamment vers Angers et ses environs, au cours du XIXe siècle.
Loin, très loin de ce département languedocien qui tarde tant à mettre ses
archives en ligne…
Il ne me reste plus alors qu'à consulter les registres de
décès du 17e arrondissement pour la période comprise entre 1931 et
1936. Ce n'est pas insurmontable, mais… Commençons par un petit tour sur
Geneanet. Je vous laisse imaginer le nombre d'occurrences obtenues en tapant
"Letourneau Marie" dans le formulaire de recherche. Environ 12 600
réponses ! Plus de 3 600 encore, en se limitant à une période
postérieure à 1861. Il me faut trouver une autre piste.
Ce département du Gard… j'ai déjà buté sur lui, il me semble
qu'une épouse (mais de qui ?) en était originaire. Avant d'explorer ma
base de données, je m'avise soudain que ma grand-mère figure sur la liste de
recensement uniquement sous son nom de femme mariée. Donc, cette Marie
Letourneau aussi, vraisemblablement.
Et là, bingo ! Marie Letourneau s'appelle en réalité
Marie Amélie Sidonie Surry. Mon arrière-grand-père Emmanuel Letourneau s'était
marié trois fois. Tout d'abord avec Jeanne Pauline Troussier : le couple a
donné naissance à ma grand-mère Jenny. Puis en 1903, Emmanuel Letourneau devenu
veuf a épousé une certaine Eugénie Suzanne Guillet. Divorce prononcé en 1907 et
nouveau mariage en 1911, avec Marie Surry, cette fois. Cet homme devait
détester la solitude !
Emmanuel Letourneau, décédé en 1920 à Angers, laissait
peut-être sa troisième épouse dans une situation difficile(3).
Ce qui expliquerait son hébergement chez sa belle-fille et le mari de celle-ci.
J'ai beau interroger mes souvenirs, il ne me semble pas que mon père m'en ait
jamais parlé. Il l'a pourtant côtoyée pendant plusieurs années, alors qu'il
était déjà adolescent… Cette Marie Surry donc, veuve Letourneau, retourna à
Angers à la fin de sa vie : elle y décéda à son domicile, rue Ambroise
Paré, le 26 février 1932. L'information figurait déjà dans ma base de
données.
Quoi qu'il en soit, je ne puis que vous inciter à consulter
toutes les sources à votre disposition pour enrichir vos connaissances sur
votre histoire familiale. Des surprises vous
y attendent peut-être…
(2) Fabricants de bijoux en plaqué or, les bijoux FIX. Siège social 22, rue
Saint-Gilles, dans le 3e arrondissement de Paris, non loin de la
place des Vosges.
(3) Il me faudrait, pour en avoir le cœur net, consulter les tables de successions
aux Archives du Maine-et-Loire.
Oui, des surprises nous attendent dans ces recensements assez récents. J'ai ainsi découvert que la soeur de ma belle mère habitait encore avec sa mère et sa soeur en 1936, elle avait alors 25 ans, alors que ma belle mère avait toujours dit qu'elle était partie le jour de sa majorité - soit 21 ans à l'époque.
RépondreSupprimerRecouper toutes les sources disponibles permet de mieux comprendre certains événements.
J'ai eu l'occasion, il y a déjà de nombreuses années de trouver un de mes ancêtres : Jean MARTIN, et sa femme née BRARD Marie, que je trouvais sous le nom de MARTIN partout, et sa mère et son lieu de naissance.
RépondreSupprimerIl est toujours prudent de vérifier les sonnées des recensements, mais, ça peut-être une mine d'or.