J'ai entamé la semaine dernière des recherches sur une
branche que j'avais quelque peu délaissée jusqu'à présent, mes ancêtres des
Landes. Landais ? Du moins le croyais-je. J'ai tiré un brin de fil et j'ai
dévidé toute une pelote !
Le point de départ
Tout commence avec Marie Ollé : "née le quinze nivôse sixième année
républicaine à Dax suivant l'extrait de naissance à nous remis, fille mineure
de Jean Ollé marchand et de Marie Menou", nous dit l'acte de mariage
rédigé par le maire d'Aucun (Hautes-Pyrénées). Le 31 décembre 1807, elle
épouse Jean Louis Fourcade dans ce village situé au pied du col du Soulor. L'un
des mes ancêtres à la sixième génération (Sosa 56). Il a vingt-quatre ans
et il est cultivateur dans un modeste village de montagne, elle a dix-neuf ans
et vient d'une ville située à plus de cent cinquante kilomètres de là ; comment
se sont-ils rencontrés ? Mystère !
Maisons anciennes à Aucun, collection personnelle |
Les recherches dans
l'état civil de Dax
Munie d'une date de naissance et d'un lieu précis, je n'ai
pas trop de peine à reconstituer la famille de Marie Ollé, à un détail
près : l'identité de la mère…
Je trouve en effet le mariage de Jean Peyou, marchand
colporteur, et de Magdelaine Dumont, le 17 mai 1795 à Dax. Peyou ou
Ollé ? Rien à voir, me direz-vous. Détrompez-vous, une mention en marge l'acte
de naissance de leur premier enfant, Jean Pierre, né le 19 mai 1796 (je
vous fais grâce du calendrier républicain), indique clairement que Jean Ollé,
qui signe ainsi tous les actes de naissance de ses enfants, et Jean "dit de Peyou" ne sont bien qu'une
seule et même personne. Et que Magdelaine Dumont est "dite Couroulo". Certes, mais non pas Marie Menou… allons, bon.
Mon ancêtre Marie Ollé a vu le jour une vingtaine de mois
plus tard, le 4 janvier 1798, le fameux 15 nivôse an VI dont il était
question plus haut. Son père est bien Jean Ollé, seule l'identité de sa mère, Marie
Menou ou Magdelaine Dumont, pose problème.
Viennent ensuite une autre Marie en avril 1799, une petite
Jeanne en mai 1800, un certain Laurent en mars 1803 et une dernière petite
Marie en avril 1806, qui ne vivra que cinq jours. Tous ces enfants sont issus
du couple formé par Jean Ollé (même si l'orthographe du patronyme diffère
suivant la fantaisie des agents municipaux) et Magdelaine Couroulo. Cette
dernière décède le 20 avril 1806, trois jours après la naissance de sa
dernière fille.
J'aurais tendance à penser, sans en être tout à fait sûre,
que Marie Menou et Magdelaine Dumont dite Couroulo pourraient bien être une
seule et même personne : dans l'acte de mariage, l'un des témoins
s'appelait Jean Menou et il était identifié comme étant un oncle de Magdelaine
Dumont. Alors, confusion de l'officier de l'état civil en cette période
troublée de la Révolution ? Pourquoi pas ? Affaire en suspens, pour
l'instant, car Magdelaine Dumont semble originaire de Bagnères-de-Bigorre, toujours
dans les Hautes-Pyrénées.
Jean Peyou ou Ollé, devenu veuf, se remarie le 21 janvier
1808 avec une certaine Marie Cazeils, également veuve, originaire de
Montfort-en-Chalosse, âgée de quarante-six ans, tout comme lui. Ils n'auront
apparemment pas d'enfant ensemble, mais la fille de l'un épousera le fils de
l'autre ! Ils vivront tous deux fort longtemps : Jean jusqu'à l'âge
de quatre-vingt-deux ans et son épouse Marie jusqu'à quatre-vingt-onze ans
révolus. La cuisine du sud-ouest est réputée pour favoriser la longévité,
dit-on…
Les recherches dans
les registres paroissiaux d'Urdès
Ce second acte de mariage est intéressant, dans la mesure où
il prodigue moult détails sur l'origine de Jean Peyou ou Ollé et sur l'identité
de ses parents. Nous voilà donc partis vers Urdès, village de moins de trois
cents habitants, aujourd'hui comme au temps de la Révolution. Nous sommes dans
le Béarn, entre Artix et Arthez-de-Béarn, à une trentaine de kilomètres au
nord-ouest de Pau.
Les parents de Jean Ollé s'y sont mariés en 1756 :
"L'an 1756 et le dix et huit février
receurent la bénédiction
nuptiale Jean Pierre d'Ollé parroisse de Montmorain
diocèze de Commenges, et Jeanne de Cap ditte de Fardet
native et habitante du lieu d'Urdez…"
nuptiale Jean Pierre d'Ollé parroisse de Montmorain
diocèze de Commenges, et Jeanne de Cap ditte de Fardet
native et habitante du lieu d'Urdez…"
Ne vous méprenez pas sur l'usage de la particule, elle
indique simplement l'appartenance à une maison, notion capitale dans toute la
région pyrénéenne. J'y reviendrai après.
J'ai identifié quatre enfants issus du couple : Bernard
en février 1757, Jeanne en mai 1759, notre fameux Jean déjà évoqué plus haut,
né le 31 décembre 1761 et baptisé le 1er janvier 1762
(ici, clin d'œil appuyé à un de mes cousins, qui se reconnaîtra) et enfin une
autre Jeanne onze ans plus tard, le 31 décembre 1772, ultime accouchement qui
sera fatal à la mère, décédée deux jours après.
L'acte de décès du père nous éclaire un peu plus sur ces
patronymes qui semblent varier comme girouette au gré du vent. Lorsqu'il rend
son dernier souffle le 14 juillet 1803 (25 messidor an XI),
l'acte indique :
"Jean Pierre Ollé dit Peyou proffession de
cordier, décédé le jour d'avant hier vingt et cinq du courant
vers les onze heures du soir, agé de huitante ans né en la commune
de Montmorin maison de Ollé, département de Haute Garonne
demeurant maison de Ollé dit Peyou de la commune d'Urdès,
arrondissement d'Arthès…"
cordier, décédé le jour d'avant hier vingt et cinq du courant
vers les onze heures du soir, agé de huitante ans né en la commune
de Montmorin maison de Ollé, département de Haute Garonne
demeurant maison de Ollé dit Peyou de la commune d'Urdès,
arrondissement d'Arthès…"
Je note au passage qu'il me faudra également exploiter les
archives de Haute-Garonne. Le village de Montmaurin, suivant l'orthographe
admise aujourd'hui, se situe à quelques lieues au nord-ouest de Saint-Gaudens.
Non loin de Cassagnabère-Tournas, dont est originaire la branche Adema de ma
famille, et non loin d'Aulon, dont est originaire la branche Artigues.
Malheureusement, pas de registre en ligne avant 1773 pour la paroisse de
Montmaurin, alors que Jean Pierre Ollé dit Peyou a vu le jour vers 1723 !
D'après l'onglet Migrations dans Heredis 2015 |
Partis des Hautes-Pyrénées vers les Landes et la Chalosse,
nous voici maintenant en Haute-Garonne, après un passage dans les
Pyrénées-Atlantiques, côté Béarn. Décidément, mes ancêtres aimaient arpenter
les chemins, tout au long de la chaîne pyrénéenne chère à ma grand-mère maternelle.
Les "maisons"
pyrénéennes
Mais attardons-nous un instant sur cette notion de "maison" évoquée plus haut. Il y a
plus de trois ans, j'avais eu l'heureuse idée de télécharger le texte d'une
conférence donnée le 2 octobre 2004 à Toulouse par Michel Sauvée, dans le
cadre des journées nationales de généalogie de l'Entraide généalogique du Midi
toulousain. J'y relève cette phrase introductive :
"Si dans le reste
de la France, les hommes donnent un nom à leur maison, dans la société
pyrénéenne, c'est la maison qui impose son nom aux hommes."
J'y apprends que, selon une coutume en vigueur dans les
régions du Comminges, des Quatre Vallées, de la Bigorre, du Béarn et du Pays
basque, la maison en tant que patrimoine familial, avec les biens fonciers qui
y étaient attachés, était dévolue à un seul enfant du couple, en principe
l'aîné, garçon ou fille. J'ai d'ailleurs constaté, à ma grande surprise, que cette
pratique subsiste encore aujourd'hui, ce qui complique quelque peu les
successions et suscite parfois des querelles familiales entre partisans de
l'ancien usage et tenants de l'actuel
code civil.
Le nom de la maison, unique au sein du village, ne changeait
pas. Il était ajouté au patronyme de tous ceux qui y demeuraient : parents
détenteurs du patrimoine, couple qui leur succédait (y compris, selon les cas,
le gendre ou la bru), enfants du couple, ainsi que les oncles, tantes, frères
et sœurs célibataires tant qu'ils y demeuraient. Ce qui apparaît clairement à
la lecture des registres ; il suffit de feuilleter quelques pages dans les
registres d'Urdès, par exemple, pour relever les appellations suivantes :
Dabadie dit Peyré, Toulouzaa dit Rey, Capdevielle dit Hausot, Loustalot dit
Caplaing, et ainsi de suite.
Vous imaginez la difficulté pour le généalogiste
amateur ? Il y a largement de quoi perdre le fil d'une génération à
l'autre… ou encourager des vocations de détective.
j'ai donc découvert le sens particulier des "maisons pyrénéennes"
RépondreSupprimerdur à gérer !!!
Fanny-Nésida
Oui, plutôt compliqué, avec des variantes d'une génération à l'autre… pour l'instant, j'ai un peu de mal.
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