La pratique généalogique conduit notamment à rechercher dans
les registres paroissiaux les actes qui ont jalonné la vie de nos
ancêtres : baptême, mariage(s), sépulture.
Je vais vous entretenir aujourd'hui de celui qui met un point
final à leur histoire ici-bas, l'acte de sépulture. Je suis incapable de dire
combien j'en ai déchiffrés à ce jour, mais j'en ai environ 600 dans ma base de
données (je parle bien des sépultures, et non pas des actes de décès figurant
dans les registres d'état civil).
Intérieur église de Montaut, Pyrénées-Atlantiques Collection personnelle |
Le plus succinct, du moins pour les adultes, est
certainement celui-ci, relevé dans le registre de la paroisse vosgienne de
Bruyères au XVIIe siècle : "Adam doridan est mort le
28 septemb. 1678".
D'autres nous fournissent davantage d'informations sur
l'âge, la situation de famille, le métier du défunt, ainsi que sur les témoins
et sur leurs liens de parenté éventuels avec lui. Ils nous indiquent rarement
les causes du décès, mais nous précisent parfois si l'intéressé a eu le temps
de se confesser et de recevoir les derniers sacrements avant de rendre l'âme.
La formule est souvent la même : "L'an mil sept
cent quatre vingt cinq le quatre décembre le corps de Alexis Laubret décédé
d'hier … a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse par moi curé
soussigné…".
Je passe sur la subtile distinction entre "petit
cimetière" et "grand
cimetière", je l'ai souvent rencontrée
sans parvenir à déterminer si elle était liée à l'âge du défunt ou à sa
condition. Je note qu'en Anjou certains curés employaient le verbe "ensépulturer", à la place d'inhumer (de loin le plus
fréquent), d'enterrer ou d'ensevelir, alors qu'il semble avoir disparu des
dictionnaires contemporains. À rapprocher sans doute du terme "sépultuaire" (pour cimetière) rencontré dans une paroisse
de la Moselle.
Certains prêtres apportent des précisions sur l'emplacement
de la sépulture. Ainsi dans le Maine-et-Loire, à Montilliers en 1713 pour
Etienne Gourichon, "inhumé dans le grand cimetière vis à vis de
l'entrée de la chapelle de Nostre Dame"
ou dans la Manche, à Juvigny en 1706 pour Jean Bouillaud, dans le cimetière
"au bout de l'église vers soleil levant".
Jean Germon, marchand décédé dans les Deux-Sèvres, à
Moncoutant, en 1693, m'a permis d'enrichir mon vocabulaire. Son corps a été
inhumé "sous le balet de l'église" !
Rien à voir avec les sorcières (oui, je sais, il faudrait écrire balai), le
terme est employé dans le Poitou et dans la Vienne pour désigner la galerie
couverte par un toit en saillie, devant l'entrée de certaines églises.
Et puis il y a ceux qui sont inhumés à l'intérieur même de
l'église. En premier lieu les prêtres, bien sûr, comme René Charles Le Pegot et
René Michel Libor, curés du Touchet, que j'ai évoqués dans un précédent billet(1). Mais pas seulement.
J'ai ainsi quelques ancêtres du Maine-et-Loire et des
Deux-Sèvres qui furent inhumés en leur temps dans l'église de Concourson, dans
celle de Saint-Clément-de-la-Place ou dans celle de Moncoutant. Aucune chance
de trouver trace de leur tombeau, ces paroisses furent au cœur de la tourmente
révolutionnaire et les édifices religieux ont été soit entièrement reconstruits
au XIXe siècle, soit tellement restaurés qu'il ne subsiste plus
trace de la période antérieure.
J'aurais peut-être plus de chance dans les Pyrénées-Atlantiques,
mais je ne m'étais pas encore penchée sur la question, lorsque j'ai visité
l'église de Montaut. Cette dernière date en partie du XVIe siècle.
Peut-être suis-je passée sans le savoir près de l'endroit où furent inhumés
deux enfants Arramonde, en 1760 et 1767, et leur grand-mère Marie Paillassat en
1771 ?
J'ai gardé pour la fin cette mention dans les registres de
Bécon-les-Granits (Maine-et-Loire), où vécurent certains de mes ancêtres
angevins. Elle concerne le vicaire de la paroisse(2) :
"Le dix neuf May
mil six cent quatre ving neuf a esté ensepulturé dans
L'Eglise de Bescon proche le banc de la Rouletterie par nous prestre curé de
St Clement de la place soubsigné en presence de Maistre René Benoist prestre
Curé du dict Bescon le corps de venerable et discret maistre Damien de la Barre
prestre de la dicte Eglise de Bescon agé de soixante et huict ans huict mois
ou environ ont esté presents tous les soubsignés"
L'Eglise de Bescon proche le banc de la Rouletterie par nous prestre curé de
St Clement de la place soubsigné en presence de Maistre René Benoist prestre
Curé du dict Bescon le corps de venerable et discret maistre Damien de la Barre
prestre de la dicte Eglise de Bescon agé de soixante et huict ans huict mois
ou environ ont esté presents tous les soubsignés"
Après un moment de perplexité, j'ai eu l'idée de regarder
dans La France à la loupe(3) : la
Rouletterie figure parmi les toponymes de la commune. Il s'agit d'un hameau ou
d'un groupe d'habitations. Les paroissiens avaient-ils leur place réservée pour
la messe et les fêtes carillonnées ? Probablement. Jean-Louis Beaucarnot(4) nous explique d'ailleurs dans un de ses
livres que la location des bancs était une source de revenus pour l'église.
(1) En mars
2013, billet intitulé Donation à la paroisse de Touchet
(2) AD
Maine-et-Loire, Bécon-les-Granits, collection communale BMS 1683-1713 vue
91/479
(3) Logiciel
édité par BSD Concept, qui permet de localiser communes et toponymes sur la
carte de France.
(4) Jean-Louis
Beaucarnot, Comment vivaient nos ancêtres ? Editions J'ai lu, p.12 à 15
La différence entre petit cimetière et grand cimetière, moi aussi je me suis souvent demandé à quoi cela correspondait. Quant au balet, la poitevine que je prétends être ne savait pas de quoi il s'agissait ...
RépondreSupprimerMerci pour ce billet enrichissant
Brigitte
Jour de pluie, jour de généalogie ?
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