lundi 13 mai 2013

Au voleur !


J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer ces mentions insolites, rencontrées au détour d'une page, dans les registres paroissiaux.

Aujourd'hui, je vous emmène à la Pouëze, dans l'actuel département du Maine-et-Loire. C'est un bourg situé à 25 kilomètres au nord-ouest d'Angers, qui comptait 142 feux vers 1720 et 165 feux au moment de la Révolution. Terre de prés, de vignes, de vergers, de bois et de landes, selon le Dictionnaire historique de Célestin Port.

Source AD Maine-et-Loire, La Pouëze

Le curé, Jean Veillon, a écrit ceci à la suite des vingt-huit baptêmes, cinq mariages et vingt sépultures inscrits dans son registre(1), l'année où Louis XVI devint roi de France :

"Cette année 1774 la nuit du 5 au 6
juin l'eglise de la pouese a été vollée.
c'est a dire le galon d'or et d'argent d'un
devant d'autel, de trois chasubles et d'une
chappe de toutes couleurs, avec le tronc de la
sacristie et un miroir doré : cette perte a été
estimée environ 300# la réparation de ce
vol en galons faux a été de quarante huit livres
dix sols. on a fait pour cela une quete dont le
produit a été de trente une livre seise sols.
Le procureur de la fabrique a fourni au reste.
dame Louise Marguerite Modeste de collasseau
damoiselle veuve et douairiere de messire
Pierre de terves chevallier seigneur de l'anjouaire
et d'Armaillé a fait present a l'eglise de la
Pouese d'un très beau galon d'argent fin pour
le devant d'autel. c'est dommage qu'il se soit trouvé
trop court."

La dernière phrase me ravit : humour involontaire ou petit coup de patte envers la vieille dame qui aurait quand même pu faire preuve de plus de générosité ?

Un nom a attiré mon attention, celui de son époux Pierre de Terves. Il me semble qu'il figurait déjà dans ma base de données. Effectivement, il était présent au mariage de mon ancêtre René Brossard, métayer dont il était le maître, avec Jeanne Citoleux, le 10 novembre 1727. Il fut également le parrain de leur troisième enfant (mais premier fils), René Pierre Brossard, baptisé en décembre 1732.

Pierre de Terves, décédé en décembre 1765, fut enterré dans une chapelle "collaterale au chœur" de l'église de la Pouëze(2), avec toutes les solennités d'usage (l'acte de sépulture occupe les deux tiers d'une page du registre). Son épouse, Louise de Collasseau, lui survécut presque vingt ans et décéda en mars 1785. Elle fut inhumée dans la chapelle Sainte-Anne(3), en présence de son fils aîné, de son gendre et de nombreux parents et amis qui signèrent le registre paroissial.

Il semblerait que l'église ait souffert durant les troubles de la Révolution et qu'un nouvel édifice ait été construit à l'emplacement de l'ancien au XIXe siècle. Peu de chances donc, de trouver trace de ces sépultures.

L'histoire ne dit pas non plus si le voleur fut identifié, ni ce qu'il fit de son butin.


(1) AD Maine-et-Loire La Pouëze BMS 1768-An III vue 80/403
(2) AD Maine-et-Loire La Pouëze BMS 1751-1767 vue 186/206
(3) AD Maine-et-Loire La Pouëze BMS 1768-An III vue 227/403

2 commentaires:

  1. Déja à l'époque, on cambriolait pour chercher de l'or .... :) J'adore le fait qu'on ait remplacé les galons avec du faux, sauf le galon trop court ... la pauvre, donner un galon et se faire traiter de pingre 250 ans plus tard. La généalogie a des effets pervers :)

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  2. je ne sais pas si ce curé se doutait qu'il nous ferait sourire 250 ans plus tard en tout cas ! bravo pour la trouvaille.

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