Le texte figure dans le registre paroissial de Salbris pour
l'année 1779, entre l'acte de sépulture d'un "ancien sergent du régiment de Chartres pensionné du roi" et le
baptême sous condition d'une petite Catherine "ayant eu lieu de douter de l'ondoyement fait à la maison à cause du
danger de mort".
AD Loir-et-Cher 4E232/76 vue 6/22 |
"L'an mil sept cent soixante dix neuf le dix
neuf du mois de février
Thérèse Boutet femme de Michel Blaise Clausse cardeur en cette paroisse
a été recuë pour exercer l'office de sage femme et a fait serment entre
mes mains suivant la forme prescritte dans le rituel en foi de quoi j'ai signé
le présent acte les mêmes jour et an que dessus. Saulé curé de Salbris."
Thérèse Boutet femme de Michel Blaise Clausse cardeur en cette paroisse
a été recuë pour exercer l'office de sage femme et a fait serment entre
mes mains suivant la forme prescritte dans le rituel en foi de quoi j'ai signé
le présent acte les mêmes jour et an que dessus. Saulé curé de Salbris."
Le dictionnaire de l'Ancien Régime nous rappelle que la
femme en couches est généralement assistée par une matrone, sans connaissances
médicales particulières mais agréée par le curé : elle doit être capable
de prononcer les mots du baptême sur la tête de l'enfant en cas d'urgence
extrême, pour lui éviter l'éternelle errance dans les limbes et lui ouvrir ainsi
les portes du paradis.
L'article indique également que l'accouchement était un
événement périlleux puisque, dans environ 1% des cas, il entraînait la mort de
la mère. Bassin rétréci par le rachitisme, épuisement, hémorragie foudroyante,
fièvre puerpérale : les causes de mortalité ne manquaient pas et la
sage-femme était démunie, dès lors que l'accouchement ne se déroulait pas de
façon naturelle.
Sans doute trompée par le terme de matrone, j'imaginais que
c'était toujours une femme d'âge mûr qui officiait. J'ai donc cherché à en
savoir davantage sur cette Thérèse Boutet, en faisant appel aux ressources de
Geneanet (pour une fois, fort succinctes) et à celles de Bigenet (alimentées
par les relevés des associations généalogiques et payantes à l'unité).
Thérèse Boutet est née le 23 septembre 1752 à Salbris et fut
baptisée le lendemain dans l'église paroissiale. Elle a donc vingt-et-un ans
lorsqu'elle épouse Michel Blaise Clausse à Pierrefitte-sur-Sauldre, en octobre
1773, et seulement vingt-six ans lorsqu'elle est agréée comme sage-femme par le
curé de Salbris.
Entretemps, elle a donné le jour à une fille, prénommée elle
aussi Thérèse, le premier août 1776.
Retour à ma base de données. Je m'aperçois que Thérèse
Boutet et son époux Michel Blaise Clausse y figurent déjà. Lui est parrain
d'une certaine Angélique Bernard en 1788. Elle est présente à la sépulture de
Marguerite Veau, en janvier 1790 ; elle y est même désignée comme une
cousine de la défunte. Et c'est elle qui, en l'absence de Pierre Laubret père
de l'enfant, déclare la naissance du petit Pierre en février 1793. J'avais
juste mal déchiffré son patronyme sur le registre de l'état civil.
Bref, ma curiosité m'a permis de rectifier une erreur et de
supprimer deux doublons dans mon fichier Heredis.
Je n'ai pas d'autre preuve de sa présence, mais il est tout
à fait vraisemblable qu'elle ait assisté plusieurs de mes ancêtres dans leurs
multiples accouchements, plus d'une vingtaine, survenus à Salbris dans les
années 1780 et 1790…
Salbris et Pierrefitte terres de mes aïeux. J'ai croisé des aïeules matrones dans la Meuse mais pas en Sologne ni même de mention. J'avais fait un article à ce sujet et je n'ai pas réussi à mettre la main sur des documents écrits autres que les registres paroissiaux décrivant l'élection et la démission. Merci pour le partage. Bonne semaine à toi
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