En cette quinzaine des Internationaux de France de
Roland-Garros, où je délaisse quelque peu les recherches généalogiques, parlons
donc tennis. Et quoi de mieux qu'une carte postale pour raviver les
souvenirs ?
Collection personnelle |
Celle-ci concerne une modeste station balnéaire de la Côte
d'Albâtre, Pourville-sur-Mer, à quelques kilomètres de Dieppe et à l'embouchure
de la Scie, petit fleuve côtier du pays de Caux (moins de 50 km depuis la
source jusqu'à la mer).
C'est là que j'ai accumulé des souvenirs d'enfance, chaque
week-end, des Rameaux à la Toussaint, et chaque été jusqu'à la fin de mon
adolescence. Au point d'avoir choisi ses falaises comme photo de couverture sur
ma page Facebook ! Ce n'est pas
tout à fait la terre de mes ancêtres : si ma souche paternelle est
normande, ses racines s'enfoncent plutôt dans le bocage du côté de Mortain ou
de Saint-Hilaire-du-Harcouët, à l'extrême sud du département de la Manche, de
l'autre côté de la Seine ; autant dire un autre monde.
Peu importe ! C'est précisément sur ces courts que j'ai
tapé mes premières balles de tennis en… pfff, que c'est loin tout ça ! Je
vous parle d'un temps où les raquettes étaient en bois, les cordages en boyau
et les balles exclusivement recouvertes de feutre blanc. Homologuées par la
FFLT, c'est-à-dire la Fédération française de lawn-tennis, devenue aujourd'hui plus
sobrement la FFT. Et personne n'imaginait faire un revers autrement qu'à une
main.
Mais revenons à cette carte postale. La photo, prise dans
les années cinquante, nous montre la pelouse un peu mitée du Club Suzanne
Lenglen, les allées de gravillons qui crissaient sous les pas et les courts de
terre battue. Les vestes et les blazers sont là pour protéger de la fraîcheur
ambiante. Je remarque qu'à l'époque seuls trois courts avaient été réhabilités
sur les cinq mis à disposition quelques années plus tard. Les deux derniers
viendront occuper l'espace au premier plan.
Le club était situé en contrebas de la route qui longe les
villas alignées sur le coteau, avant de se séparer en deux tronçons, l'un qui
grimpe vers Varengeville et l'autre qui file vers le fond de la vallée. Pour
vous faire une idée, voici une autre carte postale, plus ancienne car
antérieure à la guerre de 1914-1918, avant l'aménagement des terrains de tennis.
Collection personnelle |
Il fallait donc descendre les marches d'un escalier de
ciment (je revois encore la pancarte "tenue blanche obligatoire"),
pour accéder à la tribune couverte, dont on devine la structure sur le bord
droit de la première photo. Abri bienvenu en cas d'averses, plutôt fréquentes
dans cette région. Lieu géométrique où se côtoyaient en s'ignorant les Rouennais,
venus quasiment en voisins, les gens du Nord (pourquoi n'étaient-ils pas au
Touquet ?) et les Parisiens, ces derniers généralement issus des quartiers
les plus snobs de l'ouest de la capitale. Disons que les enfants n'avaient cure
de ces subtilités de clans et formaient une seule bande qui se reconstituait
chaque été, au gré des baignades, des virées sur les falaises et des
surprise-parties.
Mais foin de ces digressions. Au fond, la ferme de madame
Savourey. J'allais y quérir le lait crémeux, sous l'œil goguenard des employés
qui échangeaient entre eux des propos dans un patois qui m'échappait, même si
je n'étais pas dupe : ils se payaient ma tête. Pensez donc, une
Parisienne, que connaissait-elle du monde rural ? Je ne résiste d'ailleurs
pas au plaisir de vous montrer cette autre carte postale, histoire de raviver
les sentiments mitigés que j'avais lorsqu'il fallait aller récupérer les balles
perdues dans la prairie, au milieu du troupeau.
Collection personnelle |
Pourtant, le jour où le photographe a réalisé le cliché des
tennis, aucune vache dans les prés alentour. L'heure de la traite,
peut-être ? C'était assurément l'été, la fenaison avait été faite et le fourrage
était assemblé en meules, selon une forme qui a totalement disparu du paysage. Je
me souviens aussi du père Violette, sans doute le dernier à se rendre au
marché dans une voiture à cheval. Sa
ferme jouxtait celle des Savourey.
Un seul regret, il manque à cette série un cliché qui
représenterait les tennis durant l'entre-deux-guerres, s'il existe. Je n'en ai
jamais trouvé à l'époque où je traquais assidûment les cartes postales de la
région.
Alors, quel rapport avec la généalogie, me direz-vous ?
En fait, cela relève plutôt de l'histoire familiale : une anecdote illustrée,
destinée à ceux qui me succéderont, comme j'aurais aimé en trouver venant de
ceux qui m'ont précédée…
Une très jolie page de l'histoire familiale.
RépondreSupprimerBonne idée que cette jolie description des lieux de ton enfance. Tes petits-enfants apprécieront sans doute...
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerEt merci pour ce souvenir qui ranime pour moi un souvenir semblable : le terrain de tennis, non pas en gazon comme dans le nord mais en terre battue comme dans les pays plus secs, de mes grands-parents dans les Alpes du sud.
Bien cordialement
passant des vacances à St Valery en Caux à quelques kilomètres de Pourville, il y avait aussi un club de tennis très photogénique, ma belle-famille en faisait partie; faisant partie d'une petite société d'histoire locale, je pourrais mettre votre question sur le tapis?
RépondreSupprimerAprès de longues vacances d'été, j'ouvre seulement aujourd'hui 31 août la page des commentaires en attente ! J'espère que vous me pardonnerez…
RépondreSupprimer