lundi 8 février 2016

Le carnet Maitreau

Il ne paie pas de mine avec sa couverture toilée beige salie par le temps, son dos renforcé de mauvais papier brun et son étiquette rongée par l'usure. C'est pourtant grâce à lui que j'ai pu entamer mes recherches du côté Maitreau.

Collection personnelle

Une trentaine de pages, guère plus, principalement de la main de mon arrière-grand-père Achille Maitreau, et je n'en ai pas encore épuisé toutes les ressources.

Les premiers feuillets sont consacrés à des données généalogiques : mariage d'Achille Maitreau et d'Eugénie Morel à Pau en 1868, option pour la France d'Eugénie Morel, née à Strasbourg, et de sa mère, née à Metz, naissance des deux enfants du couple,  Maurice André (mon grand-père maternel) en 1869 et Jeanne Marie Clarisse en 1871, mariage des enfants… le tout avec quelques informations complémentaires, comme la mention d'un contrat de mariage, le montant de la dot ou la date des vaccinations !

J'ai ainsi pu demander copie des actes correspondants ou y accéder directement lorsque les archives numérisées ont été disponibles en ligne.

Mais Achille Maitreau, quoique militaire de carrière, n'en était pas moins homme d'argent. Avec une obsession une fois à la retraite : ne pas favoriser Maurice au détriment de sa sœur Marie. D'où l'inventaire plusieurs fois répété de ses biens et de ceux, plus modestes, de son épouse.

C'est ainsi que sont mentionnées par exemple des actions dans les chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée ou dans le chemin de fer de Bône à Guelma, des obligations du Crédit foncier de France, du Crédit foncier égyptien ou du Canal de Panama ! Détaillés également l'avoir d'Eugénie Morel au jour du mariage,  l'héritage recueilli après le décès de la belle-mère ou celui d'une tante restée dans le Maine-et-Loire…

Ici ou là une mention qui fait sourire :
"Jardin situé chemin Labourdette à 2 minutes du tramway de la route de Bordeaux.
Demander si on veut vendre 10 francs du mètre.
Abaisser successivement jusqu'à 8 francs, ce dernier m'ayant été offert (sachez attendre)."

J'imagine que ce précieux document a été remis à Marie Maitreau, après la mort de son père en décembre 1914. Le titre en est suffisamment explicite : "Carnet de la famille Maitreau-Morel destiné à notre fille Marie". Cette dernière a d'ailleurs inscrit à plusieurs reprises des annotations sous certaines rubriques. Les dernières d'une écriture tremblée de vieille dame. Peut-être à l'époque où je l'ai rencontrée lorsque, deux fois veuve et déjà fort âgée, elle vivait auprès de sa fille et de son gendre, dans une villa paloise entourée d'un grand jardin.

Mais revenons aux annotations. Celle-ci notamment me fait rêver : "Darac (sic) rouge voiture automobile achetée à Henri Lacabanne par moi Marie Bergerot en 1905."

Le frère aîné de Marie, mon grand-père Maurice Maitreau, était un grand ami d'Henri Lacabanne et je pense qu'il n'a pas été complètement étranger à la transaction. Il n'empêche, j'aurais bien aimé avoir une photo de la Darracq en question !

Comment ce carnet est-il parvenu jusqu'à moi ? Marie s'est mariée deux fois, la première avec un certain Bergerot, capitaine d'infanterie (encore un militaire), décédé en 1901 à l'âge de quarante ans, la seconde avec Joseph Bordenave, qui l'emmena un temps en Algérie.


L'enfant né du premier mariage est décédé à huit ans. Andrée, fille née du second mariage et cousine germaine de ma mère, s'est certes mariée, mais n'a jamais eu d'enfant : j'ai tendance à penser qu'elle a remis à ma mère un grand nombre de documents et de photographies de la famille Maitreau, lorsque mes parents sont retournés dans les Pyrénées passer les dernières années de leur existence. Je lui en suis encore reconnaissante aujourd'hui !

3 commentaires:

  1. Les papiers de famille, quand on en possède comme celui-là, sont de véritables trésors. Est-ce que nos ancêtres avaient conscience de nous faire un tel cadeau ?

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  2. Un bien beau carnet de famille ! Tu as bien de la chance Dominique de posséder une telle merveille. Merci de nous la faire partager !

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  3. Précieux carnet

    Fanny-Nésida

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