vendredi 13 juin 2014

L comme Lacabanne

Je voudrais vous parler aujourd'hui de l'entourage de mes grands-parents maternels. J'ai en tête quelques noms qui émaillaient les conversations familiales de mon enfance (Lacabanne, Lacoste, Perrineau…), mais est-il possible d'en savoir davantage après tant d'années ?

Prenons Henri Lacabanne, par exemple. C'était, à n'en pas douter, un ami de mon grand-père Maurice Maitreau. Son nom figure au dos de deux photos de groupe prises lorsque les jeunes gens étaient encore célibataires et qu'ils menaient manifestement joyeuse vie ; mais si je reconnais Maurice sans trop de peine, j'étais jusqu'à présent incapable d'identifier son ami Henri.

Je savais également que lorsque Henri Lacabanne se maria, son épouse se lia tout naturellement d'amitié avec Julia. Ma grand-mère l'évoquait souvent et je me demande même si je ne l'ai pas croisée une fois ou deux. Mais je ne la connaissais que sous le nom de "Madame Lacabanne". Alors, comment faire ?

Une première recherche dans Geneanet n'avait rien donné, une autre dans les fiches matricules récemment mises en ligne par les Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, pas davantage. Et pourquoi pas Google ? à tout hasard, sans trop y croire, je tapai "Henri Lacabanne". Et là, bingo ! Le Dictionnaire et album des Basses-Pyrénées, publié vers 1906 et répertorié sur le site des Médiathèques de l'agglomération Pau-Pyrénées(1), contenait ces quatre lignes :

"Lacabanne (Henri) né à Pau le 25 août 1872
Ingénieur des constructions civiles
Ingénieur de la construction du réseau de tramways des Basses-Pyrénées
Villa Marcelle, avenue Dufau, Pau"

La courte notice biographique contenait non seulement de précieuses informations, une date et un lieu de naissance, une profession, et même une adresse, mais elle était en outre accompagnée d'un portrait ! Ce qui me permit de faire le lien avec quelques photos en ma possession.

Etape suivante, le site des Archives de Pau, pour y consulter l'acte de naissance(2). L'enfant né le 25 août 1872 à trois heures du matin était bien le fils d'un certain Victor Lacabanne, boulanger de son état, mais il était prénommé… Jean Marie Louis. Pas la moindre trace d'Henri. Bon, je ne sais si c'est une coutume simplement paloise ou plus largement béarnaise, mais j'ai déjà rencontré des Jean Baptiste Raphaël Théodore que tout le monde appelait "Théo", alors pourquoi pas Henri ?

L'acte de naissance était en outre assorti d'une mention marginale (merci monsieur le législateur) : le Lacabanne en question s'était marié à Pau le 30 mai 1901 avec Marie Eulalie Jeanne Gabard. Un nom qui me disait vaguement quelque chose…

Henri Lacabanne et son épouse
Archives personnelles

À partir de là, tout se débloqua. Un retour sur les fiches matricules me permit d'en apprendre davantage. Henri, ou plutôt Jean Marie Louis Lacabanne était élève de l'École des Ponts et Chaussées au moment du conseil de révision, en 1892. Il fit son service militaire au 18e Régiment d'infanterie de novembre 1893 à septembre 1894, puis plusieurs périodes d'exercice en tant qu'officier de réserve durant les années qui suivirent.

Il habita successivement Pau, Dax et Oloron, puis revint à Pau avant le début de la Première Guerre mondiale. Promu au grade de capitaine, il fut grièvement blessé et mourut le 4 juin 1916 à Dugny, dans la Meuse. Une citation à l'ordre de l'armée lui rend cet hommage posthume :"Ayant repris sur sa demande du service pour la guerre, a dirigé personnellement les travaux de sa compagnie, pendant plusieurs nuits successives dans une zone violemment bombardée et bien que déjà contusionné. Est mort, ayant été enseveli, des suites de lésions…"(3)

Une nouvelle incursion sur le site de Geneanet m'a permis de compléter et d'ajuster les différentes pièces du puzzle. Le couple a eu trois enfants. Les deux filles, Germaine et Yvonne, se sont mariées respectivement en 1921 et 1929, la première avec un certain Paul Planté et la seconde avec un certain René Litre. Une cousine de ma mère, que j'avais eu la présence d'esprit d'interroger quand il en était encore temps, avait identifié les deux couples sur des photos qui m'intriguaient.

Mais revenons à Jeanne Gabard, l'épouse d'Henri Lacabanne et l'amie de Julia. Elle s'était donc retrouvée veuve à trente-quatre ans, son époux étant mort pour la France. J'ai découvert qu'elle avait à peine six mois de plus que ma grand-mère et qu'elle était décédée à Pau en 1963.

Aurai-je autant de chance avec les autres patronymes qui résonnent encore à mes oreilles ?



(2) Archives de Pau 1 E 244 vue 84/128
(3) Le papier collé sur la fiche matricule est tronqué.

3 commentaires:

  1. Je vous le souhaite, on est tant ravis lorsque l'on peut mettre un nom sur un visage... Bonne chance pour le reste de vos photos.

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  2. Merci de raviver souvenirs et émotions : je suis Colette Larroche (Litre), fille d'Yvonne et petite fille de Jeanne Lacabanne.
    J'habite toujours Neuilly où tu es déjà venue avec tes parents qui m'ont beaucoup accueillie rue des Eaux où je rencontrais ta grand-mère, Julia. J'aimerais avoir de tes nouvelles que ta cousine Geneviève me communique de temps en temps.

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    1. Bonjour Colette,
      Je me souviens très bien des soirées chez mes parents, je dois même avoir quelques photos.
      Merci de m'envoyer ton adresse mail à dominique.chadal@gmail.com, afin que je puisse te répondre de façon plus privée.

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