Penchons-nous aujourd'hui sur les lieux où ma grand-mère
passa son enfance, à la toute fin du XIXe siècle, avant de
rencontrer son futur mari : certains dont elle ne parlait jamais et
d'autres qui alimentaient nombre de ses conversations.
Julia vit donc le jour le 29 mai 1882 au n°17 de la rue
de la Préfecture(1) à
Pau. Comme avant elle sa sœur aînée Jeanne, née en décembre 1879, et son frère
aîné Paul, en avril 1881.
À cette époque, les officiers de l'état civil des Basses-Pyrénées
ne se contentaient pas d'indiquer le numéro de la rue en face du lieu de
naissance, ils notaient aussi le nom du propriétaire de la maison. Nous savons
donc que cet immeuble de rapport, construit à la fin du XVIIIe
siècle à l'angle de la rue Saint-Louis, appartenait alors à un certain monsieur
d'Abbadie.
Le couple formé par Théodore Fourcade, négociant chemisier,
et son épouse, Eugénie Caperet, s'installa ensuite au-dessus du magasin, à
l'angle de la rue des Arts(2) et de
la rue Nouvelle-Halle(3).
Nous sommes toujours en centre ville de Pau.
Chemiserie Fourcade à Pau, Archives personnelles |
La famille s'agrandissait au fil des ans : Joseph en
janvier 1884, Jean en octobre 1889 et Théo en juin 1894 virent le jour dans
cette maison que l'adjoint au maire appelle "Bataille Sévignac".
Ma grand-mère n'évoquait jamais les deux aînés, morts durant
son enfance (j'en ignorais même l'existence, avant de me lancer dans des
recherches généalogiques). Si cela peut se comprendre pour Jeanne, disparue
alors que Julia n'avait que trois ans, c'est plus surprenant pour Paul, emporté
en mars 1892, alors que Julia allait avoir dix ans. Je note néanmoins qu'elle
donna ce même prénom à son propre fils.
Ces décès expliquent sans doute pourquoi Julia, réputée de
santé fragile, fut toute sa vie l'objet d'une attention particulière. Avec
succès, semble-t-il, puisqu'elle donna le jour à cinq enfants ; traversa
sans encombre les privations de deux longues guerres ; enterra son
mari ; survécut à tous ses frères ; et resta veuve durant vingt-sept
ans, avant de lâcher prise à quatre-vingt-quatre ans révolus !
Mais nous n'en sommes pas là. Selon la tradition familiale,
ce serait sur recommandation de leur voisin et ami, le docteur Lacoste, que le
couple Fourcade aurait acquis la ferme "Labourie". Elle était située à Lons, route de Lescar. À quelle
date ? voilà un événement à valider en consultant les matrices
cadastrales.
C'est encore à une autre adresse qu'Henri, le plus jeune de
la fratrie, vit le jour : son acte de naissance indique la "maison Planté, chemin Méon".
Enfin vers 1900, Théodore Fourcade acheta une propriété non
loin de là, sur la route de Bordeaux(4).
Elle comprenait une villa principale et une autre maison d'habitation, un
bâtiment à usage d'écurie, des remises, une cour, un jardin potager, un jardin
d'agrément et une prairie. On racontait qu'elle avait appartenu au duc de
Cadaval, huitième du nom. Quoi qu'il en fut, un paradis pour les enfants.
Bagatelle Park allait
devenir la maison de famille des Fourcade. Celle qui marque définitivement les
esprits sur plusieurs générations. Lieu de séjour et de festivités, merveilleux
terrain de jeu pour une flopée de cousins et de cousines, théâtre des principaux
événements familiaux… mais aussi enjeu de querelles et source d'interminables
fâcheries, comme les héritiers en ont parfois le secret lorsque d'importantes
sommes d'argent sont en jeu. Les mauvaises langues diront que ce sont les
pièces rapportées qui sèment la zizanie et je crois en effet que mon
grand-père, le mari de Julia, fit partie de ceux-là. Cela pourrait faire
l'objet d'un autre billet (H comme héritage ?).
Bizarrement, je n'ai pas de photo de la maison proprement
dite, mais j'ai eu la chance d'y passer de belles journées d'été, avant qu'elle
ne soit livrée aux promoteurs immobiliers. Je me souviens encore des grandes
tablées qui réunissaient trois générations dans sa vaste salle-à-manger…
Bonsoir Dominique,
RépondreSupprimerVotre billet sur Pau n'a pas manqué de intéresser.
Je suppose que vous connaissez Pireneas et en particulier les ressources photographiques:http://patrimoine.pireneas.fr/architecture-et-urbanisme/rues-et-avenues.
Bon courage pour la suite du challenge.
Je viens de découvrir ce site grâce à vous. Merci.
SupprimerCela devait être quelque chose lors des repas où tout le monde était réuni ;-)
RépondreSupprimerEn fait, j'ai participé à peu de repas de famille, car j'étais la petite Parisienne et, à l'époque, c'était une expédition de descendre dans le sud-ouest… mais ceux auxquels j'ai participé ont laissé de grands souvenirs.
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