lundi 29 juillet 2013

Heurs et malheurs du Canal de Monsieur


Concourson est situé sur le Layon, une rivière longue de 90 Km qui prend sa source dans l'étang de Beaurepaire, tout au nord du département des Deux-Sèvres, et traverse une partie du Maine-et-Loire, avant de se jeter dans la Loire à la hauteur de Chalonnes.
 
Source Observatoire de l'eau de Maine-et-Loire

Son cours sinueux est d'abord orienté du sud-ouest vers le nord-est, avant de bifurquer vers le nord-ouest à partir des Verchers-sur-Layon. Son débit irrégulier, avec de fortes variations entre l'hiver, période des hautes eaux, et l'été, période des basses eaux, n'est guère propice à la navigation, et nos ancêtres avaient l'habitude de passer d'une rive à l'autre grâce aux gués qui jalonnaient son parcours.

Il existait bien quelques ponts. L'un d'eux, construit à la hauteur de Concourson, fit l'objet d'une bénédiction solennelle à l'automne 1773 :
 
Source AD Maine-et-Loire vue 231/442

"Le vingt septième jour d'octobre mil sept cent soixante-treize à la prière
du sieur françois pivert originaire du Diocèse d'Avranches province
de Normandie Curé actuel de Saint hilaire de Concourson et du sieur
Jean Loüis noël Lavené originaire du Diocèse de Roüen Capitale de la haute
Normandie, Entrepreneur des Ouvrages du Roy, après avoir imploré les
lumières du Saint Esprit par une grand-messe de Spiritu Sancto, annoncée
le dimanche précédent au prône de la messe paroissiale, Nous messire françois
Bizar Curé de Saint Just des verchés au Diocèze de Potiers, accompagnés
de messire pierre René pauloin Curé de Saint Macaire au même Diocèse,
de messire Alexandre Renault vicaire de Saint Georges Châtelaizon Diocèse
d'Angers, de messire françois pivert Curé dudit Concourson, de messire
Charles Bâcher vicaire dudit lieu, du sieur Guibert sous diacre et de plusieurs
autres, nous nous sommes transportés processionnellement en chantant le veni creator
au lieu et place où il a plû à Sa majesté d'ordonner de faire bâtir un
nouveau pont sur la Rivière du Laion paroisse dudit Concourson grand
Route de Cholet aux Sables d'Olonnes, y avons donnés la bénédiction conformement
au Rituel de nôtre Diocèse et avons dressés le present acte pour servir et valloir
à la postérité comme la preuve la plus autentique de la Construction dudit
nouveau pont de Concourson. Fait et arrêté le present acte le dit jour et an
que dessus à Concourson un mot raié nul. Un mot en interligne approuvé
véritable.
"

Suivent les signatures des personnes citées, plus quelques autres, dont celle de l'épouse du sieur Lavené et celle d'Aubin Nau, syndic de la paroisse.

Mais la grande affaire fut l'aménagement du cours du Layon entre Saint-Georges-Châtelaison (aujourd'hui Saint-Georges-sur-Layon) et Chalonnes. Un arrêt du Conseil du Roi rédigé en avril 1774 autorise les "sieurs Puissan et consorts" à rendre la rivière navigable jusqu'à l'embouchure dans la Loire.

De quoi s'agit-il ? Les "sieurs Puissan et consorts" sont associés au sein d'une compagnie qui exploite les mines de charbon de Saint-Georges-Châtelaison. Ils se voient ainsi attribuer l'exclusivité de la navigation sur le Layon pendant quarante années, à charge pour eux d'effectuer tous les travaux nécessaires : élargissement de la rivière à 24 pieds minimum, creusement du lit à 3 pieds minimum, remplacement des gués par 14 ponts de pierre, installation de 24 portes écluses, aménagement de 18 chaussées de moulins…

La réaction des riverains ne se fit pas attendre. Le lit de la rivière pouvait être modifié, les propriétaires ne seraient dédommagés que si l'emprise sur leur terrain dépassait six pieds de large, des moulins risquaient d'être supprimés… Plusieurs suppliques furent adressées à Monseigneur l'Intendant de la Généralité de Tours. En vain ! Les travaux commencèrent le 22 septembre 1774 et, deux ans après, les premiers bateaux transportaient déjà du charbon et du vin jusqu'à Chalonnes.

Le 23 décembre 1776, le Canal de Monsieur fit l'objet d'une cérémonie solennelle : à nouveau messe "de Spiritu Sancto", procession avec croix et bannière, chant du Veni Creator, bénédiction du pavillon de Monsieur, frère du Roi, et des bateaux qui assurent le transport sur la rivière, le tout dans un grand déplacement de prêtres et de notables.

Mais pourquoi cette appellation "Canal de Monsieur" ? Précisons tout d'abord que Monsieur désigne le frère cadet du roi, en l'occurrence le comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII. Comment celui-ci fut-il embarqué dans l'affaire ?

Portrait du Comte de Provence vers 1778 par J. S. Duplessis
Source Wikipedia

Vous surprendrai-je si je vous dis que le devis initial des travaux de canalisation du Layon, de l'ordre de 250 000 livres, fut plus que largement dépassé ? Les estimations du coût réel varient selon les auteurs et les dépenses que l'on inclut dans le calcul, mais elles dépassent toutes allègrement le million de livres. Rien de nouveau sous le soleil. Certains associés, ne pouvant faire face à ces engagements, cédèrent leurs parts à Monsieur, frère du Roi, faisant valoir que le duché d'Anjou faisait partie de son apanage, et le sieur Puissan profita de l'appui de ce dernier pour obtenir la prolongation de la concession à soixante années, au lieu des quarante initialement prévues.

L'ouvrage, long de 42 Km depuis le port de Concourson jusqu'à celui de Chalonnes, prit le nom de Canal de Monsieur. Les travaux furent définitivement achevés en octobre 1779.

Je vous passe les détails sur les difficultés financières rencontrées par la compagnie au cours des années qui suivirent. Les campagnes de navigation, ralenties par le manque d'eau en été et par les glaces en hiver, s'étendaient d'octobre à juin. Elles étaient assurées par vingt-huit bateaux, qui transportaient principalement du charbon (de 200 000 à 450 000 boisseaux selon les années, d'après Célestin Port), ainsi que divers matériaux : bois, pierre coquillière de Doué, tuiles, ardoises.

Mais le transport du vin et des denrées continua à se faire principalement par la terre et les recettes du Canal de Monsieur ne tinrent jamais leurs promesses. La Révolution acheva de ruiner les espoirs de la compagnie. Lors des troubles qui opposèrent "Vendéens" et "Bleus" dans la région, les ponts et les écluses sur le canal furent détruits, les galeries des mines inondées et les machines mises au pillage.

En dépit de divers projets et études tout au long du XIXe siècle, le Canal de Monsieur ne fut jamais remis en état et la rivière reprit paisiblement son cours entre les côteaux du Layon.


Sources

AD Maine-et-Loire, registres BMS Concourson 1743-1792, vues 231/442 et 256/442

AD Maine-et-Loire, Dictionnaire historique de Maine-et-Loire de Célestin Port, édition originale et édition révisée

Gallica, Le Layon, le rôle économique de sa canalisation sous le nom de Canal de Monsieur, par A. Bouchard, secrétaire de la Société agricole et industrielle du Maine-et-Loire, 1885

Wikipedia, article sur le Layon (rivière)

mardi 23 juillet 2013

Du Puy-Notre-Dame à Concourson, en passant par les Verchers-sur-Layon


Continuons sur le thème du village de mes ancêtres. Je vous ai déjà parlé des familles Le Tellier et Richard Duchatellier. Aujourd'hui, je voudrais vous entretenir de la famille Maitreau.

Source Géoportail, carte IGN

Cette dernière n'est pas à proprement parler originaire de Concourson, même si elle y a fait souche et si ce patronyme, avec ses différentes variantes orthographiques, y apparaît régulièrement à partir de 1729. Au XVIIe siècle, mon ancêtre Pierre Mestreau était maréchal (on dirait aujourd'hui maréchal-ferrant) au Puy-Notre-Dame, à deux ou trois lieues au sud-est, en direction de Montreuil-Bellay. Je descends de lui à la neuvième génération.

Précisons au passage que le métier de maréchal revêtait une importance particulière autrefois, dans la mesure où la traction animale était alors prépondérante. On ferrait non seulement les chevaux et les mulets, mais également les bœufs de labour. Chaque village avait son maréchal, qui fabriquait également des pièces et des outils de métal et faisait aussi office de vétérinaire(1).

Ce Pierre Mestreau avait épousé (quand et où ?) une certaine Andrée Boutin, qui lui donna au moins cinq enfants entre novembre 1660 et  septembre 1673. Ils furent tous baptisés au Puy-Notre-Dame. Andrée Boutin fut inhumée en février 1692 dans le cimetière de la paroisse, alors qu'elle avait une soixantaine d'années. Pierre la suivit dans la tombe deux ans plus tard, en janvier 1694 ; il avait alors soixante-cinq ans, selon les dires du curé.

Leur fils Pierre, baptisé le 2 septembre 1673, a priori le dernier de la fratrie, épousa la jeune Perrine Flonneau, âgée de dix-sept ans, le 22 février 1700 en l'église de Saint-Pierre des Verchers. La localité s'appelle aujourd'hui les Verchers-sur-Layon. Au moment de son mariage, Pierre qui, comme son père, exerçait le métier de maréchal, demeurait dans un village relevant de la paroisse du Puy-Notre-Dame. Malheureusement, l'acte est difficile à déchiffrer, j'ai beau écarquiller les yeux, consulter les cartes de Cassini et le Dictionnaire historique du Maine-et-Loire de Célestin Port, rien n'y fait. Il faudra peut-être que je me décide à faire appel à un paléographe… ou que je participe à une nouvelle session avec Pierre-Valéry Archassal(2) !

Lors de son mariage, Perrine Flonneau, dont le père était également maréchal, demeurait dans le bourg de Saint-Pierre des Verchers. Le couple s'y installa durablement puisque sept de leurs huit enfants identifiés, six garçons et une fille, furent baptisés dans la même paroisse, de 1701 à 1723.

Mais où fut baptisé mon ancêtre direct Joseph ? Mystère. J'ai patiemment épluché les registres paroissiaux de Saint-Pierre des Verchers(3), des paroisses voisines de Saint-Just des Verchers et de la Lande des Verchers, ainsi que ceux de Concourson, peine perdue. Il serait né vers 1703 ou plus vraisemblablement entre 1705 et 1710, compte tenu des naissances des autres enfants du couple, sans que je parvienne à mettre la main sur son acte de baptême. Petite épine généalogique, diraient Sophie Boudarel et, avec elle, tous ceux qui ont buté un jour sur ce genre de difficulté.

Ce fut pourtant un personnage, ce Joseph Maitreau. Marié trois fois, père d'au moins onze enfants, il a traversé tout le XVIIIe siècle pour être porté en terre à l'âge présumé de quatre-vingt-huit ans en mai 1791, en présence de plusieurs de ses fils, petits-fils et gendres. Il exerça d'abord, lui aussi, le métier de maréchal avant de devenir marchand fermier. Il s'installa à Concourson lors de son premier mariage, en 1731, et y résida jusqu'à sa mort. Présent aux multiples événements, baptêmes, mariages, inhumations, de sa prolifique famille, mais sans jamais apposer sa signature en bas d'un acte, car il ne savait sans doute pas écrire.

Son frère Antoine s'était également marié à Concourson deux ans auparavant, en 1729. Leur père, Pierre, y fut inhumé en mars 1742. J'ai longtemps cherché l'acte de sépulture de ce dernier aux Verchers-sur-Layon et au Puy-Notre-Dame, avant de tomber dessus par hasard, en épluchant les registres paroissiaux de Concourson alors que je travaillais sur une autre branche de la famille.

Je constate qu'en trois générations, les Maitreau se sont déplacés du Puy-Notre-Dame à Concourson, en passant par les Verchers-sur-Layon (certes, cela ne représente qu'une douzaine de nos modernes kilomètres). Est-ce le métier de maréchal qui a facilité cette mobilité ? Certains resteront à Concourson jusqu'au XIXe siècle, d'autres s'installeront dans des communes voisines du Maine-et-Loire ou des Deux-Sèvres, sans beaucoup s'éloigner de la terre de leurs ancêtres.

Jusqu'à ce que l'un d'eux, mon arrière-grand-père Achille Maitreau, fils d'André Maitreau et de Perrine Richard Duchatellier, né à Concourson en 1821, embrasse la carrière militaire… mais ceci est une autre histoire.


(1) Selon M.-O. Mergnac, Les métiers d'autrefois, Editions Archives et Culture

(2) J'attends avec impatience le programme 2014 des ateliers organisés par la Revue française de Généalogie.

(3) Qui dispose même d'un répertoire annuel de tous les actes de baptême, de mariage et de sépulture à partir de 1692, impeccablement rédigé, merci à son auteur anonyme.

lundi 15 juillet 2013

Les tribulations de la famille Richard Duchatellier


J'ai déjà évoqué cette famille dans le précédent billet. Originaire de la paroisse Saint-Porchaire à Bressuire, dans l'actuel département des Deux-Sèvres, René Richard Duchatellier a épousé Perrine Le Tellier le 18 juillet 1747 à Concourson.

Source AD Maine-et-Loire, Concourson 1743-1792
Vue 30/442

Le couple semble s'être établi durablement dans ce village des coteaux du Layon, puisque leurs six enfants identifiés (trois garçons et trois filles) y ont vu le jour et que deux d'entre eux au moins s'y sont mariés à leur tour.

Curieusement, leur patronyme s'est transformé sur quatre générations. Le père de René s'appelle simplement François Richart (avec un T, comme l'un des Dupondt, amis lecteurs de Tintin) lorsqu'il épouse Charlotte Chaillou en juillet 1715 à Bressuire. Malheureusement les pages du registre, fort endommagées, ne permettent ni de déterminer avec certitude le jour exact de la cérémonie, ni de vérifier la signature du mari.

Lorsque René se marie à Concourson en 1747, son père est nommé "maître François Richard sieur de Maisonneuve" et lui-même "maître René Richard sieur du Chatelier". Sans doute le nom des terres qu'ils exploitent : on trouve plusieurs fois ces toponymes sur la commune de Bressuire.

Dès le baptême de son deuxième enfant dans la paroisse de Concourson, René devient Richard du Chatellier (avec deux L cette fois). Lui-même signe invariablement les différents actes qui le concernent "Richard Duchatellier", sans espace. L'habitude semble être prise à la génération suivante, notamment par mon ancêtre direct René Pierre, né à Concourson en janvier 1751. Il épouse (quand et où ?) Rose Marie Thérèse Lefranc, née à Bournezeau en Vendée.

Las, le couple va connaître les temps troublés de la Révolution. Lorsque leurs quatre premiers enfants sont baptisés à Doué-la-Fontaine, respectivement en 1788, 1789, 1790 et 1791, le père bénéficie toujours de son double patronyme. Mais en 1793, lorsqu'il déclare une cinquième naissance, il est devenu le simple "citoien René Richard". Brimade de la part du "membre du conseil général de la commune de Concourson", chargé de dresser les actes et par ailleurs peu doué en orthographe, ou prudence de la part du déclarant ? L'histoire ne le dit pas.

L'affaire se répète pour les deux enfants suivants, en 1794 et 1797, à Doué comme à Concourson. Enfin une dernière fille, appelée "Diasseinte" par l'agent de la commune mais Hiassinte puis Hyacinthe par la suite, est déclarée à l'état civil le "tridi vingt trois messidor de l'an septième de la république française une et indivisible". Nous sommes donc en juillet 1799, sous le Directoire. Les passions s'apaisent. Le père ose signer "Richard Chatellier", omettant toutefois une particule trop connotée Ancien Régime sans doute.

Nous voici maintenant au XIXe siècle. Les marchands fermiers, devenus un temps cultivateurs, sont maintenant "propriétaires". Les tribulations de mes ancêtres ont pris fin, ils s'appellent à nouveau Richard Duchatellier dans tous les documents officiels. L'une d'entre eux, Perrine, va épouser André Maitreau en juillet 1819.

Un petit tour au cimetière des Verchers-sur-Layon, commune voisine de Concourson, confirme que ce patronyme l'a finalement emporté sur les autres variantes.

lundi 8 juillet 2013

Le village de mes ancêtres, 1er épisode


En réalité, le singulier n'est pas de mise. Au hit parade des lieux les plus cités dans ma base de données, trois localités se détachent nettement : Notre-Dame-du-Touchet, Concourson-sur-Layon et Château-Gontier, ce dernier talonné de près par la bonne ville de Pau.

Archives personnelles
Méfions-nous toutefois des chiffres. Ce classement provisoire révèle surtout que j'ai travaillé en priorité sur certaines branches, privilégiant les départements dont les archives étaient accessibles en ligne de longue date, aisément consultables et richement dotées. Soit dit en passant, j'attends toujours l'arrivée sur internet des registres des Hautes-Pyrénées ou du Gers pour débloquer les lignées Fourcade et Dabadie.

Mais revenons aux Pays de la Loire. Si j'ai décidé de vous parler aujourd'hui de Concourson, c'est que nombre de mes ancêtres sont originaires de ce modeste village, situé au pied de coteaux de schiste favorables à la culture de la vigne.

Concourson sur la carte de Cassini
Source : La France à la Loupe, BSD Concept
Dressons le décor. Dans le département du Maine-et-Loire, aux confins des Mauges et du Saumurois, Concourson est situé sur le Layon, un affluent de la rive gauche de la Loire. Sa population, qui comptait 39 feux en 1720, s'élève aujourd'hui à 550 habitants environ. Nous sommes à 5 km au sud-ouest de Doué-la-Fontaine et à 17 km au nord-ouest de Montreuil-Bellay, dont les noms vous sont peut-être plus familiers.

Pays de vignobles, donc. Avez-vous entendu parler des Coteaux-du-Layon ? Il s'agit d'un vin blanc moelleux (cépage chenin), qui bénéficie d'une appellation d'origine contrôlée et qui se marie fort bien avec le foie gras. Concourson fait partie des vingt-sept communes qui composent son terroir. Hélas, je n'ai à ce jour identifié aucun cousin vigneron.

Eglise de Concourson, archives personnelles
L'église de Concourson, que j'ai photographiée en août 2009, alors que j'en étais à mes premiers pas en généalogie, est dédiée à Saint Hilaire. Elle remonterait au XIe siècle, mais, aux dires même du Dictionnaire historique de Maine-et-Loire, elle a été tellement restaurée qu'elle a perdu tout caractère. N'oublions pas que toute la région fut le théâtre de sanglants combats entre "Vendéens" et "Bleus" durant la période révolutionnaire et qu'elle fut sur le parcours des colonnes infernales du général Turreau.

Parmi mes ancêtres, trois familles au moins ont durablement vécu à Concourson : les Le Tellier, les Richard Duchatellier et les Maitreau (pour ce dernier patronyme, j'ai choisi l'orthographe en usage au XXe siècle, mais il existe de nombreuses variantes).

Commençons par les Le Tellier. Je sais peu de choses de François Le Tellier (c.1644-1689), sinon que je descends de lui à la neuvième génération. Marié deux fois, père d'au moins sept enfants, il bénéficiait du qualificatif "honorable homme" dans les actes qui le concernent et savait sans doute signer. Les registres paroissiaux de Concourson les plus anciens datant de l'année 1668, je n'ai pas retrouvé son acte de baptême.

J'en sais un peu plus sur son fils François Le Tellier (1677-1724), marchand et syndic(1). Lui aussi se marie deux fois. Une première fois en mai 1716 avec Marie Nau, qui décède en mai 1717 à l'âge de dix-neuf ans, quelques jours après lui avoir donné un fils. De nombreux prêtres desservant les paroisses alentour signent l'acte de sépulture, ce qui me laisse à penser que nous avons affaire à des notables, au moins à l'échelon local.

En novembre 1719, François épouse en secondes noces Françoise Gellé, elle-même fille d'un honorable marchand. L'épouse signe d'une main relativement assurée l'acte de mariage. La cérémonie a été célébrée par son frère, René Gellé, prêtre oratorien et curé de Concourson, qui signe parfois (allez savoir pourquoi ?) "Gellé Dechampdoré". Quatre enfants seulement naîtront de cette union, car François Le Tellier  est porté en terre en juillet 1724, à l'âge de quarante-six ans. Là encore, au moins six prêtres signent l'acte de sépulture.

C'est sa fille Perrine (1722-1764) qui va concrétiser l'union des familles Le Tellier et Richard Duchatellier. Cette branche est originaire de Bressuire, dans l'actuel département des Deux-Sèvres, mais va s'installer de façon durable à Concourson, puisque dans la seconde moitié du XIXe siècle un de ses membres sera maire de la commune.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Je reviendrai prochainement sur les Richard Duchatellier et sur les Maitreau, ainsi que sur certains faits marquants, car même dans un modeste village il peut se passer des événements importants : bénédiction d'un nouveau pont en 1773, bénédiction de bateaux sur le canal de Monsieur en 1776, élection des membres de la municipalité en 1787…

(1) Personne qui gère les biens de la paroisse.

lundi 1 juillet 2013

À quoi sert un blog de généalogie ?




Excellente question ! J'ai déjà publié une cinquantaine de billets depuis le mois de novembre dernier, il serait peut-être temps de se la poser...


Qu'est-ce qui m'a décidée à me lancer dans l'aventure ? Quels sont les bénéfices que j'en retire ?


Source Photopin

Le plaisir d'écrire d'abord, sur des sujets variés. L'espoir d'être lue ensuite, ce qui flatte mon ego, il faut bien l'avouer. À ce propos, s'il est satisfaisant de voir le compteur des pages lues s'incrémenter au fil des semaines, il est encore plus agréable de découvrir les commentaires postés par certains d'entre vous, alors n'hésitez pas ! Sans compter que cela permet d'entamer le dialogue avec d'autres généomaniaques...

Le plaisir de partager ensuite. Tous les généalogistes amateurs me comprendront. Au fil de nos recherches, nous découvrons parfois des pépites : événements inattendus, curés historiens, papiers de famille, photos anciennes, signatures élégantes ou malhabiles, dessins dans les marges des registres... que nous brûlons de raconter à qui voudra bien nous écouter. Le blog sert aussi à cela.

Au-delà de ces petits plaisirs personnels, la rédaction d'un billet impose une certaine rigueur. Pas question de raconter n'importe quoi, toute assertion doit être vérifiée. Si je prends pour exemple le précédent article sur le mariage de mes grands-parents paternels, j'ai relu l'acte de décès de mon arrière-grand-mère pour savoir où résidait son fils en 1905. J'ai consulté un livre que je possédais sur le métro parisien afin de connaître le nombre de lignes en service en 1908. J'ai lancé une recherche sur les immeubles de la rue Pouchet, une autre sur l'Union photographique française et une troisième sur le vêtement masculin. Toutes choses que je n'aurais peut-être pas songé à faire autrement.

Dans une autre vie, j'ai dispensé des cours à des étudiants d'écoles de commerce et de management et j'ai animé des stages de formation pour adultes. Lors de la phase préparatoire (de l'ordre de quatre heures de préparation pour une heure d'animation), je tentais d'anticiper les questions que les participants ne manqueraient pas de me poser. J'applique la même méthode aujourd'hui : je vous visualise devant l'écran de votre ordinateur ou de votre tablette et j'imagine vos questions. Un grand merci donc, car vous me faites progresser dans mes recherches.

Au passage, j'élargis le champ de mes connaissances et j'éclaire parfois des éléments jusqu'ici restés dans l'ombre. C'est ainsi que j'ai découvert le rôle de deux familles d'industriels, les Gouin et les Roland-Gosselin, dans la construction de l'immeuble du 75, rue Pouchet. Or ces noms surgissaient parfois au détour d'une conversation de mes parents dans mon enfance...

Enfin, il est plus facile d'écrire quelques lignes ou quelques paragraphes sur un sujet précis que de se lancer tête baissée dans un plus vaste ouvrage sur l'histoire de sa famille. Intéressante façon d'éviter la procrastination qui nous guette en permanence : il reste toujours des recherches à faire, des informations à confirmer, un lieu à visiter, une génération supplémentaire à ajouter à la liste de nos ancêtres... autant de prétextes pour remettre à plus tard la rédaction de ce fameux livre que nous voudrions tous écrire. Mais rien ne nous empêche de publier d'ores et déjà un épisode, puis un autre et ainsi de suite.

Bref, j'étais déjà atteinte de généomania, je suis en passe de devenir accro aux blogs !

Et vous, qu'est-ce qui vous pousse à écrire un billet et à le poster sur votre blog ?