lundi 30 décembre 2013

Retour au Service historique de la Défense


Quatre semaines après une première visite destinée à effectuer les formalités d'inscription, j'ai honoré mon rendez-vous. C'était un lundi, jour où le SHD est ouvert de 13 heures à 17 heures. Je me présente avec ma carte plastifiée toute neuve, mes feuilles volantes, mon crayon et mon appareil photo. Le préposé à l'entrée de la "salle des références" m'inscrit sur la feuille de présence et me fait gentiment les honneurs de la salle de lecture, m'indiquant tout ce que j'ai le droit de faire et de ne pas faire.

Ça y est, je peux enfin réclamer le dossier de mon arrière-grand-père Achille Maitreau au comptoir et prendre place à l'une des grandes tables de lecture. Enfer et damnation ! Le nom figurant sur le dossier n'est pas le bon ! Je retourne au guichet en croisant les doigts, surtout ne pas s'énerver, cela fait rarement avancer les choses. C'est une simple erreur de numéro et ce n'est pas moi qui l'ai commise, le personnel derrière le comptoir s'affaire, téléphone, me demande de patienter un quart d'heure, peut-être ai-je envie de boire un café ? Bon, ne vous méprenez pas, si je réponds oui, il me faudra quitter la salle et chercher la machine à café, je ne suis pas sûre qu'il y en ait une dans les parages.

Je garde à l'esprit qu'il s'est écoulé quatre semaines entre la commande du dossier et le jour de consultation et que l'une des raisons avancées pour un tel délai tient au fait que toutes les archives du SHD ne sont pas stockées sur place, à Vincennes. Faudra-t-il patienter quatre longues semaines supplémentaires avant de pouvoir enfin poser les yeux sur des feuilles jaunies, mais ô combien importantes pour moi ?

Je me réfugie dans la salle des références, où je feuillette un ou deux livres mis à la disposition des visiteurs, style "les archives militaires, mode d'emploi". Quand j'estime suffisant le temps écoulé, je tente ma chance une deuxième fois au comptoir des retraits et là, alléluia, j'ai enfin dans les mains le bon dossier.

Dossier Achille Maitreau

Je m'installe en bout de table, près d'une des grandes baies vitrées pour bénéficier au maximum de la lumière du jour, en ce lundi de décembre superbement ensoleillé, et je passe en mode "généalogiste affairé". D'abord faire la liste des documents, une quinzaine représentant vingt-sept pages au total, dont certaines me semblent prometteuses. Ensuite photographier toutes les pièces, sans flash bien sûr, mais il y a suffisamment de lumière, et même de grandes tables à disposition sous les fenêtres en cas de besoin. Enfin entamer une lecture minutieuse, avec prise de notes, un oeil sur la montre car la salle ferme à 17 heures, et le temps passe vite quand on est plongé dans un dossier.

Je termine la transcription de toutes les feuilles qui m'intéressent pile à l'instant où la présidente de salle entame le tour des tables pour annoncer la fermeture dans dix minutes. Je rassemble mes notes, referme soigneusement le dossier et le rapporte au comptoir. Si j'avais voulu, j'aurais pu demander qu'il soit mis de côté pour une nouvelle consultation le lendemain, mais ce n'est pas la peine, j'en ai fait le tour.

Alors, qu'y ai-je trouvé d'intéressant ? Plusieurs copies de l'acte de naissance d'Achille Maitreau, des états de services permettant de reconstituer toute sa carrière militaire, avec les dates de promotion à chaque grade, les campagnes et les blessures, un rapport au ministre de la guerre sur sa demande de permission de mariage, le certificat et le contrat de mariage, un document de la main de mon arrière-grand-père sur sa situation militaire depuis le début de la guerre de 1870 jusqu'à la fin de la Commune, enfin divers documents relatifs à sa pension de retraite. Bref, du grain à moudre, j'y reviendrai dans un prochain billet.

Une chose est sûre, cette journée au SHD sera suivie de plusieurs autres, ne serait-ce que pour en savoir davantage sur les régiments dans lesquels mon arrière-grand-père a servi, sur les uniformes et sur les décorations qu'il a portés, sur les campagnes auxquelles il a participé. L'année qui vient s'annonce généalogiquement prometteuse !

lundi 23 décembre 2013

Un nouveau curé au Louroux-Béconnais


La lecture assidue des registres paroissiaux permet de mesurer la place de la religion dans la vie quotidienne de nos ancêtres sous l'Ancien Régime.

Les cérémonies se succèdent : les mariages, en novembre, en janvier et en février notamment, parfois plusieurs le même jour, les baptêmes au rythme des naissances fort nombreuses pour chaque couple, les enterrements au rythme des accidents, des maladies et des épidémies… Sans compter les fiançailles, qui doivent bien faire l'objet d'une cérémonie particulière, puisqu'elles sont parfois mentionnées dans les actes de mariage.

Je n'oublie pas non plus les sacrements de pénitence et d'eucharistie aux promis, l'extrême-onction aux mourants, la première communion des adolescents, les grandes messes paroissiales, la visite de l'évêque, les processions, les fêtes carillonnées, le baptême d'une nouvelle cloche, la bénédiction d'un nouveau pont sur la rivière, que sais-je… bref, le clergé ne chôme pas et il en rend parfois compte dans les registres.

Je suis d'ailleurs encore surprise par le nombre de religieux dans le moindre bourg : curé, vicaires, chapelains, prieurs, prêtres habitués ou succursaires, diacres… Sans compter le personnel auxiliaire, sacristains, marguilliers, sacristes de peine. L'occasion d'enrichir au passage son vocabulaire !

Statue de Saint Aubin, dans l'église du Louroux-Béconnais
Archives personnelles

Mais je ne m'étais jamais posé la question : que se passe-t-il lorsqu'un curé entre en fonction dans sa nouvelle paroisse ? J'ai trouvé un début de réponse dans les registres du Louroux-Béconnais (on écrivait à l'époque "le Loroux" ou "le Loroux Béconnois"), dans l'actuel département du Maine-et-Loire, sur la route qui mène d'Angers à Chateaubriant.

Pour vous donner une idée, Le village comptait 340 feux, soit environ 1 535 habitants, vers 1720. Une quarantaine d'années auparavant, en 1678, messire François de Landevy, curé en titre de l'église du Louroux dédiée à Saint Aubin, "résigne" (nous savons maintenant que les ecclésiastiques ne démissionnent pas, n'est-ce pas ?). René Serezin lui succède.

Le nouveau venu aime le respect des procédures, à n'en point douter. Qu'on en juge : il fait rédiger par le vicaire Pierre Voisinne un acte de prise de possession de la cure et de la paroisse ! Ce dernier, qui n'est pas avare de détails, nous narre par le menu la cérémonie. René Serezin, "revestu de la robbe, surplis, estolle et bonnet quarré", pénètre dans l'église, asperge les assistants d'eau bénite, s'agenouille devant le crucifix, pose les lèvres sur l'autel, ouvre le missel  et l'Évangile et en donne lecture, prend place dans le chœur, inspecte le ciboire et les fonts baptismaux, sonne les cloches et déclare enfin prendre possession "personnellement, réellement et actuellement" de la cure du Loroux. Le tout devant un parterre de témoins composé de prêtres et de notables, dont maître Bonaventure Fourmy, notaire de la baronnie de Bécon. Les témoins apposent leur signature au bas de l'acte. La cérémonie a lieu le samedi qui précède la Pâque de 1679, un premier avril (sans y voir pour autant malice, je pense).

Il semble que l'acte en question ait été lu le lendemain, au cours de la grande messe paroissiale, comme le précise encore Pierre Voisinne.

Je m'interroge sur ce formalisme. Y a-t-il eu contestation ou chicane ? D'après le compte-rendu, le curé précédent, François de Landevy, s'efface devant son cousin, René Serezin, à l'automne 1678, le jour de la Saint-François, ce qui pourrait correspondre au 4 octobre. Le visa de l'évêque d'Angers ne parviendra que le 27 mars suivant. Simple lenteur administrative ou autre raison ?

Je me demande également pourquoi François de Landevy passe la main. Lassitude ? Problème de santé ? Sa signature n'apparaît nulle part, au bas des actes, dans les mois ni même les années qui précèdent, mais il ne rendra l'âme que sept ans plus tard, à l'âge de soixante ans environ. Il sera enterré dans le chœur de l'église, devant le grand autel, le 15 août 1685.

Volonté du nouveau curé d'asseoir son autorité sur les prêtres de la paroisse, après des années d'absence ou de laxisme de la part de son prédécesseur ? À l'examen attentif des registres durant toute la période où François de Landevy a été curé en titre (depuis 1652, si j'en crois le Dictionnaire historique de Célestin Port), on peut se poser la question. Le curé n'apparaît que de façon épisodique et ne signe que rarement, laissant la part belle à ses vicaires successifs. Certains actes ne comportent aucune signature, des registres ont disparu, bref, il flotte sur ces documents comme un parfum de négligence.

René Serezin s'emploiera d'ailleurs à y mettre bon ordre, achetant des registres sur ses propres deniers, recopiant ou faisant recopier les actes, établissant des tables alphabétiques : je vous ai déjà narré tout cela dans un précédent billet(1).

Mais je ne voudrais pas non plus interpréter de façon abusive ces quelques paragraphes sur lesquels je suis tombée au détour d'une page. Peut-être semblable cérémonie a-t-elle lieu, sans pour autant être mentionnée, à chaque changement de curé. Et vous, avez-vous fait semblables découvertes ?

(1) Voir le billet du 2 décembre dernier "Qui a égaré les registres ?"

lundi 16 décembre 2013

Dernier bilan avant les fêtes


En cette période de l'Avent, les généablogueurs font le point sur leur année généalogique, suivant en cela les suggestions de Sophie Boudarel : permettez-moi d'en faire autant.

Deux pistes de réflexion pour ce billet :
  • Mes recherches proprement dites,
  • Mes résolutions, prises en décembre dernier, pour l'année 2013.

Source Icon Archive


Difficile de mesurer les progrès accomplis dans mes recherches généalogiques sur les douze derniers mois, car je n'avais pas fait de bilan comparable l'année dernière à la même époque.

Disons simplement que j'ai aujourd'hui 645 ascendants directs identifiés, dont 8 à la quatorzième génération, ce qui nous emmène quand même à la toute fin du XVIe siècle, à l'époque des Valois. C'est peu et c'est beaucoup. Je m'explique : lorsque j'ai entamé la consultation des registres paroissiaux, je n'imaginais pas remonter si vite et si loin, mais, restons modestes, cela ne représente guère que 4 % de mes 16 382 ancêtres potentiels sur quatorze générations !

Chiffre que je n'atteindrai d'ailleurs jamais, pour de multiples raisons dont celle-ci : je ne connais que 14 de mes arrière-arrière-grands-parents ; en effet, sous la Monarchie de Juillet, du temps où Louis-Philippe était roi des Français, Madeleine Laubret et Elisabeth Marie Letourneau donnèrent le jour, l'une à Salbris et l'autre à Château-Gontier, à des enfants naturels de père inconnu. Cela réduit déjà sensiblement le champ des possibles.

Mais soyons positifs : j'ai identifié 100 % de mes aïeux identifiables sur les six premières générations (56 individus au lieu de 64, donc), 90 % de la septième génération et près de 80 % de la huitième.

Si je voulais établir un classement de mes AAGP au vu des membres de leur lignée ascendante figurant dans ma base de données, le podium serait le suivant :
  • Jeanne Pinier, largement en tête avec 169 ancêtres, dont une certaine Perrine Ermouin, née vers 1568, qui est à ce jour ma plus lointaine ancêtre identifiée,
  • L'époux de Jeanne Pinier, Jean Baptiste Troussier, second avec 84 ancêtres, dont un couple qui célébra son mariage en février 1616,
  • Elisabeth Marie Letourneau, encore elle, troisième avec 78 ancêtres.

Les branches les plus fournies se situent sans surprise dans les départements du Maine-et-Loire et de la Mayenne, où les archives sont particulièrement accessibles de longue date. A contrario, certaines branches ne sont guère développées, soit parce que les départements concernés n'ont toujours pas mis leur état-civil en ligne (regard appuyé en direction des Hautes-Pyrénées et du Gers), soit parce que les registres ne sont pas parvenus jusqu'à nous (là, je fais allusion à Husson, dans l'extrême sud de la Manche, un peu plus de 200 habitants aujourd'hui, mais quatre fois plus au temps de la Révolution).

En tout état de cause, je ne me pose pas en "collectionneuse d'ancêtres". Je préfère approfondir mes connaissances sur chaque couple, leurs métiers, leurs enfants, les lieux où ils ont vécu, les événements auxquels ils ont été confrontés… il m'arrive même de faire des recherches non seulement sur les témoins nommés dans les actes, mais également sur le curé ou sur le maire du village ! Une forme de sérendipité, qui conduit parfois à des trouvailles inattendues.

Passons maintenant aux résolutions prises pour l'année 2013. Rappelez-vous, je vous en avais fait part le 31 décembre dernier, sous le titre "La procrastination, ça suffit" (bon, vous aviez peut-être la tête ailleurs à ce moment-là).

Je n'ai pas encore fait d'incursion à la librairie de la Voûte, ce n'était pas le plus urgent, mais je n'ai pas pour autant manqué de lecture cette année, loin de là. Il faudra que je vous raconte cela un jour.

Je n'ai malheureusement pas remis les pieds au Centre d'accueil et de recherche des Archives nationales, le fameux CARAN, depuis une première visite, au cours d'un atelier sur les archives notariales en… mai 2012 ? Bigre, c'est à mettre en tête de liste pour 2014 ! Ceci fera l'objet d'un autre billet.

Je n'ai pas eu non plus l'opportunité d'aller aux Archives départementales du Maine-et-Loire, afin de vérifier si l'un de mes ancêtres Maitreau avait acquis des biens nationaux, sous la Révolution (comme je l'en ai soupçonné, à partir d'une simple mention dans le Dictionnaire historique de Célestin Port). Vaste sujet, là aussi, d'autant que ce même François Maitreau est décédé de mort violente en 1794. Autre récit en perspective !

Cette année, j'ai donné la priorité aux Archives de Paris et à mes ancêtres normands, venus s'installer dans la capitale vers le milieu du XIXe siècle : les bobines de microfilms pour l'état civil reconstitué et pour le Bottin, les registres de catholicité, les registres matricules… j'ai bien débroussaillé le terrain, même s'il reste encore des documents à examiner. Les déclarations de succession, par exemple.

Et puis, résonnez trompettes, j'ai franchi la porte du Service historique de la Défense ! Où je dois retourner très prochainement, pour consulter enfin les dossiers de mes ancêtres militaires. J'espère que le résultat sera à la hauteur de mes attentes, ce dont je ne manquerai pas de vous faire part.

Bref, la procrastination n'est pas tout à fait vaincue, mais mon naturel optimiste m'incline à penser que cette année fut plutôt positive sur le plan généalogique. Suffisamment, en tous cas, pour alimenter régulièrement ce blog. Et je ne vous ai rien dit des rencontres amicales, sur la toile ou dans la vraie vie, qui l'ont agrémentée !

lundi 9 décembre 2013

Premier anniversaire


Un an, déjà ! L'année dernière, à la même époque, je postais mes deux premiers billets et découvrais, ravie, les premiers commentaires des internautes.

Source Photopin
J'avais entamé ma démarche quelques semaines auparavant : coup d'œil sur les sites et les blogs déjà en ligne, lecture d'un guide technique, choix d'une plateforme, hésitations sur le titre, ouverture d'une boîte à idées…

Je préparai deux textes, le premier expliquant ma démarche de généalogiste novice et le deuxième sur le mariage de ma grand-mère Julia, photos à l'appui. J'avais même choisi le jour du lancement, qui devait correspondre à l'anniversaire de ce mariage, le 24 novembre. Un déplacement imprévu dans le sud-ouest, pour cause d'enterrement, reporta de deux jours la mise en ligne : je n'avais pas encore découvert qu'il était facile de planifier la publication des articles ! J'ai heureusement fait des progrès depuis ce jour déjà lointain…

J'avais également établi la liste des personnes à prévenir par courriel de l'ouverture du blog, famille, amis, camarades de promotion, généalogistes rencontrés lors des ateliers organisés par la Revue française de généalogie. Un réflexe lié à ma formation initiale, sans doute, même si je n'avais pas choisi l'option marketing à l'époque.

J'ai tout de suite adopté un rythme hebdomadaire (publication chaque lundi à 8h) et m'y suis tenue, à une exception près, pour cause de vacances estivales. Une broutille : l'article est paru avec vingt-quatre heures de retard ! Là, je suis épatée, car la persévérance dans les projets n'a pas toujours été mon fort…

Le défi lancé par Sophie Boudarel, un article par jour du lundi au samedi, avec comme fil rouge l'alphabet, durant tout le mois d'avril 2013, a brusquement déclenché une intense activité préparatoire, car il coïncidait fâcheusement avec un voyage au Japon ! Il a également boosté les statistiques de fréquentation du site.

À ce propos, leur consultation est parfois amusante et toujours instructive. Quels sont les sujets qui ont eu le plus de succès ? Voici le hit-parade, le jour où je rédige ce billet :
  • Bilan d'une première journée aux Archives de Paris,
  • À quoi sert un blog de généalogie,
  • Le trousseau de la mariée,
  • Un mariage en 1900 : des photos originales,
  • La chasse aux doublons est ouverte.

Bon, je vais donc continuer à partager avec vous mes humeurs et mes coups de cœur, mon goût pour les photos anciennes et pour les mentions insolites dans les registres paroissiaux. Les idées ne manquent pas, heureusement, car un nouveau défi se profile déjà à l'horizon, en juin 2014. D'ici là… rendez-vous lundi prochain !

Mais avant de clore ce billet, je voudrais remercier tous ceux qui me lisent et qui diffusent ces articles sur leurs réseaux. Permettez-moi de ne pas les citer ici, ils se reconnaîtront, je l'espère.

lundi 2 décembre 2013

Qui a égaré les registres ?



J'ai reçu, il y a quelques jours, une alerte GeneaNet. Me voici à nouveau plongée dans la branche Doison, vers la dixième génération de mes ancêtres, quelque part du côté du Louroux-Béconnais.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette charmante localité, située à vingt-cinq kilomètres à l'ouest d'Angers en direction de Candé puis de Châteaubriant, le Dictionnaire historique de Célestin Port nous apprend qu'elle comptait 340 feux, soit mille cinq cents habitants environ, au début du XVIIIe siècle (j'aurais aimé des informations sur la fin du XVIIe siècle, mais bon !). Pays de landes et de cultures, avec un nombre considérable de hameaux éparpillés sur le vaste territoire de la paroisse. C'est encore le Maine-et-Loire, mais la Bretagne n'est pas loin.

Le site des Archives de ce département est particulièrement riche et d'un accès facile. J'y retourne donc avec plaisir, à la recherche de l'acte de baptême de François Doison. En mai 1676 d'après les informations recueillies sur GeneaNet.

Vieux papiers, source Photopin

Je tombe tout d'abord sur une bizarrerie ; la collection communale de la fin du XVIIe siècle comprend plusieurs registres dont les périodes se chevauchent :
  • 1665-1678 (13 janvier),
  • 1674-1683,
  • 1678-1681,
  • 1682-1685.
 Commençons par le premier. Dernier acte de l'année 1676, un baptême daté du 4 mai, suivi de cette note laconique, dont je respecte l'orthographe :
"Le reste des baptesmes sec. de cet an 1676
est perdu ce qui est confiremé à la fin
du registre de 1675.
"

Pas de trace de François Doison.

Pas de trace non plus de la mention de perte, dans les pages précédentes. Passons au deuxième registre. La voici, cette mention :
"Nota que le registre de papier des baptesmes
mariages et mortuailles ou est escrit le baptesme cy dessus
qui est l'année mil six cent soixante seize avec son original
ont esté perdus chez le greffier et gardes des registres
d'Angers.
"

Me voilà mal partie, mais ne perdons pas espoir, quelqu'un a trouvé la solution, puisqu'il a indiqué une date précise sur GeneaNet. Je tourne la page et je découvre une note, signée R. Serezin, "curé de la ditte paroisse du Loroux Beconnais et en possession de laditte cure du premier avril mil six cent soixante dix neuf". Non, ce n'est pas un poisson d'avril !

Le curé en question explique que, s'étant rendu à Angers en décembre 1687, il a acheté de ses propres deniers un registre pour y recopier tous les actes à compter de l'année 1674, au cas où les originaux se perdraient. Cet homme était-il un maniaque de l'ordre ou cherchait-il à occuper ses longues soirées d'hiver ? je penche pour la première hypothèse.

En effet, suivent les années 1674 à 1682, avec indication du folio du registre original pour chaque acte, et une table alphabétique des baptêmes, mariages et sépultures pour chaque année. Bon, le classement alphabétique se fait sur les prénoms, mais quand même ! il y a là de quoi satisfaire amplement un généalogiste. Seule l'année 1683 s'interrompt en novembre et ne comporte pas de table. Rien de grave, il existe un autre registre, qui couvre les années 1682 à 1685, et qui semble être l'original sur papier timbré.

L'année 1676, celle qui m'intéresse au premier chef, comporte néanmoins une particularité ; le curé indique qu'il a trouvé "un espèce de registre de la ditte année lequel est defectueux" : mélanges, actes manquants… C'est sans nul doute celui que j'ai consulté en premier. Après enquête auprès de ses paroissiens, René Serezin apprend que les procureurs de fabrique, chargés de présenter chaque année les deux registres et d'en déposer un exemplaire au greffe du diocèse d'Angers, ont manifestement oublié de rapporter le deuxième.

Qu'à cela ne tienne ! Tout d'abord, notre curé prend soin d'obtenir une décharge auprès du doyen, puis il demande aux paroissiens de lui indiquer les actes manquants, laissant pour cela des pages blanches dans le registre, au cas où…

Piètre résultat : pour la période concernée, de mai à décembre 1676, il recueille les témoignages pour sept événements seulement, cinq baptêmes, un mariage et une sépulture. Ouf, le baptême de François Doison fait partie du lot ! Cela donne ceci :
"Environ le mois de may mil six cent soixante
seize a este baptisé francois fils de Ancelot
Doyson closier à la buffiere et de Julienne
pinard pinaud son epouse parain francois
Doyson closier à moyron maraine charlotte
Aubert demeurant en ce bourg et ce par
mr. crannier ainsy que nous en a fait le
rapport ledit Ancelot Doyson pere".

La lecture des autres actes rapportés est révélatrice des repères temporels de l'époque : "le jour de St Michel", "le jour de St Jean des festes de Noel", "le jour de saint Laurant"… Soit respectivement les 29 septembre, 27 décembre et 10 août, si je ne me trompe.

Décidément, la lecture des registres paroissiaux réserve souvent bien des surprises. Nous avons beaucoup de chance qu'ils soient parvenus si nombreux jusqu'à nous, à travers les vicissitudes du temps, sur quatre ou cinq siècles…