lundi 26 novembre 2012

Un mariage en 1900 : des photos originales


Les généalogistes comme les amateurs de photographies anciennes connaissent tous ces tirages moyen format où les invités de la noce, debout sur plusieurs rangs, entourent les jeunes mariés au centre de l'image et leurs parents figés dans une pose avantageuse. C'est un classique du genre.

Logiquement, le mariage de ma grand-mère maternelle n'aurait pas dû échapper à la règle. Elle s'est mariée à Pau en 1900 : le mariage civil a eu lieu le 22 novembre à cinq heures du soir, à l'Hôtel de ville, et le mariage religieux deux jours plus tard, en l'église Saint-Martin, à quelques pas du boulevard des Pyrénées.

Julia entre à l'église au bras de son père

Les deux seules photos qui relatent l'événement sont pour le moins originales. La première a été prise avant la cérémonie. Le photographe, placé dans l'allée centrale, a saisi l'instant décisif où Julia pénètre dans l'église au bras de son père. Le visage du cocher à l'arrière-plan complète le triangle formé par les trois personnages. Il est juché sur le siège de la voiture qui vient de les déposer devant le porche et il tient dans ses mains les rênes et le fouet qui lui permettent de guider les chevaux.

Théodore Fourcade, quarante-cinq ans, habit noir et cravate blanche, fleur à la boutonnière, les mains gantées tenant le haut-de-forme, a l'air grave. Il conduit sa fille à l'autel. Julia avance les yeux baissés, sans doute intimidée par la foule qui se presse de part et d'autre du tapis déroulé à ses pieds. Elle n'a que dix-huit ans. Sa taille incroyablement fine est mise en valeur par le contre-jour qui illumine le voile derrière elle.

La sortie de l'église

La seconde photo a été prise à l'issue de la cérémonie. Cette fois, le photographe opère depuis un endroit surélevé, de façon à obtenir une vue d'ensemble. Il a déclenché au moment où le couple franchit le porche. Le bicorne du Suisse et le reflet de sa hallebarde se détachent sur le fond sombre. Le cortège n'est pas visible, mais une foule se presse à l'extérieur pour apercevoir les jeunes mariés. Une voiture les attend. Les chevaux arborent des rubans et une silhouette sous un parapluie indique l'humidité du temps automnal.

Ces photos constituent la trame d'un véritable reportage. Sont-elles destinées à alimenter la rubrique mondaine du journal local ? Je l'ignore. Certes, les deux familles appartiennent à un milieu social relativement aisé.

Le père de la mariée est négociant chemisier. Son magasin, situé en centre ville à l'angle de la rue des Arts (1) et de la rue Nouvelle-Halle (2), a entre autres clients le prince de Galles. Le marié, Maurice Maitreau, est pour sa part greffier au Tribunal civil d'Oloron-Sainte-Marie. Son père, capitaine d'infanterie à la retraite, chevalier de la Légion d'honneur, a quelques biens, dont il fait régulièrement l'inventaire dans un carnet destiné à sa fille Marie. Son principal souci, alors qu'il a près de quatre-vingts ans : respecter une stricte égalité entre ses deux enfants.

Quoi qu'il en soit, ces deux photos nous invitent au cœur de l'événement, avec infiniment plus de force que le traditionnel cliché de groupe. Qu'en pensez-vous ?



(1) Actuelle rue Valéry-Meunier
(2) Actuelle rue du Maréchal-Foch

Sur les traces de mes ancêtres




Le 29 mai 2009, je créai la première fiche de mon arbre généalogique, point de départ de recherches que j'entamai allègrement, sans me douter un seul instant du caractère hautement addictif de ce hobby.

Cet acte fondateur fut néanmoins précédé d'une phase préparatoire durant laquelle je fis l'inventaire des papiers de famille, stockés dans des cartons depuis des lustres. Je passai ainsi en revue des centaines de photos anciennes, des dizaines de lettres dont certaines avaient été rédigées au XIXe siècle, des documents administratifs en tout genre et deux carnets rédigés par des ancêtres militaires.

À l'époque, j'exerçais une activité professionnelle à temps partiel et ce passe-temps venait agréablement combler les moments d'oisiveté. J'avais parfois le sentiment de mener une véritable enquête policière, traquant le moindre indice qui me permettrait de progresser : la date d'un mariage gravée sur une alliance, un prénom sur une carte postale, une mention au dos d'une image pieuse…

Je commençai par demander des copies d'actes aux différents services d'état civil, puis par solliciter l'entraide de bénévoles pour remonter davantage dans le temps. Lorsque je découvris l'accès en ligne aux archives du Maine-et-Loire et de la Mayenne, l'affaire était entendue : la "généalomania" venait de faire une victime de plus !

Ma base de données comporte aujourd'hui plus de sept mille individus, un millier de mariages recensés, des centaines de lieux et de métiers différents, mais arrêtons là les chiffres. J'ai dû trouver, en tâtonnant souvent, en me trompant parfois, une méthode pour progresser dans mes recherches et pour organiser la somme des informations ainsi collectées. J'y reviendrai.

Insidieusement, l'envie de partager mes découvertes a commencé à poindre.  "Écrire l'histoire de sa famille"(1), pourquoi pas ? Au mois de septembre dernier, j'ai participé à un atelier(2) en ce sens. Cela m'a confortée dans mon idée, même si l'ampleur du projet et la somme des travaux qui restent à accomplir ne m'échappent pas.

Au cours de ce même atelier, d'autres supports que le livre furent évoqués (expositions, rallyes, cousinades…). Et pourquoi pas un blog ? Sophie Boudarel(3), elle-même blogueuse chevronnée, a su nous convaincre. C'est donc décidé, je me jette à mon tour dans le grand bain et vous propose de venir y nager en ma compagnie !



(1) Titre de l'excellent livre d'Hélène Soula, paru aux éditions Eyrolles
(2) Écrire et raconter sa généalogie, atelier de formation organisé par la Revue française de généalogie
(3) http://lagazettedesancetres.blogspot.fr/