lundi 27 novembre 2017

Cinq ans sans (trop) faiblir !

Eh oui ! Le 26 novembre 2012, j'inaugurais ce blog avec deux premiers billets, l'un pour décrire une addiction naissante à la généalogie et l'autre pour commenter deux photos de mariage de ma grand-mère maternelle.


Je me surprends un peu : toujours fidèle aux rendez-vous du lundi, à part quelques pauses estivales et quelques trêves des confiseurs, il y a cinq ans je n'aurais pas misé un fifrelin sur cette affaire. L'envie de partager l'a sans doute emporté sur une tendance naturelle à repousser l'effort au lendemain !

Et j'en ai tiré mille menus plaisirs. Celui de vous conter les heurs et malheurs de mes ancêtres, de dénicher des mentions insolites dans les registres, de dérouler le fil d'une histoire, de participer à des challenges, de découvrir de nouvelles pistes, de lire vos commentaires…


Donc, je continue. À lundi prochain !

lundi 20 novembre 2017

Le maire s'inquiète des usages

Après avoir largement exploité le registre des délibérations de la municipalité d'Aucun durant la Révolution, je décide de pousser un peu plus loin et de feuilleter les pages suivantes.

Manifestement, les procès-verbaux de toutes les réunions n'ont pas été conservés, puisque le registre saute allègrement de juin 1805 à novembre 1819 et de là à juillet 1821 : nous zappons allègrement la quasi totalité du Premier Empire, ainsi que la Première Restauration, pour retrouver nos Pyrénéens sous le règne de Louis XVIII.

Certains documents ne manquent pas de sel. Devinez, par exemple, ce qui préoccupe le maire lors de la séance du 2 janvier 1822 : les enterrements !

Les citoyens d'Aucun sont confrontés à deux difficultés. La première est d'ordre financier : "Il s'est établi dans cette commune comme dans plusieurs autres, comme un usage dans les mortuaires et les neuvaines(1), d'ouvrir la porte à tous les parents du mort, soit proches, soit éloignés, qu'on est obligé de régaler ; que les dépenses qu'on est obligé de faire sont trop indécentes et ruineuses, pour les laisser subsister".

La seconde est d'ordre pratique : quand il s'agit de porter le corps jusqu'à sa dernière demeure, a contrario on manque de bras !

Le conseil municipal va donc tenter de réglementer. Pour ce faire, il a recours à l'ancienne division de la paroisse en "dizaines" qui correspondent, semble-t-il, à des quartiers : "Deux personnes de chaque maison de la dizaine assisteront au convoi funèbre, les deux plus proches voisins feront, pendant la nuit et indépendamment des proches parents, la garde de la personne morte, les hommes de la dizaine porteront le cadavre à l'église et l'enterreront".

Abords de l'église d'Aucun
Collection personnelle

Mais attention ! Le jour de l'enterrement et le jour de la neuvaine, pas plus de deux proches voisins, en plus des fils et petits-fils de la maison, au repas funèbre : "il est défendu à toute autre personne soit de la commune, soit même étrangère de s'introduire dans la maison du mort pour y boire ou manger" et la consigne vaut également pour les sonneurs de cloches. Ces derniers recevront un franc cinquante centimes pour tout salaire de la part des parents du mort.

Le conseil municipal prévoit même une amende en nature en cas de contravention à ces dispositions : une livre de cire, au profit de l'église, à remettre entre les mains du marguillier.

Voilà, qu'on se le dise !



(1) Cérémonie de commémoration neuf jours après le décès.

lundi 13 novembre 2017

Un douanier chez les Fourcade

Les registres communaux recèlent leur lot de mentions insolites, à l'instar des registres paroissiaux.

C'est ainsi qu'au détour d'une page, entre une délibération sur la vente des biens communaux datée d'août 1804 et une autre sur le pacage des animaux datée de février 1805, le secrétaire de la mairie a recopié le document suivant.

Source AD 65 Aucun
Registre des délibérations 1683-1861 vue 131/292

Douanes Nationales
Direction de Bayonne

_______________________________________
Commission de préposé à la police du commerce
extérieur
_______________________________________

Nous directeur des douanes de la République, à la Résidence
de Bayonne, département des Basses Pyrénées.
En conséquence des pouvoirs à nous donnés par l'administration
des dites douanes, commettons par ces présentes à l'un des
emplois des préposés à la police du commerce extérieur dans cette direction
le citoyen Fourcade (Jean Jacques) né le 25e janvier 1784 à Aucun
département des Hautes Pyrénées taille de 5 pieds 2 pouces, pour après
avoir prêté le serment prescrit, veiller à la conservation des
droits de douane et autres qui ont été ou pourroient être
remis à la dite administration, ainsy qu'à l'exécution des décrets
relatifs aux prohibitions.
En cas de contravantion aux dits décrets, il est autorisé à
rédiger les rapports nécessaires et à les signifier.
Il veillera à la conservation des marchandises naufragées,
et il informera sans délai les employés supérieurs des naufrages
et échouemens qui viendront à sa connoissance.
Il sera toujours muni dans l'exercice de ses fonctions de la
présente commission, qu'il représentera à la première réquisition,
et qu'en cas de démission ou de destitution il sera tenu de
remettre à son contrôleur de brigades.
_____
Fait au Bureau de la direction des douanes à Bayonne
le 1er fructidor an 12e de la République française. Aunis.
_____
Na L'extrait de naissance et le certificat de
bonne conduite sont restés déposés au Bureau de l'adon.
_____
Installé en qualité de préposé
de la sous brigade de Cauterets à
compter du 1er fructidor an 12e
A la charge pour le dénommé ci dessus
de prêter de suite le serment de
fidélité. Derois.

Il s'agit, sans aucun doute possible, de l'un des fils de mon ancêtre Alexis Fourcade. Ce Jean Jacques Fourcade fut donc nommé douanier le 19 août 1804, alors qu'il avait vingt ans. J'apprends au passage qu'il mesurait environ 1,57 m : petite taille de montagnard, donc.

Je ne sais trop pourquoi l'administration parle de naufrages et d'échouements : Cauterets est une station thermale des Hautes-Pyrénées, située à 900 mètres d'altitude, et je doute fort que le gave qui la traverse soit navigable. Nous sommes en outre à plus de 180 km de Bayonne. Mais à Cauterets, la proximité de l'Espagne devait largement inspirer les contrebandiers…

Contrebandier des Pyrénées
Médiathèque intercommunale de Bagnères-de-Bigorre
via Gallica

Toutefois, la carrière de gabelou de Jean Jacques Fourcade fut sans doute de courte durée, car, lorsqu'il épouse Jeanne Marie Garcie à Aucun, en octobre 1813, il est qualifié de laboureur. Le couple donnera par la suite le jour à une douzaine de petits Fourcade, six garçons et six filles, tous nés dans ce village du val d'Azun qui m'a intéressée ces derniers mois.

Jean Jacques Fourcade décèdera cinq ans après son épouse, à l'âge de quatre-vingt quatre ans, le 30 mars 1868 dans la maison Ors.

lundi 6 novembre 2017

Enterré sans cérémonie

Ayant très provisoirement délaissé mes recherches de généalogiste amateur pour endosser pendant quelques jours le rôle de grand-mère polyvalente, je vous propose aujourd'hui cette simple mention insolite, découverte au détour d'une page.

Nous sommes à Brain-sur-Longuenée, dans l'actuel département du Maine-et-Loire. L'indication dans la marge a attiré mon regard : "S de Jean Marion impie et athée".

AD 49 Brain-sur-Longuenée
Collection communale vue 5/89

"Le treze may mil sept cent trente trois Jean Marion
agé de soixante ans ou environ, domestique à la
métairie de la Faucherie a été trouvé mort en son lit, et par
ordre de Monseigneur de Vaugirault évêque d'Angers led(it) Marion
a été enterré au bas du grand cimetière sans aucune cérémonie de
l'église et sans aucuns suffrages dans l'église, sans sonner les cloches parce qu'il n'avait point fait de pâques depuis
vingt ans et qu'il vivait en athée et impie, et nous Curé sousigné avons
asisté comme témoin à cette sépulture. J. Bellanger Curé de Brain
"


L'acte figure dans le registre de la collection communale et le scripteur n'a pas jugé utile de le recopier dans le registre de la collection départementale. On ne plaisantait pas avec la pratique religieuse, à l'époque !