J'ai reçu, il y a quelques jours, une alerte GeneaNet. Me
voici à nouveau plongée dans la branche Doison, vers la dixième génération de
mes ancêtres, quelque part du côté du Louroux-Béconnais.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette charmante localité,
située à vingt-cinq kilomètres à l'ouest d'Angers en direction de Candé puis de
Châteaubriant, le Dictionnaire historique de Célestin Port nous apprend qu'elle
comptait 340 feux, soit mille cinq cents habitants environ, au début du
XVIIIe siècle (j'aurais aimé des informations sur la fin du XVIIe
siècle, mais bon !). Pays de landes et de cultures, avec un nombre
considérable de hameaux éparpillés sur le vaste territoire de la paroisse.
C'est encore le Maine-et-Loire, mais la Bretagne n'est pas loin.
Le site des Archives de ce département est particulièrement
riche et d'un accès facile. J'y retourne donc avec plaisir, à la recherche de
l'acte de baptême de François Doison. En mai 1676 d'après les informations
recueillies sur GeneaNet.
Vieux papiers, source Photopin |
Je tombe tout d'abord sur une bizarrerie ; la
collection communale de la fin du XVIIe siècle comprend
plusieurs registres dont les périodes se chevauchent :
- 1665-1678 (13 janvier),
- 1674-1683,
- 1678-1681,
- 1682-1685.
Commençons par le premier. Dernier acte de l'année 1676, un
baptême daté du 4 mai, suivi de cette note laconique, dont je respecte
l'orthographe :
"Le reste des
baptesmes sec. de cet an 1676
est perdu ce qui est confiremé à la fin
du registre de 1675."
est perdu ce qui est confiremé à la fin
du registre de 1675."
Pas de trace de François
Doison.
Pas de trace non plus de la mention de perte, dans les pages
précédentes. Passons au deuxième registre. La voici, cette mention :
"Nota que le
registre de papier des baptesmes
mariages et mortuailles ou est escrit le baptesme cy dessus
qui est l'année mil six cent soixante seize avec son original
ont esté perdus chez le greffier et gardes des registres
d'Angers."
mariages et mortuailles ou est escrit le baptesme cy dessus
qui est l'année mil six cent soixante seize avec son original
ont esté perdus chez le greffier et gardes des registres
d'Angers."
Me voilà mal partie, mais ne perdons pas espoir, quelqu'un a
trouvé la solution, puisqu'il a indiqué une date précise sur GeneaNet. Je
tourne la page et je découvre une note, signée R. Serezin, "curé de la
ditte paroisse du Loroux Beconnais et en possession de laditte cure du premier
avril mil six cent soixante dix neuf".
Non, ce n'est pas un poisson d'avril !
Le curé en question explique que, s'étant rendu à Angers en
décembre 1687, il a acheté de ses propres deniers un registre pour y
recopier tous les actes à compter de l'année 1674, au cas où les originaux se
perdraient. Cet homme était-il un maniaque de l'ordre ou cherchait-il à occuper
ses longues soirées d'hiver ? je penche pour la première hypothèse.
En effet, suivent les années 1674 à 1682, avec indication du
folio du registre original pour chaque acte, et une table alphabétique des
baptêmes, mariages et sépultures pour chaque année. Bon, le classement
alphabétique se fait sur les prénoms, mais quand même ! il y a là de quoi
satisfaire amplement un généalogiste. Seule l'année 1683 s'interrompt en
novembre et ne comporte pas de table. Rien de grave, il existe un autre
registre, qui couvre les années 1682 à 1685, et qui semble être l'original sur
papier timbré.
L'année 1676, celle qui m'intéresse au premier chef,
comporte néanmoins une particularité ; le curé indique qu'il a trouvé
"un espèce de registre de la ditte année lequel est defectueux" : mélanges, actes manquants… C'est sans
nul doute celui que j'ai consulté en premier. Après enquête auprès de ses
paroissiens, René Serezin apprend que les procureurs de fabrique, chargés de
présenter chaque année les deux registres et d'en déposer un exemplaire au
greffe du diocèse d'Angers, ont manifestement oublié de rapporter le deuxième.
Qu'à cela ne tienne ! Tout d'abord, notre curé prend
soin d'obtenir une décharge auprès du doyen, puis il demande aux paroissiens de
lui indiquer les actes manquants, laissant pour cela des pages blanches dans le
registre, au cas où…
Piètre résultat : pour la période concernée, de mai à
décembre 1676, il recueille les témoignages pour sept événements seulement,
cinq baptêmes, un mariage et une sépulture. Ouf, le baptême de François Doison
fait partie du lot ! Cela donne ceci :
"Environ le mois
de may mil six cent soixante
seize a este baptisé francois fils de Ancelot
Doyson closier à la buffiere et de Julienne
seize a este baptisé francois fils de Ancelot
Doyson closier à la buffiere et de Julienne
Doyson closier à moyron maraine charlotte
Aubert demeurant en ce bourg et ce par
mr. crannier ainsy que
nous en a fait le
rapport ledit Ancelot Doyson pere".
rapport ledit Ancelot Doyson pere".
La lecture des autres actes rapportés est révélatrice des
repères temporels de l'époque : "le jour de St Michel", "le jour de St Jean des festes
de Noel", "le jour de
saint Laurant"… Soit respectivement
les 29 septembre, 27 décembre et 10 août, si je ne me trompe.
Décidément, la lecture des registres paroissiaux réserve
souvent bien des surprises. Nous avons beaucoup de chance qu'ils soient
parvenus si nombreux jusqu'à nous, à travers les vicissitudes du temps, sur
quatre ou cinq siècles…
Belle histoire...
RépondreSupprimerUn travailleur de l'ombre que ce curé. Tu peux le remercier à près de 3 siècles et demi d'écart.
RépondreSupprimerBravo, Dominique. Tu vois, il ne faut jamais désespérer.
RépondreSupprimerIl arrive parfois qu'il y ait aux AD plusieurs registres pour la même commune, par exemple s'il y a une église et un ou plusieurs hameaux ayant des chapelles. Il peut y avoir un registre par lieu de culte. J'ai rencontré cela dans les Hautes-Pyrénées au XVII ou XVIII° siècle. Il arrive aussi parfois que ces cahiers soient tous regroupés ensemble par année ce qui fait que la chronologie de lecture est cassée, ce qui n'arrange pas les recherches.
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