Continuons sur le thème du village de mes ancêtres. Je vous
ai déjà parlé des familles Le Tellier et Richard Duchatellier. Aujourd'hui, je
voudrais vous entretenir de la famille Maitreau.
Source Géoportail, carte IGN |
Cette dernière n'est pas à proprement parler originaire de
Concourson, même si elle y a fait souche et si ce patronyme, avec ses
différentes variantes orthographiques, y apparaît régulièrement à partir de
1729. Au XVIIe siècle, mon ancêtre Pierre Mestreau était maréchal
(on dirait aujourd'hui maréchal-ferrant) au Puy-Notre-Dame, à deux ou trois
lieues au sud-est, en direction de Montreuil-Bellay. Je descends de lui à la
neuvième génération.
Précisons au passage que le métier de maréchal revêtait une
importance particulière autrefois, dans la mesure où la traction animale était
alors prépondérante. On ferrait non seulement les chevaux et les mulets, mais
également les bœufs de labour. Chaque village avait son maréchal, qui
fabriquait également des pièces et des outils de métal et faisait aussi office
de vétérinaire(1).
Ce Pierre Mestreau avait épousé (quand et où ?) une
certaine Andrée Boutin, qui lui donna au moins cinq enfants entre novembre 1660
et septembre 1673. Ils furent tous
baptisés au Puy-Notre-Dame. Andrée Boutin fut inhumée en février 1692 dans le
cimetière de la paroisse, alors qu'elle avait une soixantaine d'années. Pierre
la suivit dans la tombe deux ans plus tard, en janvier 1694 ; il avait
alors soixante-cinq ans, selon les dires du curé.
Leur fils Pierre, baptisé le 2 septembre 1673, a priori
le dernier de la fratrie, épousa la jeune Perrine Flonneau, âgée de dix-sept
ans, le 22 février 1700 en l'église de Saint-Pierre des Verchers. La
localité s'appelle aujourd'hui les Verchers-sur-Layon. Au moment de son
mariage, Pierre qui, comme son père, exerçait le métier de maréchal, demeurait
dans un village relevant de la paroisse du Puy-Notre-Dame. Malheureusement,
l'acte est difficile à déchiffrer, j'ai beau écarquiller les yeux, consulter
les cartes de Cassini et le Dictionnaire historique du Maine-et-Loire de
Célestin Port, rien n'y fait. Il faudra peut-être que je me décide à faire
appel à un paléographe… ou que je participe à une nouvelle session avec
Pierre-Valéry Archassal(2) !
Lors de son mariage, Perrine Flonneau, dont le père était
également maréchal, demeurait dans le bourg de Saint-Pierre des Verchers. Le
couple s'y installa durablement puisque sept de leurs huit enfants identifiés,
six garçons et une fille, furent baptisés dans la même paroisse, de 1701 à
1723.
Mais où fut baptisé mon ancêtre direct Joseph ?
Mystère. J'ai patiemment épluché les registres paroissiaux de Saint-Pierre des
Verchers(3), des paroisses voisines de Saint-Just
des Verchers et de la Lande des Verchers, ainsi que ceux de Concourson, peine
perdue. Il serait né vers 1703 ou plus vraisemblablement entre 1705 et 1710,
compte tenu des naissances des autres enfants du couple, sans que je parvienne
à mettre la main sur son acte de baptême. Petite épine généalogique, diraient
Sophie Boudarel et, avec elle, tous ceux qui ont buté un jour sur ce genre de
difficulté.
Ce fut pourtant un personnage, ce Joseph Maitreau. Marié
trois fois, père d'au moins onze enfants, il a traversé tout le XVIIIe
siècle pour être porté en terre à l'âge présumé de quatre-vingt-huit ans en mai
1791, en présence de plusieurs de ses fils, petits-fils et gendres. Il exerça
d'abord, lui aussi, le métier de maréchal avant de devenir marchand fermier. Il
s'installa à Concourson lors de son premier mariage, en 1731, et y résida
jusqu'à sa mort. Présent aux multiples événements, baptêmes, mariages,
inhumations, de sa prolifique famille, mais sans jamais apposer sa signature en
bas d'un acte, car il ne savait sans doute pas écrire.
Son frère Antoine s'était également marié à Concourson deux
ans auparavant, en 1729. Leur père, Pierre, y fut inhumé en mars 1742. J'ai
longtemps cherché l'acte de sépulture de ce dernier aux Verchers-sur-Layon et
au Puy-Notre-Dame, avant de tomber dessus par hasard, en épluchant les
registres paroissiaux de Concourson alors que je travaillais sur une autre
branche de la famille.
Je constate qu'en trois générations, les Maitreau se sont
déplacés du Puy-Notre-Dame à Concourson, en passant par les Verchers-sur-Layon
(certes, cela ne représente qu'une douzaine de nos modernes kilomètres). Est-ce
le métier de maréchal qui a facilité cette mobilité ? Certains resteront à
Concourson jusqu'au XIXe siècle, d'autres s'installeront dans des
communes voisines du Maine-et-Loire ou des Deux-Sèvres, sans beaucoup
s'éloigner de la terre de leurs ancêtres.
Jusqu'à ce que l'un d'eux, mon arrière-grand-père Achille
Maitreau, fils d'André Maitreau et de Perrine Richard Duchatellier, né à
Concourson en 1821, embrasse la carrière militaire… mais ceci est une autre
histoire.
(1) Selon M.-O.
Mergnac, Les métiers d'autrefois, Editions Archives et Culture
(2) J'attends
avec impatience le programme 2014 des ateliers organisés par la Revue française
de Généalogie.
(3) Qui dispose
même d'un répertoire annuel de tous les actes de baptême, de mariage et de
sépulture à partir de 1692, impeccablement rédigé, merci à son auteur anonyme.
A suivre
RépondreSupprimerCaptivant car écrit avec coeur.
A ces militaires! Toujours par monts et par vaux...
(J'ai les mêmes dans ma famille)
continuez
Une lecture aussi agréable qu'un roman, merci Dominique ...
RépondreSupprimer