mercredi 4 juin 2014

D comme domiciles

Penchons-nous aujourd'hui sur les lieux où ma grand-mère passa son enfance, à la toute fin du XIXe siècle, avant de rencontrer son futur mari : certains dont elle ne parlait jamais et d'autres qui alimentaient nombre de ses conversations.

Julia vit donc le jour le 29 mai 1882 au n°17 de la rue de la Préfecture(1) à Pau. Comme avant elle sa sœur aînée Jeanne, née en décembre 1879, et son frère aîné Paul, en avril 1881.

À cette époque, les officiers de l'état civil des Basses-Pyrénées ne se contentaient pas d'indiquer le numéro de la rue en face du lieu de naissance, ils notaient aussi le nom du propriétaire de la maison. Nous savons donc que cet immeuble de rapport, construit à la fin du XVIIIe siècle à l'angle de la rue Saint-Louis, appartenait alors à un certain monsieur d'Abbadie.

Le couple formé par Théodore Fourcade, négociant chemisier, et son épouse, Eugénie Caperet, s'installa ensuite au-dessus du magasin, à l'angle de la rue des Arts(2) et de la rue Nouvelle-Halle(3). Nous sommes toujours en centre ville de Pau.

Chemiserie Fourcade à Pau, Archives personnelles

La famille s'agrandissait au fil des ans : Joseph en janvier 1884, Jean en octobre 1889 et Théo en juin 1894 virent le jour dans cette maison que l'adjoint au maire appelle "Bataille Sévignac".

Ma grand-mère n'évoquait jamais les deux aînés, morts durant son enfance (j'en ignorais même l'existence, avant de me lancer dans des recherches généalogiques). Si cela peut se comprendre pour Jeanne, disparue alors que Julia n'avait que trois ans, c'est plus surprenant pour Paul, emporté en mars 1892, alors que Julia allait avoir dix ans. Je note néanmoins qu'elle donna ce même prénom à son propre fils.

Ces décès expliquent sans doute pourquoi Julia, réputée de santé fragile, fut toute sa vie l'objet d'une attention particulière. Avec succès, semble-t-il, puisqu'elle donna le jour à cinq enfants ; traversa sans encombre les privations de deux longues guerres ; enterra son mari ; survécut à tous ses frères ; et resta veuve durant vingt-sept ans, avant de lâcher prise à quatre-vingt-quatre ans révolus !

Mais nous n'en sommes pas là. Selon la tradition familiale, ce serait sur recommandation de leur voisin et ami, le docteur Lacoste, que le couple Fourcade aurait acquis la ferme "Labourie". Elle était située à Lons, route de Lescar. À quelle date ? voilà un événement à valider en consultant les matrices cadastrales.

C'est encore à une autre adresse qu'Henri, le plus jeune de la fratrie, vit le jour : son acte de naissance indique la "maison Planté, chemin Méon".

Enfin vers 1900, Théodore Fourcade acheta une propriété non loin de là, sur la route de Bordeaux(4). Elle comprenait une villa principale et une autre maison d'habitation, un bâtiment à usage d'écurie, des remises, une cour, un jardin potager, un jardin d'agrément et une prairie. On racontait qu'elle avait appartenu au duc de Cadaval, huitième du nom. Quoi qu'il en fut, un paradis pour les enfants.

Bagatelle Park allait devenir la maison de famille des Fourcade. Celle qui marque définitivement les esprits sur plusieurs générations. Lieu de séjour et de festivités, merveilleux terrain de jeu pour une flopée de cousins et de cousines, théâtre des principaux événements familiaux… mais aussi enjeu de querelles et source d'interminables fâcheries, comme les héritiers en ont parfois le secret lorsque d'importantes sommes d'argent sont en jeu. Les mauvaises langues diront que ce sont les pièces rapportées qui sèment la zizanie et je crois en effet que mon grand-père, le mari de Julia, fit partie de ceux-là. Cela pourrait faire l'objet d'un autre billet (H comme héritage ?).

Bizarrement, je n'ai pas de photo de la maison proprement dite, mais j'ai eu la chance d'y passer de belles journées d'été, avant qu'elle ne soit livrée aux promoteurs immobiliers. Je me souviens encore des grandes tablées qui réunissaient trois générations dans sa vaste salle-à-manger…





(1) Aujourd'hui rue du Maréchal Joffre.
(2) Aujourd'hui rue Valéry Meunier.
(3) Aujourd'hui rue du Maréchal Foch.
(4) Aujourd'hui avenue Jean Mermoz.

4 commentaires:

  1. Bonsoir Dominique,
    Votre billet sur Pau n'a pas manqué de intéresser.
    Je suppose que vous connaissez Pireneas et en particulier les ressources photographiques:http://patrimoine.pireneas.fr/architecture-et-urbanisme/rues-et-avenues.
    Bon courage pour la suite du challenge.

    RépondreSupprimer
  2. Cela devait être quelque chose lors des repas où tout le monde était réuni ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En fait, j'ai participé à peu de repas de famille, car j'étais la petite Parisienne et, à l'époque, c'était une expédition de descendre dans le sud-ouest… mais ceux auxquels j'ai participé ont laissé de grands souvenirs.

      Supprimer

Votre commentaire sera publié après approbation.