Parmi les papiers de famille dont je suis dépositaire,
figurent une dizaine de menus de fête, certains datés et d'autres non, mais
tous surprenants si je les compare aux pratiques actuelles.
Je n'ai aucune indication précise sur les circonstances pour
lesquelles ils ont été rédigés, mais je puis avancer quelques hypothèses sans
grand risque de me tromper.
Le premier menu est
daté du 7 octobre 1900. Un dimanche. J'en ai trois exemplaires, le
premier au nom de "mademoiselle
Julia Fourcade", un autre au nom de sa tante du côté maternel et le
troisième au nom de sa future belle-sœur. J'en conclus qu'il s'agit
vraisemblablement du repas de fiançailles de ma grand-mère. Une main anonyme a
pris soin de rédiger les menus et de les illustrer avec un motif différent pour
chaque convive. Le repas se termine par un "café Bagatelle-Park", qui semble indiquer que les festivités
ont lieu dans la propriété familiale.
Julia vient de rentrer de son escapade parisienne avec son
père, un voyage qui a donné lieu à des échanges épistolaires avec Maurice, déjà
évoqués dans un précédent billet. Le mariage sera célébré sept semaines plus
tard. Les circonstances sont suffisamment exceptionnelles à ses yeux pour que
ma grand-mère ait gardé ces cartons à travers les décennies.
Les trois menus suivants
sont datés de 1929 : respectivement le dimanche 29 septembre, le
lundi 18 novembre et le mardi 19. À coup sûr, les fiançailles, le mariage
civil et le mariage religieux de la fille aînée de Julia, Suzanne. Le carton du
19 novembre, à l'enseigne du Grand Hôtel à Pau, est orné d'un monogramme
bleu et or, un M et un G entrelacés, les initiales des patronymes des
deux époux.
Un dernier menu est
daté du 10 décembre 1939. À nouveau un dimanche. À n'en pas douter, les
fiançailles de mes parents, qui se sont rencontrés pour la première fois deux
mois plus tôt et se marieront le mois suivant. Le bristol bleu est plus sobre,
les temps ont changé.
D'autres cartons, au nom de "M. Maurice Maitreau", "Monsieur Maitreau", "Madame
Maitreau", ne comportent malheureusement aucune date. Leur graphisme
les situerait pour l'un à la Belle Époque et pour les autres durant
l'entre-deux-guerres, mais je n'en sais pas plus.
Ces repas de fête comportent tous un nombre impressionnant
de services : au moins six, et jusqu'à dix pour le plus impressionnant
d'entre eux. Potage ou consommé, poisson ou crustacé, préparation en brioche ou
en croûte, volaille, gibier, viande rôtie, légumes, salade, dessert glacé,
petits fours, fruits et friandises… les lignes se succèdent sur les bristols et
les mets dans les assiettes ! Seuls les fromages sont absents de ces
agapes.
La liste des vins servis est à l'avenant, avec une nette
prédominance des crus bordelais, sud-ouest oblige. Pas moins de quatre bordeaux
blancs et de cinq bordeaux rouges, sans compter un Muscat de Samos et un
champagne, pour les fiançailles de Suzanne en septembre 1929.
Je terminerai par une mention spéciale pour la bombe
Nesselrode, servie lors de son mariage, quelques semaines plus tard : je
lui trouve un parfum proustien ! Imaginez un dessert glacé à base de purée
de marrons, de marasquin, de fruits confits et de crème anglaise…
Assiette du service Gascogne Collection personnelle |
A manger tout cela, je meurs sur place! surtout en 1900 avec leurs corsets, comment elles faisaient ! Il me plairait aussi de savoir ce qu'est "un gateau misérable" ? super light pour compenser ? !!!
RépondreSupprimerbon appétit
selma cayol
Je n'ai pas la recette, hélas, mais je me suis fait la même réflexion.
SupprimerJ'ai eu la même réaction que Selma, je ne pourrais pas manger tout cela, les repas devaient durer des heures avec des pauses entre les plats pour que cela soit possible, non ?
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