Situé dans le département des Hautes-Pyrénées, le cirque de
Gavarnie est un cirque d'origine glaciaire. Une cascade dégringole le long de
la paroi rocheuse sur plus de quatre cents mètres de hauteur ; elle
alimente un torrent qui prendra plus loin le nom de gave de Pau.
Julia Fourcade, avec son mari et son fils Archives personnelles |
C'est apparemment dans ce cirque que s'aventure Julia dans
cet étrange équipage. En tête marche son fils Paul, tenant par la bride l'âne
(ou le mulet ?) sur lequel est juchée ma grand-mère. Puis viennent son
époux Maurice et un deuxième animal.
Nous sommes vraisemblablement au début des années trente.
Je ne puis m'empêcher de sourire. Certes, mon oncle Paul a
revêtu une tenue relativement sport pour l'époque : pantalon de toile,
veston de tweed et robustes chaussures, mais il n'en a pas abandonné pour
autant la cravate, ni le feutre, ni la pochette. Mon grand-père a pour sa part conservé
son costume trois pièces et son chapeau. Sa cravate est nouée sur un col à
coins cassés qu'il arborera jusqu'à la fin de sa vie.
Et que dire de Julia ? Elle n'a ni gants, ni chapeau,
seules concessions à la rusticité de l'endroit. Elle se protège des ardeurs du
soleil sous une ombrelle qu'elle tient crânement au-dessus de sa tête. Et c'est
bien un sac à main que j'aperçois sur ses genoux. Une question, à ce
propos : monterait-elle à califourchon ? Le barda sur l'encolure de
l'animal ne permet pas de le savoir… car, à ma connaissance, ma grand-mère n'a
de toute sa vie jamais porté de pantalon !
Julia m'a d'ailleurs souvent raconté qu'à son époque les
femmes qui pratiquaient l'équitation montaient en amazone, avec une tenue et
une selle spécialement conçues à cet effet, mais à mon grand regret je n'ai
aucune photo d'elle dans de telles circonstances.
J'imagine que le couple était en villégiature dans la
région. Nous sommes en effet à une centaine de kilomètres de Pau, cent-vingt
kilomètres d'Oloron et plus de deux cent vingt kilomètres de Toulouse, où mes
grands-parents résidaient vers 1935. La lumière est une lumière d'été, avec des
ombres courtes comme elles le sont en milieu de journée.
Est-ce à l'hôtel des Voyageurs qu'ils ont loué leurs
montures ? Cet établissement avait vu passé nombre de
"pyrénéistes", dont le comte Henry Russell(1),
un original qui a une avenue à son nom à Pau. L'histoire ne le dit pas.
Je remarque aussi que les sœurs de Paul sont absentes de la
photo : cela peut se comprendre pour Suzanne, qui s'est mariée en 1929,
mais où sont ma mère et sa plus jeune sœur, Jacqueline ? Et qui a pris cet
instantané ? Autant de questions qui risquent de demeurer pour toujours
sans réponse…
(1) C'est Henry Russel-Killough (1834-1909), d'abord voyageur, puis infatigable
explorateur des sommets pyrénéens, qui a inspiré à Jules Verne le personnage de
Phileas Fogg.
Je ne me lasse pas de découvrir tes photos et souvenirs de famille.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup de chance, la famille du côté de ma mère appréciait manifestement beaucoup les photos : j'en ai plusieurs centaines !
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