Léguées par les générations précédentes, enjolivées par
celui ou celle qui les transmet à la génération suivante, chaque famille a les
siennes : récits mythiques auxquels prêter l'oreille avec précaution,
contes destinés à enjoliver les rêves et enflammer les imaginations, épisodes
légendaires dont un ancêtre est le héros entré comme par effraction dans la
grande histoire…
Les légendes familiales s'appuient souvent sur des faits
réels et des individus ayant existé, mais les liens se sont emmêlés, la
chronologie a été bousculée et l'association des uns avec les autres est devenue
plus qu'hasardeuse. À se demander si un lutin farceur n'aurait pas cherché à
brouiller les pistes.
On racontait, dans la branche maternelle de ma famille,
qu'un aïeul, rescapé de la retraite de Russie (en 1812, je le rappelle au
passage pour ceux qui auraient du mal avec les dates historiques), avait prêté
son manteau au maréchal Ney et qu'il avait laissé des instructions pour être
enterré dans le précieux vêtement. J'ai entendu l'histoire à plusieurs
reprises. Je me demande même si je ne m'en suis pas vantée, quand j'avais une
dizaine d'années, auprès du professeur qui évoquait les guerres napoléoniennes.
La généalogie m'offre aujourd'hui l'occasion de démêler le vrai du faux.
Deux de mes ancêtres directs ont effectivement choisi le
métier des armes. Le premier, né en novembre 1800, a accompli l'essentiel de sa
carrière sous la Restauration et la Deuxième République. À son actif, deux
campagnes en Afrique, du temps où le maréchal Bugeaud était gouverneur général
de l'Algérie. Le second, né en janvier 1821, fut un temps voltigeur de la garde
impériale de Napoléon III. À son actif, une campagne en Italie en 1859 et
la campagne contre la Prusse en 1870. Ils furent l'un et l'autre chevaliers de
la Légion d'honneur.
À l'évidence, aucun des deux ne peut endosser le manteau légendaire !
Mais j'imagine assez bien comment la confusion a pu s'installer entre leurs
faits d'armes et la lecture de l'épopée napoléonienne, sous le portrait du
premier, en uniforme militaire, accroché au mur d'un salon palois.
Ainsi se tissent les légendes familiales…
Portrait de François Morel Collection personnelle |
La légende est belle et comme disait Anatole France, les histoires n'ont d'intérets qu'avec une part de mensonge.
RépondreSupprimerPeut-être s'agit-il d'un autre ancêtre dont la carrière a été moins glorieuse pendant les guerres napoléoniennes ?
RépondreSupprimerCette histoire est trop belle pour être inventée, non ?
Jusqu'à présent, je n'ai pas trouvé qui aurait pu endosser ce fameux manteau… Autre possibilité : le manteau a été prêté par l'un de mes deux ancêtres identifiés, mais à un personnage moins célèbre que le maréchal Ney, au cours d'une campagne moins connue que la retraite de Russie. Et ensuite, il y a eu amalgame.
SupprimerCes légendes familiales sont passionnantes. A partir du moment où elles nous poussent à les vérifier, c'est parti pour un approfondissement et des confrontations avec la généalogie. Cela amène d'autres découvertes. C'est l'objet d'un billet intéressant !
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