Éléments indispensables pour reconstituer une partie de la
vie de nos ancêtres, ils prennent des formes variées : contrats, livres de
raison, correspondance, portraits, photographies, faire-part, coupures de
presse… Et constituent le matériau de base pour écrire l'histoire familiale.
Les documents sont intéressants à plus d'un titre. Par leur
contenu tout d'abord, qui nous transmet évidemment des informations, mais
également par leur support et la façon dont celui-ci est utilisé. Je
m'explique. Prenons une missive : le texte exprime des faits, des
émotions, des sentiments, mais nous en apprenons également beaucoup par la
qualité du papier, l'écriture, la façon dont les lignes occupent et parfois
envahissent l'espace… sans parler du vocabulaire ni de l'orthographe !
De même avec les photos(1) :
le choix du décor, la pose, la place de chacun par rapport aux autres, les
annotations au dos du tirage, il y a largement de quoi se livrer à quantité de
supputations. Sans oublier les clichés qui nous parviennent tronqués (la manie
d'une de mes tantes, lorsque l'un des personnages ne lui revenait pas !).
D'innombrables menus plaisirs en perspective, donc, lorsque
le généalogiste se lance dans l'exploitation des documents familiaux.
J'ai déjà évoqué sur ce blog certains documents dont je suis
dépositaire, mais s'il me fallait indiquer les plus précieux à mes yeux ?
Choix difficile. Des manuscrits, sans aucun doute, pour leur charge
émotionnelle. Peut-être les lettres écrites par mon père à ma mère, et
précieusement gardées par elle, lorsqu'il reprit un temps du service dans
l'armée à la fin de la guerre de 1939-1945. Parce que durant les trente
dernières années de sa vie, il se refusait obstinément à prendre la plume, je
n'imaginais pas qu'il pouvait narrer par le menu les mille détails de sa vie
quotidienne, lorsqu'il était temporairement éloigné du cercle familial.
Ou ce bout de papier glissé derrière un portrait de ma mère,
alors qu'il était veuf : "… les
souvenirs ne comblent pas le vide créé par la disparition d'un être cher. Ils
le creusent, car chaque réminiscence d'un passé commun rend plus évidente
l'absence de l'autre…"(2)
(1) Voir à ce sujet le livre de Christine Ulivucci, Ces photos qui nous parlent, une relecture
de la mémoire familiale, Payot, 2014, 238 pages, ISBN
978-2-228-91063-7
(2) C'est, semble-t-il, une citation de Maurice
Denuzière.
J'imagine facilement la charge émotionnelle à la lecture de mots si emprunts d'affection.
RépondreSupprimerMerci pour ce partage.
Ce choix de citation est révélateur.
RépondreSupprimerMerci pour cette émouvante citation. Elle dévoile la sensibilité de votre papa, même s'il ne l'a pas montrée.
RépondreSupprimerEt quelle pudeur de sentiments (cachée derrière le portrait de votre maman)...J'en ai eu des frissons.