lundi 8 mai 2017

La métairie des Rochettes, 3e épisode : les protagonistes

Combien de personnes présentes lors de l'adjudication des Rochettes ? Dans la salle où va se dérouler la vente de biens nationaux du district de Vihiers, le 11 février 1791, plusieurs protagonistes se font remarquer.

Signatures au bas de l'acte d'adjudication des Rochettes
AD Maine-et-Loire 1 Q 501

François Armand Vollaige, tout d'abord, est là en tant que "administrateur du département et commissaire nommé en cette partie, pour représenter M. le Procureur général syndic du département de Maine-et-Loire(1)". Une recherche sur les différents sites de généalogie accessibles sur la toile m'en apprend davantage sur le personnage. Fils de François Vollaige, écuyer, seigneur de Verdigny et de Chavagnes, et de Marie Anne Boussicault, il fut baptisé le 28 janvier 1742 en la paroisse Saint-Maurille d'Angers.

Présent aux épousailles de son cousin germain, Armand René Vollaige de Vaugiraud, à Daon (Mayenne) en septembre 1777, il  est alors qualifié d'écuyer, seigneur de Chavagnes, conseiller du roi et auditeur en sa chambre des comptes de Bretagne, et signe "Vollaige de Chavagnes" au bas de l'acte de mariage. Il parviendra, semble-t-il, à traverser sans encombre la période trouble de la Révolution et s'éteindra en octobre 1824 à quatre-vingt-deux ans, dans la commune de Chavagnes-les-Eaux, dont il était maire depuis le 1er messidor an VIII(2).

Honoré Borit et François Cognée, ensuite, sont les commissaires nommés par la municipalité de Concourson pour procéder à l'adjudication des biens nationaux. Il me semblait les avoir déjà croisés lors de mes recherches généalogiques et avoir lu leurs signatures au bas de certains actes.

Effectivement, Honoré Borit était greffier de l'assemblée paroissiale de Concourson, élue en septembre 1787, dans laquelle siégeaient mes ancêtres François Maitreau et René Richard Duchatellier(3). Il sera témoin, lors du mariage de la plus jeune fille de François Maitreau, Jacquine, en avril 1813. Mais nous n'en sommes pas encore là.

J'ai plus de difficulté à identifier François Cognée, parmi les six ou sept qui figurent dans ma base de données, mais je penche pour celui qui épousa Louise Beaumont à Nueil-sur-Layon en janvier 1777 et qui avait une quarantaine d'années lors de la vente qui nous intéresse. Sa signature a pu évoluer au fil des années, mais le tracé malhabile des lettres se répète d'acte en acte.

François Maitreau et René Baumont sont les deux acquéreurs. Le premier est mon ancêtre direct à la sixième génération. Époux de Marie Bernier, père de dix enfants dont sept atteindront l'âge adulte, il a quarante-cinq ans au moment où il achète les Rochettes, mais il ne sait pas qu'il lui reste à peine trois ans à vivre, avant d'être abattu d'une balle en pleine tête sur la route de Coron à Vezins, en janvier 1794. Cette mort violente, attribuée aux "insurgés de la Vendée", a-t-elle un lien avec l'acquisition d'un bien national ? Peut-être.

René Baumont m'a donné plus de fil à retordre. Parmi ceux qui figurent dans ma base de données, trois d'entre eux au moins pouvaient prétendre être l'associé de mon ancêtre dans cette affaire. Il m'a fallu examiner plusieurs actes de mariage, pour y repérer enfin cette façon particulière d'imbriquer le R et le B dans la signature. Plus de doute possible : il s'agit de René Joseph Baumont, époux de Marie Anne Renée Turpault, qu'il a épousée aux Aubiers quelques années auparavant.

Il a trente-trois ans révolus au moment de l'achat des Rochettes et demeure à Saint-Georges-Châtelaison, après avoir résidé à Nueil-sous-Passavant durant les premières années de son mariage. Il en sera même un temps maire et procureur syndic, lorsque la commune aura troqué son ancien toponyme contre celui plus révolutionnaire de Georges-les-Mines ! Mais je perds sa trace au printemps 1797… pour le voir réapparaître lors du mariage de son fils Félix à Doué-la-Fontaine en 1822. Est-ce lui qui décède en février 1828 à Saint-Georges-Châtelaison ?

D'autres signatures apparaissent au bas du procès-verbal d'adjudication, mais les personnages n'étant pas cités dans le corps de l'acte, il m'est plus difficile de les identifier.




(1) Institué par l'Assemblée constituante en décembre 1789, le procureur général syndic d'un département est élu pour quatre ans, pour assister aux assemblées générales de l'administration du département, où il n'a que voix consultative. Sorte d'interface entre le pouvoir central et l'administration locale, dirions-nous aujourd'hui. Poste supprimé par la Convention et remplacé par des agents nationaux.

(2) Soit le 8 juin  1800.

(3) Voir le billet intitulé Une élection sous l'Ancien Régime, publié le 12 août 2013.

2 commentaires:

  1. A partir d'un acte, toute une histoire se révèle. Bravo Dominique.

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    1. Encore merci de m'avoir accompagnée aux Archives du Maine-et-Loire !

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