Combien de personnes présentes lors de l'adjudication des
Rochettes ? Dans la salle où va se dérouler la vente de biens nationaux du
district de Vihiers, le 11 février 1791, plusieurs protagonistes se font
remarquer.
Signatures au bas de l'acte d'adjudication des Rochettes AD Maine-et-Loire 1 Q 501 |
François Armand
Vollaige, tout d'abord, est là en tant que "administrateur du département et commissaire nommé en cette partie,
pour représenter M. le Procureur général syndic du département de
Maine-et-Loire(1)".
Une recherche sur les différents sites de généalogie accessibles sur la toile
m'en apprend davantage sur le personnage. Fils de François Vollaige, écuyer,
seigneur de Verdigny et de Chavagnes, et de Marie Anne Boussicault, il fut
baptisé le 28 janvier 1742 en la paroisse Saint-Maurille d'Angers.
Présent aux épousailles de son cousin germain, Armand René
Vollaige de Vaugiraud, à Daon (Mayenne) en septembre 1777, il est alors qualifié d'écuyer, seigneur de
Chavagnes, conseiller du roi et auditeur en sa chambre des comptes de Bretagne,
et signe "Vollaige de Chavagnes"
au bas de l'acte de mariage. Il parviendra, semble-t-il, à traverser sans
encombre la période trouble de la Révolution et s'éteindra en octobre 1824 à
quatre-vingt-deux ans, dans la commune de Chavagnes-les-Eaux, dont il était
maire depuis le 1er messidor an VIII(2).
Honoré Borit et François Cognée, ensuite, sont les
commissaires nommés par la municipalité de Concourson pour procéder à
l'adjudication des biens nationaux. Il me semblait les avoir déjà croisés lors
de mes recherches généalogiques et avoir lu leurs signatures au bas de certains
actes.
Effectivement, Honoré Borit était greffier de l'assemblée
paroissiale de Concourson, élue en septembre 1787, dans laquelle siégeaient mes
ancêtres François Maitreau et René Richard Duchatellier(3).
Il sera témoin, lors du mariage de la plus jeune fille de François Maitreau,
Jacquine, en avril 1813. Mais nous n'en sommes pas encore là.
J'ai plus de difficulté à identifier François Cognée, parmi
les six ou sept qui figurent dans ma base de données, mais je penche pour celui
qui épousa Louise Beaumont à Nueil-sur-Layon en janvier 1777 et qui avait une
quarantaine d'années lors de la vente qui nous intéresse. Sa signature a pu
évoluer au fil des années, mais le tracé malhabile des lettres se répète d'acte
en acte.
François Maitreau
et René Baumont sont les deux
acquéreurs. Le premier est mon ancêtre direct à la sixième génération. Époux de
Marie Bernier, père de dix enfants dont sept atteindront l'âge adulte, il a quarante-cinq
ans au moment où il achète les Rochettes, mais il ne sait pas qu'il lui reste à
peine trois ans à vivre, avant d'être abattu d'une balle en pleine tête sur la
route de Coron à Vezins, en janvier 1794. Cette mort violente, attribuée
aux "insurgés de la Vendée",
a-t-elle un lien avec l'acquisition d'un bien national ? Peut-être.
René Baumont m'a donné plus de fil à retordre. Parmi ceux
qui figurent dans ma base de données, trois d'entre eux au moins pouvaient
prétendre être l'associé de mon ancêtre dans cette affaire. Il m'a fallu
examiner plusieurs actes de mariage, pour y repérer enfin cette façon
particulière d'imbriquer le R et le B dans la signature. Plus de doute
possible : il s'agit de René Joseph Baumont, époux de Marie Anne Renée
Turpault, qu'il a épousée aux Aubiers quelques années auparavant.
Il a trente-trois ans révolus au moment de l'achat des
Rochettes et demeure à Saint-Georges-Châtelaison, après avoir résidé à
Nueil-sous-Passavant durant les premières années de son mariage. Il en sera
même un temps maire et procureur syndic, lorsque la commune aura troqué son
ancien toponyme contre celui plus révolutionnaire de Georges-les-Mines !
Mais je perds sa trace au printemps 1797… pour le voir réapparaître lors du
mariage de son fils Félix à Doué-la-Fontaine en 1822. Est-ce lui qui décède en
février 1828 à Saint-Georges-Châtelaison ?
D'autres signatures apparaissent au bas du procès-verbal
d'adjudication, mais les personnages n'étant pas cités dans le corps de l'acte,
il m'est plus difficile de les identifier.
(1) Institué par l'Assemblée constituante en décembre 1789, le procureur général
syndic d'un département est élu pour quatre ans, pour assister aux assemblées
générales de l'administration du département, où il n'a que voix consultative.
Sorte d'interface entre le pouvoir central et l'administration locale,
dirions-nous aujourd'hui. Poste supprimé par la Convention et remplacé par des
agents nationaux.
(2) Soit le 8 juin 1800.
A partir d'un acte, toute une histoire se révèle. Bravo Dominique.
RépondreSupprimerEncore merci de m'avoir accompagnée aux Archives du Maine-et-Loire !
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