lundi 3 octobre 2016

Infirmière de la Croix rouge

Nous sommes le 3 octobre. Date anniversaire de la première rencontre de mes parents, en 1939, à l'hôpital installé dans l'ancien casino de Pau, où mon père avait été admis pour une angine(1).

Ma mère avait vingt-six ans et elle était infirmière de la Croix rouge. Elle avait jusqu'alors connu l'existence sans histoire d'une jeune fille de la bourgeoisie provinciale. Pas question de se présenter à l'examen du baccalauréat, il est plus utile de savoir servir le  thé, cuisiner des plats simples, dresser une table, ourler des nappes et broder des serviettes à son chiffre !

Portrait de ma mère, collection privée

Toutefois, à la fin des années trente, l'horizon s'obscurcissait dangereusement et Maurice Maitreau, mon grand-père maternel dont la santé n'allait pas tarder à se dégrader, prit sans doute conscience de la situation : il devenait urgent que ses deux plus jeunes filles acquièrent un bagage qui leur permette d'affronter les difficultés financières à venir.

Jacqueline, la plus jeune, obtint en juillet 1938 un diplôme de dactylographie, auquel elle ajouterait en février 1940 un diplôme de sténographie.

Ma mère s'orienta (ou fut orientée ?) vers de courtes études d'infirmière(2). Voici les documents à ma disposition pour retracer son parcours :
  • Un livret d'infirmière de la Société française de secours aux blessés militaires (SSBM), avec sa photo,
  • Une lettre d'affectation à l'hôpital militaire du Casino municipal de Pau, datée du 20 septembre 1939, signée du général Salenave-Pousse, avec l'inscription "secret mobilisation",
  • Une lettre de service, non datée, signée du même général et faisant vraisemblablement office de laisser-passer,
  • Un brassard de la Croix rouge française.

 Le livret, qui porte le numéro 44466, permet d'en apprendre davantage sur le cursus que suivit ma mère. Si je comprends bien, l'apprentissage dura de début novembre 1938 à fin mai 1939 : 56 cours théoriques, des cours pratiques (bandages, pansements, injections…), un stage de trente-deux jours dans un dispensaire, puis trois stages de quinze jours successivement dans un service de médecine, dans un service de chirurgie et dans un service de pédiatrie.

Les commentaires de la directrice et des médecins chefs de service figurant dans le livret sont plutôt élogieux.

Le brassard conservé par ma mère, collection privée

Le 25 mai 1939, ma mère obtenait le diplôme simple d'infirmière et s'engageait à "remplir, en temps de guerre, les fonctions d'infirmière dans une des formations sanitaire de l'Armée ou de la Société". La société en question était la SSBM(3) évoquée plus haut.

Quelques mois encore, et elle ferait la connaissance de mon père.




(1) Voir le billet intitulé Un mariage sous l'uniforme, publié en juin 2013.

(2) Rien à voir avec les trois ans d'études aujourd'hui nécessaires pour devenir infirmière diplômée d'état.

(3) La Société française de Secours aux Blessés Militaires, créée en 1864, seule reconnue par le Comité international de la Croix rouge, fusionna le 7 août 1940 avec l'Association des dames françaises et l'Union des femmes de France pour devenir l'association Croix rouge française.

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