Nous sommes le 3 octobre. Date anniversaire de la
première rencontre de mes parents, en 1939, à l'hôpital installé dans l'ancien
casino de Pau, où mon père avait été admis pour une angine(1).
Ma mère avait vingt-six ans et elle était infirmière de la
Croix rouge. Elle avait jusqu'alors connu l'existence sans histoire d'une jeune
fille de la bourgeoisie provinciale. Pas question de se présenter à l'examen du
baccalauréat, il est plus utile de savoir servir le thé, cuisiner des plats simples, dresser une
table, ourler des nappes et broder des serviettes à son chiffre !
Portrait de ma mère, collection privée |
Toutefois, à la fin des années trente, l'horizon
s'obscurcissait dangereusement et Maurice Maitreau, mon grand-père maternel dont
la santé n'allait pas tarder à se dégrader, prit sans doute conscience de la
situation : il devenait urgent que ses deux plus jeunes filles acquièrent
un bagage qui leur permette d'affronter les difficultés financières à venir.
Jacqueline, la plus jeune, obtint en juillet 1938 un diplôme
de dactylographie, auquel elle ajouterait en février 1940 un diplôme de
sténographie.
Ma mère s'orienta (ou fut orientée ?) vers de courtes
études d'infirmière(2).
Voici les documents à ma disposition pour retracer son parcours :
- Un livret d'infirmière de la Société française de secours aux blessés militaires (SSBM), avec sa photo,
- Une lettre d'affectation à l'hôpital militaire du Casino municipal de Pau, datée du 20 septembre 1939, signée du général Salenave-Pousse, avec l'inscription "secret mobilisation",
- Une lettre de service, non datée, signée du même général et faisant vraisemblablement office de laisser-passer,
- Un brassard de la Croix rouge française.
Les commentaires de la directrice et des médecins chefs de
service figurant dans le livret sont plutôt élogieux.
Le brassard conservé par ma mère, collection privée |
Le 25 mai 1939, ma mère obtenait le diplôme simple
d'infirmière et s'engageait à "remplir,
en temps de guerre, les fonctions d'infirmière dans une des formations
sanitaire de l'Armée ou de la Société". La société en question était
la SSBM(3)
évoquée plus haut.
Quelques mois encore, et elle ferait la connaissance de mon
père.
(2) Rien à voir avec les trois ans d'études aujourd'hui nécessaires pour devenir
infirmière diplômée d'état.
(3) La Société française de Secours aux Blessés Militaires, créée en 1864, seule
reconnue par le Comité international de la Croix rouge, fusionna le 7 août
1940 avec l'Association des dames françaises et l'Union des femmes de France
pour devenir l'association Croix rouge française.
Un bien tendre hommage
RépondreSupprimerQu'elle belle ressemblance avec ta maman.
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