J'étais à la recherche de l'acte de sépulture de Jehanne
Boilledé, l'une de mes ancêtres à la treizième génération (Sosa 6069), dans les
registres paroissiaux du Louroux-Béconnais.
Mon point de départ : le mariage de sa fille avec Guillaume
Rousseau, le 9 février 1641. Il est indiqué dans l'acte que Renée Briant
est la "fille de Jacques Briant et
de deffuncte Jehanne Boilledé". Il ne me restait plus qu'à
feuilleter le registre des sépultures, en partant de février 1641 et en remontant
le temps.
Le volume est de lecture relativement aisée. La mise en page
est soignée, avec une marge généreuse, dans laquelle est indiqué le patronyme,
une lettrine en tête de chaque acte et la magnifique signature du prêtre, Jean
Bourgeoys. Ce dernier ne m'est d'ailleurs pas tout à fait inconnu : il a
été confronté à une épidémie de peste qui a ravagé le bourg, à compter de l'été
1638, et a enterré successivement le curé, deux vicaires, un chapelain et un
sacristain, sans compter nombre de paroissiens ordinaires(1).
L'occasion d'apprécier au passage quelques patronymes
superbement calligraphiés dans leur orthographe de l'époque : Alland,
Mengeard, Briseboys, Gauldin, Fourmy, Guillou, Nepveu, Lefrançoys…
Un acte intitulé "Enfant
trouvé" attire soudain mon regard.
Petit exercice de paléographie :
AD Maine-et-Loire, Le Louroux-Béconnais Sépultures 1583-1667 vue 212/327 |
"Le quinziesme jour du moys de Septembre l'an
mil six cents quarente fut inhumé au grand
cymetiere le corps de Pierre (blanc) enfant
exposé sur la grande Tombe du Balet de
la grande porte de l'eglise de ceste paroisse
du Loroux Bescon(nois) par nous pbre. soubz
signé."
Suit la signature de Jean Bourgeoys, avec une ruche
particulièrement complexe et quelques signes que l'on pourrait presque
qualifier de cabalistiques : le millésime 1640 dans la boucle de droite et
ce qui semble être son âge, 46, dans la boucle de gauche. Restent néanmoins
quelques éléments à déchiffrer, avis aux amateurs.
Le mot "balet" ne m'étonne plus, je l'ai déjà
rencontré à l'occasion(2),
il s'agit d'une galerie couverte par un toit en saillie devant l'entrée de l'édifice
religieux. Et rappelons-nous qu'autrefois on enterrait parfois sous le porche
ou même dans le chœur des églises.
Mais cet enfant trouvé ! Hélas, l'abandon d'un nourrisson
n'était pas une pratique si rare autrefois, pour de multiples raisons (naissance
illégitime, misère…) et l'exposition à l'entrée de l'église plutôt qu'en rase
campagne lui donnait une minuscule chance de survivre. Ce ne fut pas le cas
pour le petit Pierre, dont j'ai par ailleurs vainement cherché l'acte de
baptême dans les jours qui ont précédé son inhumation. Il avait pourtant eu le
temps de recevoir un prénom…
Rappelons au passage que c'est à la même époque (en 1638
plus précisément) que Saint Vincent de Paul et Louise de Marillac mirent en
place une institution pour les enfants trouvés, mais c'était à Paris, bien loin
du Haut-Anjou. Quant à la création du tour à la porte des hospices, il faudra
attendre le milieu du XVIIIe siècle.
Repose en paix, petit Pierre.
Quel beau registre écrit par ce curé qui nous incite à nous entraîner à la paléographie. Merci pour cette présentation !
RépondreSupprimerJe pense que l'enfant était déjà décédé, qu'on le posait là ,sur une pierre ,servant de table,pour que dieu le réssucite un moment le temps de lui administrer les derniers sacrements, selon les anciennes et pieuses croyances.Et seulement ensuite il était déclaré mort
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