lundi 19 septembre 2016

Le mariage de Jeanne

Jeanne Raimbault est née le 1er juillet 1700 à Vern d'Anjou et fut baptisée le jour même par P. Pichery, vicaire de l'église Saint Gervais et Saint Protais.

Fille de Jean Raimbault (je l'écris ainsi, mais il y a des variantes orthographiques) et d'Hélène Séjourné, elle eut pour parrain son oncle Nicolas Raimbault et pour marraine l'épouse de celui-ci, Madeleine Séjourné. Vous l'aurez compris, les deux frères ont épousé les deux sœurs, dans cette paroisse qui comptait à l'époque moins d'un millier d'habitants.

Jeanne est la troisième de la fratrie. Auparavant, un petit Élie, né dix mois après le mariage de ses parents, avait rejoint les anges deux jours après son baptême. Il fut "inhumé devant la grande porte de l'église". Puis vinrent Louise en juin 1698 et notre Jeanne en juillet 1700. Jean, mon ancêtre direct, naquit deux ans plus tard, en octobre 1702, à la Pouëze. Le père y était désormais métayer au village des Hayes.

C'est aussi à la Pouëze que se marie Jeanne le 6 février 1714, alors qu'elle a treize ans et sept mois ! Elle épouse un certain René Neveu, dont l'âge n'est pas précisé dans l'acte, mais qui est déjà veuf, après un premier mariage célébré onze ans plus tôt. Lorsqu'il décède en janvier 1744, le vicaire du Louroux-Béconnais lui donne soixante ans ; il aurait donc eu la trentaine lors de son mariage avec Jeanne.

Détail de nappe d'autel, collection personnelle

Les parents de cette dernière décèdent tous deux un an après le mariage de leur fille, Hélène Séjourné d'abord, en janvier 1715, puis Jean Raimbault en mars. Aucun indice dans les registres, rien qui permette d'émettre des hypothèses sur les causes du décès de l'un ou de l'autre.

Mais revenons à nos mariés. Le couple formé par René Neveu et sa très jeune épouse a-t-il eu une descendance ? Je ne trouve aucun baptême dans les premières années de leur mariage, ni au Louroux-Béconnais, ni à la Pouëze, ni à Bécon-les-Granits, paroisse voisine… J'ai néanmoins identifié deux enfants : Paul, né en mai 1722 au Louroux-Béconnais et décédé en février 1731, et René, beaucoup plus tard, né en novembre 1737, dans la même paroisse. Il atteindra l'âge adulte et se mariera en janvier 1758, toujours au Louroux-Béconnais, en présence de sa mère.

C'est, à ma connaissance, la première fois que je tombe sur une mariée aussi jeune au cours de mes recherches généalogiques. L'occasion d'étudier les diverses majorités sous l'Ancien Régime.

La majorité matrimoniale, tout d'abord : selon divers édits royaux, elle est de vingt-cinq ans pour les filles et de trente ans pour les garçons. En d'autres termes, tant que les futurs conjoints n'ont pas atteint cet âge, l'assentiment des parents est requis (d'où la formule "présents et consentants" dans les actes de mariage, à longueur de registres paroissiaux).

Quelles sont les sanctions encourues en cas de non respect de cette règle ? D'une part, l'exhérédation, mot savant pour dire que les parents ont alors la faculté de déshériter leurs enfants, et d'autre part l'annulation du mariage, sous prétexte de "rapt de séduction".

Une fois la majorité matrimoniale atteinte, les futurs conjoints n'en doivent pas moins adresser à leurs parents des sommations respectueuses pour obtenir leur consentement, mais ils peuvent passer outre au troisième refus.


Cette majorité matrimoniale ne doit toutefois pas être confondue avec l'âge nubile, c'est-à-dire l'âge minimum pour convoler : sous l'Ancien Régime, l'Église l'avait fixé à douze ans pour les filles et quatorze ans pour les garçons. Mais jusqu'à présent, l'âge moyen de mes ancêtres lors de leur première union était plus près de vingt-cinq ans pour les femmes et de vingt-huit ans pour les hommes, si j'en crois les statistiques fournies par la toute dernière version d'Heredis. Jeanne fait donc figure d'exception.

2 commentaires:

  1. L'une de mes ancêtres directs (dont j'ai tous les actes) s'est mariée à 12 ans et 9 mois !
    Et j'en ai plusieurs à 13 ans...
    Une habitude angevine ????

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