Jeanne Raimbault est née le 1er juillet 1700 à
Vern d'Anjou et fut baptisée le jour même par P. Pichery, vicaire de l'église Saint
Gervais et Saint Protais.
Fille de Jean Raimbault (je l'écris ainsi, mais il y a des
variantes orthographiques) et d'Hélène Séjourné, elle eut pour parrain son
oncle Nicolas Raimbault et pour marraine l'épouse de celui-ci, Madeleine Séjourné.
Vous l'aurez compris, les deux frères ont épousé les deux sœurs, dans cette
paroisse qui comptait à l'époque moins d'un millier d'habitants.
Jeanne est la troisième de la fratrie. Auparavant, un petit
Élie, né dix mois après le mariage de ses parents, avait rejoint les anges deux
jours après son baptême. Il fut "inhumé
devant la grande porte de l'église". Puis vinrent Louise en juin 1698
et notre Jeanne en juillet 1700. Jean, mon ancêtre direct, naquit deux ans plus
tard, en octobre 1702, à la Pouëze. Le père y était désormais métayer au
village des Hayes.
C'est aussi à la Pouëze que se marie Jeanne le 6 février
1714, alors qu'elle a treize ans et sept mois ! Elle épouse un certain
René Neveu, dont l'âge n'est pas précisé dans l'acte, mais qui est déjà veuf,
après un premier mariage célébré onze ans plus tôt. Lorsqu'il décède en janvier
1744, le vicaire du Louroux-Béconnais lui donne soixante ans ; il aurait
donc eu la trentaine lors de son mariage avec Jeanne.
Détail de nappe d'autel, collection personnelle |
Les parents de cette dernière décèdent tous deux un an après
le mariage de leur fille, Hélène Séjourné d'abord, en janvier 1715, puis Jean Raimbault
en mars. Aucun indice dans les registres, rien qui permette d'émettre des
hypothèses sur les causes du décès de l'un ou de l'autre.
Mais revenons à nos mariés. Le couple formé par René Neveu
et sa très jeune épouse a-t-il eu une descendance ? Je ne trouve aucun
baptême dans les premières années de leur mariage, ni au Louroux-Béconnais, ni
à la Pouëze, ni à Bécon-les-Granits, paroisse voisine… J'ai néanmoins identifié deux enfants : Paul, né en mai
1722 au Louroux-Béconnais et décédé en février 1731, et René, beaucoup plus
tard, né en novembre 1737, dans la même paroisse. Il atteindra l'âge adulte et
se mariera en janvier 1758, toujours au Louroux-Béconnais, en présence de sa
mère.
C'est, à ma connaissance, la première fois que je tombe sur
une mariée aussi jeune au cours de mes recherches généalogiques. L'occasion
d'étudier les diverses majorités sous l'Ancien Régime.
La majorité matrimoniale, tout d'abord : selon divers
édits royaux, elle est de vingt-cinq ans pour les filles et de trente ans pour
les garçons. En d'autres termes, tant que les futurs conjoints n'ont pas
atteint cet âge, l'assentiment des parents est requis (d'où la formule
"présents et consentants" dans les actes de mariage, à longueur de
registres paroissiaux).
Quelles sont les sanctions encourues en cas de non respect
de cette règle ? D'une part, l'exhérédation, mot savant pour dire que les
parents ont alors la faculté de déshériter leurs enfants, et d'autre part
l'annulation du mariage, sous prétexte de "rapt de séduction".
Une fois la majorité matrimoniale atteinte, les futurs
conjoints n'en doivent pas moins adresser à leurs parents des sommations
respectueuses pour obtenir leur consentement, mais ils peuvent passer outre au
troisième refus.
Cette majorité matrimoniale ne doit toutefois pas être
confondue avec l'âge nubile, c'est-à-dire l'âge minimum pour convoler : sous
l'Ancien Régime, l'Église l'avait fixé à douze ans pour les filles et quatorze
ans pour les garçons. Mais jusqu'à présent, l'âge moyen de mes ancêtres lors de
leur première union était plus près de vingt-cinq ans pour les femmes et de
vingt-huit ans pour les hommes, si j'en crois les statistiques fournies par la
toute dernière version d'Heredis. Jeanne fait donc figure d'exception.
L'une de mes ancêtres directs (dont j'ai tous les actes) s'est mariée à 12 ans et 9 mois !
RépondreSupprimerEt j'en ai plusieurs à 13 ans...
Une habitude angevine ????
Pas chez mes ancêtres, sauf exception, apparemment.
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