Il ne paie pas de mine avec sa couverture toilée beige salie
par le temps, son dos renforcé de mauvais papier brun et son étiquette rongée
par l'usure. C'est pourtant grâce à lui que j'ai pu entamer mes recherches du
côté Maitreau.
Collection personnelle |
Une trentaine de pages, guère plus, principalement de la
main de mon arrière-grand-père Achille Maitreau, et je n'en ai pas encore
épuisé toutes les ressources.
Les premiers feuillets sont consacrés à des données
généalogiques : mariage d'Achille Maitreau et d'Eugénie Morel à Pau en
1868, option pour la France d'Eugénie Morel, née à Strasbourg, et de sa mère,
née à Metz, naissance des deux enfants du couple, Maurice André (mon grand-père maternel) en
1869 et Jeanne Marie Clarisse en 1871, mariage des enfants… le tout avec
quelques informations complémentaires, comme la mention d'un contrat de
mariage, le montant de la dot ou la date des vaccinations !
J'ai ainsi pu demander copie des actes correspondants ou y
accéder directement lorsque les archives numérisées ont été disponibles en
ligne.
Mais Achille Maitreau, quoique militaire de carrière, n'en
était pas moins homme d'argent. Avec une obsession une fois à la retraite :
ne pas favoriser Maurice au détriment de sa sœur Marie. D'où l'inventaire
plusieurs fois répété de ses biens et de ceux, plus modestes, de son épouse.
C'est ainsi que sont mentionnées par exemple des actions
dans les chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée ou dans le chemin de fer de
Bône à Guelma, des obligations du Crédit foncier de France, du Crédit foncier égyptien
ou du Canal de Panama ! Détaillés également l'avoir d'Eugénie Morel au
jour du mariage, l'héritage recueilli après
le décès de la belle-mère ou celui d'une tante restée dans le Maine-et-Loire…
Ici ou là une mention qui fait sourire :
"Jardin situé
chemin Labourdette à 2 minutes du tramway de la route de Bordeaux.
Demander si on veut
vendre 10 francs du mètre.
Abaisser
successivement jusqu'à 8 francs, ce dernier m'ayant été offert (sachez
attendre)."
J'imagine que ce précieux document a été remis à Marie
Maitreau, après la mort de son père en décembre 1914. Le titre en est
suffisamment explicite : "Carnet
de la famille Maitreau-Morel destiné à notre fille Marie". Cette
dernière a d'ailleurs inscrit à plusieurs reprises des annotations sous certaines
rubriques. Les dernières d'une écriture tremblée de vieille dame. Peut-être à
l'époque où je l'ai rencontrée lorsque, deux fois veuve et déjà fort âgée, elle
vivait auprès de sa fille et de son gendre, dans une villa paloise entourée d'un
grand jardin.
Mais revenons aux annotations. Celle-ci notamment me fait
rêver : "Darac (sic) rouge
voiture automobile achetée à Henri Lacabanne par moi Marie Bergerot en 1905."
Le frère aîné de Marie, mon grand-père Maurice Maitreau,
était un grand ami d'Henri Lacabanne et je pense qu'il n'a pas été complètement
étranger à la transaction. Il n'empêche, j'aurais bien aimé avoir une photo de
la Darracq en question !
Comment ce carnet est-il parvenu jusqu'à moi ? Marie
s'est mariée deux fois, la première avec un certain Bergerot, capitaine
d'infanterie (encore un militaire), décédé en 1901 à l'âge de quarante ans, la
seconde avec Joseph Bordenave, qui l'emmena un temps en Algérie.
L'enfant né du premier mariage est décédé à huit ans.
Andrée, fille née du second mariage et cousine germaine de ma mère, s'est
certes mariée, mais n'a jamais eu d'enfant : j'ai tendance à penser
qu'elle a remis à ma mère un grand nombre de documents et de photographies de
la famille Maitreau, lorsque mes parents sont retournés dans les Pyrénées
passer les dernières années de leur existence. Je lui en suis encore reconnaissante
aujourd'hui !
Les papiers de famille, quand on en possède comme celui-là, sont de véritables trésors. Est-ce que nos ancêtres avaient conscience de nous faire un tel cadeau ?
RépondreSupprimerUn bien beau carnet de famille ! Tu as bien de la chance Dominique de posséder une telle merveille. Merci de nous la faire partager !
RépondreSupprimerPrécieux carnet
RépondreSupprimerFanny-Nésida