C'est une soupière en faïence, d'aspect plutôt rustique, recouverte
d'un engobe brun-rouge à l'extérieur et blanc à l'intérieur. Elle est ornée
d'une guirlande de grappes de raisin et de feuilles de vigne en relief, entre
des bordures finement perlées, et fermée par un couvercle qui reprend les mêmes
motifs.
Soupière Troussier Collection personnelle |
Il s'agit d'un petit modèle, d'une contenance d'un litre
tout juste. Lorsque l'on soulève le couvercle, on découvre au fond du récipient
une inscription en lettres brunes : "Mre Troussier.
1858." Aucune marque ni aucune signature ne permet d'en localiser la
provenance.
Collection personnelle |
L'objet était posé sur le manteau de la cheminée du salon,
dans l'appartement de mes parents. Il m'était tellement familier que je n'ai
jamais songé à les interroger sur son origine.
Collection personnelle |
Le patronyme Troussier ne m'est certes pas inconnu. C'est
celui d'une bonne centaine d'individus dans ma base de données, du côté de la
branche maternelle de ma grand-mère paternelle (je ne sais pas si vous
suivez ?).
Jeanne Pauline Troussier était ouvrière en robes, lorsqu'à
dix-huit ans elle épousa Emmanuel Marie Letourneau, le 17 novembre 1873, à
la mairie du deuxième arrondissement d'Angers. Née en 1855, elle est décédée en
1901, à quarante-cinq ans, ce qui a permis à son mari de convoler encore deux
fois, avant de disparaître à son tour.
La soupière remonterait donc à la génération précédente.
Le père de Jeanne, Jean Baptiste Troussier, était né en 1822
à Saint-Fraimbault-de-Prières, à l'extrême nord du département de la Mayenne,
dans une famille de cultivateurs, à l'occasion tisserands. Jean Baptiste, que
l'on appelait simplement Jean, est désigné comme calicotier dans le recensement
de 1836, alors qu'il est âgé de quatorze ans à peine.
Je perds ensuite sa trace pendant une bonne quinzaine
d'années. À une époque indéterminée, il a quitté la Mayenne pour s'installer à
Angers, où il exerça successivement les professions de domestique, de
journalier, d'employé de commerce et de garçon de magasin. Le 22 août
1853, il épouse Jeanne Pinier, à la mairie du deuxième arrondissement. Le
couple aura quatre enfants (dont l'aînée Jeanne Pauline, mon arrière-grand-mère),
avant le décès prématuré de Jean Baptiste Troussier en septembre 1866, à l'âge
de quarante-quatre ans.
La date inscrite au fond de la soupière ne correspond pas davantage
à leur date de mariage.
Alors, de quoi s'agit-il ? d'un trophée obtenu lors de
comices agricoles ? Mais le père de Jean Baptiste, prénommé Mathurin, agriculteur,
avait rendu l'âme en janvier 1839. À cinquante-et-un ans. Décidément, on ne
fait pas de vieux os chez les Troussier !
Pour l'instant, le mystère reste entier…
Un bel objet, entouré de mystère. C'est la trame d'un roman policier. On se demande si le fin limier (Dominique) arrivera à lever le voile, pour la plus grande joie de ses lecteurs.
RépondreSupprimerbelle façon de conter une trame de vie en questionnant un objet
RépondreSupprimerFanny-Nésida
J'aime ce genre de questions. Un objet familier très finement décrit qui devient le point de départ d'une enquête.
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