lundi 8 juin 2015

Trois mariages en trois ans

À parcourir avec assiduité les registres des paroisses de l'Anjou, je découvre parfois des ancêtres qui ne laissent pas de me surprendre. Françoise Baudouin fait partie de ces personnages qui méritent une mention spéciale.

Acte de baptême de Françoise Baudouin
AD Maine-et-Loire, Villemoisan 1636-1674 vue 30/178

Baptisée dans l'église de Villemoisan le 21 novembre 1645, elle est l'un des derniers enfants du couple formé par René Baudouin et Jehanne Michel, dans une famille où j'ai dénombré la naissance de treize enfants, entre 1623 et 1649, sans être tout à fait sûre d'avoir fait le tour de la question. La mère avait quinze ans lors de son mariage en 1620, quarante ans lors du baptême de Françoise, et une petite Renée pointera encore le bout de son nez trois ans plus tard.

Mais revenons à mon ancêtre à la douzième génération, Françoise Baudouin. Elle épouse Jehan Mengeard en l'église Saint-Aubin du Louroux-Béconnais le 16 novembre 1660, quelques jours avant son quinzième anniversaire. L'année suivante lui est pour le moins fertile en émotions. Sa mère, Jehanne Michel, sans doute épuisée par ses nombreuses grossesses et par la dureté des temps, est enterrée dans le cimetière de Villemoisan le 20 octobre 1661. Elle avait cinquante-six ans. Le premier enfant de Françoise, Pierre, est porté sur les fonts baptismaux de l'église du Louroux le 31 octobre. Enfin l'époux de Françoise est inhumé au grand cimetière le 2 décembre suivant.

Moins de deux mois plus tard, le dernier jour de janvier 1662, la très jeune veuve, seize ans à peine, épouse Pierre Gaultier, toujours au Louroux-Béconnais. Le couple s'est sans doute installé à Saint-Sigismond, car c'est là que René voit le jour en avril 1663… et c'est là qu'est porté en terre Pierre Gaultier le 30 mai de la même année !

Troisième mariage pour Françoise Baudouin dès le 25 septembre suivant, dans la paroisse de Saint-Sigismond, avec Olivier Foucher. Elle a dix-sept ans et elle est déjà deux fois veuve. Très vite, les grossesses et les naissances se succèdent, au moins sept entre novembre 1664 et février 1682, à Saint-Sigismond pour les cinq premières, à Villemoisan pour les suivantes.

Françoise Baudouin a cinquante-six ans lorsque son dernier mari décède en avril 1702. Cette fois, le mariage aura duré presque trente-neuf ans. Un record pour Françoise, qui survivra onze ans à son troisième époux, avant de rendre son dernier souffle le 17 avril 1713. Elle avait alors soixante-sept ans.

Un peu surprise par les décès si rapprochés des premiers maris de Françoise Baudouin et en l'absence d'information sur leur âge, je me suis reportée au livre de Thierry Sabot(1). La page consacrée aux années 1660 à 1664 indique des récoltes catastrophiques suivies d'une grande famine et d'une baisse significative de la population. Françoise Baudouin était sans doute de santé plus robuste que ses conjoints successifs, d'autant qu'après neuf ou dix accouchements (la chose n'est pas très claire), elle survivra également aux années de misère de la fin du règne de Louis XIV et aux rigueurs du "grand hyver" de 1709.

Françoise Baudouin, une femme ordinaire mais néanmoins remarquable.




(1) Thierry Sabot, Contexte, guide chrono-thématique, Editions Thisa, 2007, 224 pages

1 commentaire:

  1. Hypothèse plausible des difficultés liées aux saisons et à la famine, qui explique le passage fréquent "de la grande faucheuse"

    Fanny-Nésida

    RépondreSupprimer

Votre commentaire sera publié après approbation.