La lecture attentive des registres paroissiaux à la
recherche d'une fratrie ne manque pas d'intérêt. C'est parfois l'occasion de
découvrir quelque pépite.
Je m'attachais à reconstituer la longue liste des enfants du
couple formé par René Roulleau et Marie Veau (encore elle), lorsque je tombai
sur cette mention.
Je rappelle que nous sommes à Saint-Just-des-Verchers, à la
toute fin du XVIIe siècle, du temps où Louis XIV régnait sur le
royaume de France. Dans l'actuel département du Maine-et-Loire, à une lieue
environ au sud de Doué-la-Fontaine. René Jacques Peschin, le curé de la
paroisse de Saint-Just, dont je respecte ici l'orthographe originale (toute en
lettres doubles, sans beaucoup de ponctuation ni d'accents, sauf là où on ne
les attend pas), nous narre ceci :
"Le dimanche cinquiesme jour d'octobre mil
six
cent quattre vingt dix huit sur les neuf
heures du matin avant la messe paroissialle
de l'eeglise de S(ain)t Justz de verché à esté
rebeny par nous p(rê)tre curé de la ditte eeglise
soubsigné commissaire à cet effet de monsieur
denesde archydiacre et grand vicaire de
cent quattre vingt dix huit sur les neuf
heures du matin avant la messe paroissialle
de l'eeglise de S(ain)t Justz de verché à esté
rebeny par nous p(rê)tre curé de la ditte eeglise
soubsigné commissaire à cet effet de monsieur
denesde archydiacre et grand vicaire de
l'eeglise de poistiers le siege episcopal
vacant un petit cimettiere sittué devant
la porte principalle de la ditte eeglise
le quel avoit esté plusieurs années delaissé
des clostures ordonnées par les constitutions
de l'eeglise
de l'eeglise et prophané par des
habitants voisins par plusieurs usages
defendus et indecents pour les quels
eviter par la suitte nous aurrions
faict closre le dit cimettiere de murailles
et de grilles à nos frais le mois
d'avril dernier ; et à esté faitte la
vacant un petit cimettiere sittué devant
la porte principalle de la ditte eeglise
le quel avoit esté plusieurs années delaissé
des clostures ordonnées par les constitutions
de l'eeglise
de l'eeglise et prophané par des
habitants voisins par plusieurs usages
defendus et indecents pour les quels
eviter par la suitte nous aurrions
faict closre le dit cimettiere de murailles
et de grilles à nos frais le mois
d'avril dernier ; et à esté faitte la
ditte benediction en presence des habitants
de toute la paroisse et de messire
René Jolly p(rê)tre curé de la paroisse de
concourson et de m(essi)re henry chevallier
p(rê)tre curé de la paroisse de S(ain)t
pierre du dit verché soubsignés avec nous"
de toute la paroisse et de messire
René Jolly p(rê)tre curé de la paroisse de
concourson et de m(essi)re henry chevallier
p(rê)tre curé de la paroisse de S(ain)t
pierre du dit verché soubsignés avec nous"
Suivent quelques signatures : celle du curé de
Saint-Pierre-des-Verchers et celle du curé de Saint-Just, comme indiqué, mais
non celle du curé de Concourson ; celle d'un certain Masson, prêtre ;
d'une certaine Marie Oger, dont j'ignore le rôle et le statut ; et celle
de François Greffin, huissier royal, comme je l'apprends quelques pages plus
loin, en lisant un acte de baptême où il est cité comme parrain.
Ce qui me laisse rêveuse, ce n'est pas tant l'élégant
paraphe de maître Greffin, orné d'une ruche, que l'allusion faite par le
curé : le cimetière aurait été profané "par plusieurs usages défendus et indécents" ! À quelles
activités se livraient donc ces coquins de paroissiens, je vous le
demande ? J'ai ma petite idée, mais je laisse libre cours à votre
imagination…
un cimetière, ce serait dans le Berry, je penserais tout de suite à des danses de sorcières :) ... sacrés paroissiens quand meme, il s'en passait de belles dans nos petits villages
RépondreSupprimerIl est possible que ce soit des choses dans le genre...du point de vue du curé du village, une simple beuverie un peu bruyante pourrait être regardée comme défendue et indécente s'agissant d'un cimetière.
SupprimerVous avez une imagination débordante chère madame...
Peut-être jouaient-ils simplement aux dames...
RépondreSupprimerBonne pioche prêtant à différentes approches
RépondreSupprimerNésida
Il suffisait, par exemple, d'un coup d'épée pour que le cimetière soit profané (D'après un acte que j'ai déjà rencontré, mais hélas, je ne sais plus où ! Si je le retrouve, je ne manquerai pas de vous en faire part.)
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