J'aime flâner dans les rayons d'une librairie, me laisser
surprendre par un titre ou avoir l'œil attiré par une couverture et, à cet
égard, il est rare que je ne ressorte pas avec deux ou trois livres au format
de poche.
L'une de mes dernières acquisitions : Les paysans français d'Ancien Régime(1),
d'Emmanuel Le Roy Ladurie.
L'ouvrage, bien que destiné à diffuser auprès du public la
synthèse des travaux de l'historien, est d'un abord plutôt austère. Un peu
touffu aussi, car très riche en informations de toutes sortes, avec parfois des
redites d'un chapitre à l'autre. Mais ceci a au moins le mérite d'ancrer dans
l'esprit les travaux de l'auteur. La pédagogie est un art fait de répétitions.
La France, combien
d'habitants ?
Il est beaucoup
question de démographie dans le livre d'Emmanuel Le Roy Ladurie. Qu'en ai-je
retenu ? Quelques chiffres et quelques dates clés.
En 1328, la population de l'Hexagone virtuel(2)
était de l'ordre de 19 ou 20 millions d'habitants, dont 90 % de
ruraux, et parmi ces derniers 90 % de cultivateurs.
Vers 1450, la population à l'intérieur de ce même périmètre
ne comptait plus que 9 à 10 millions d'âmes, sous le triple effet conjugué
de la peste noire, de la famine et de la guerre de Cent Ans. Dégringolade
vertigineuse !
Un siècle plus tard, vers 1560, elle avait retrouvé son
niveau antérieur de 20 millions d'habitants. Chiffre grosso modo inchangé
jusqu'à la fin du règne de Louis XIV, avec néanmoins des variations dues à
diverses causes : conflits religieux, Fronde, Guerre de Trente Ans, aléas climatiques,
accompagnés d'inévitables épisodes de disettes et d'épidémies.
La population va ensuite augmenter à partir de 1715 pour
atteindre le chiffre de 28 millions à l'aube de la Révolution de 1789 (à
comparer avec les 40 millions du Second Empire et les 66 millions
actuels).
Les trois piliers de
l'exploitation rurale
Au fil des chapitres, l'auteur insiste également sur
l'organisation de la société et la répartition du produit agricole entre les
différents intervenants :
- Propriétaires des terres (seigneurs qui perçoivent la rente, clergé qui prélève la dîme, mais bientôt aussi bourgeoisie urbaine),
- Exploitants, métayers ou fermiers, suivant qu'ils payent le loyer de la terre en nature ou en argent,
- Enfin salariés agricoles (manouvriers, journaliers…), sans doute le groupe le plus nombreux mais aussi le moins favorisé des trois.
Je ne vous cacherai pas que cet ouvrage dense, difficile à
résumer, n'est pas toujours de lecture aisée, mais il n'en présente pas moins
un intérêt certain pour mieux comprendre l'environnement dans lequel évoluaient
nos ancêtres.
(1) Emmanuel Le Roy Ladurie, Les paysans
français d'Ancien Régime, Du XIVe au XVIIIe siècle,
Seuil, collection Points Histoire, 2015, 287 pages, ISBN 978-2-7578-6418-0
(2) Les frontières du royaume de France étant différentes de celles de notre actuelle
métropole, l'auteur fait appel à cette notion d'Hexagone virtuel pour faciliter
les comparaisons.
(3) À
noter à la fin du livre une abondante bibliographie, parfois assortie de
commentaires.
Merci pour ce très bon résumé d'un livre sérieux et bien documenté. Dans quelles librairies tes pas t'ont-ils portée ?
RépondreSupprimerTantôt dans celle fort connue du Forum des Halles, tantôt chez Millepages à Vincennes… j'ai beaucoup de mal à résister aux librairies, quand je passe devant leurs vitrines.
SupprimerMerci pour cet excellent résumé d'un livre sérieux et foisonnant qui nous donne une vision de la population rurale de l'Ancien Régime, celle dont nous cherchons à comprendre l'histoire au travers de nos recherches généalogiques.
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