En ces temps de contestation fiscale, je vous propose
aujourd'hui deux documents relevés dans le registre paroissial de
Notre-Dame-du-Touchet. Ils tendraient à prouver que le métier de collecteur
d'impôts n'a jamais été de tout repos.
Je feuilletais virtuellement le registre lorsque, au détour
d'une page, un acte de sépulture anormalement long a attiré mon attention.
Jugez plutôt :
Source AD Manche 5Mi 2034 1776-1780 |
"Le corps de
François Fouqué originaire de la paroisse de
chansegré près domfront, et demeurant en cette paroisse en
qualité d'emploïé dans les fermes du roi, decedé d'hier chez
jacques osouf cabartier où il s'était retiré avant hier après avoir
été battu et maltraité de maniere qu'il est mort de ses blessures
chansegré près domfront, et demeurant en cette paroisse en
qualité d'emploïé dans les fermes du roi, decedé d'hier chez
jacques osouf cabartier où il s'était retiré avant hier après avoir
été battu et maltraité de maniere qu'il est mort de ses blessures
suivant qu'il la été
atesté par les chirugiens Roïaux de Mortain
suivant le proces verbal qu'ils en ont dressés aujourdhui en visitant
le cadavre dudit Fouqué, qui est mort muni des sacrements de penitence
et d'extrême onction, agé d'environ trente six ans ; a été inh-
umé dans le cimtiere de cette paroisse par la permission du sieur
Loüis L'evêque conseiller du roi president en l'élection de Mortain, et du
consentement de Me Mathurin boursin avocat au bailliage de Mortain
representant le procureur du roi de laditte election, en datte de ce jour et
signé L'eveque, boursin, lecomte greffier tous avec paraphe, par moy
jean-baptiste Morel prêtre de la paroisse de Vilchien, aux présences de
maîtres guillaume Mauduit curé de ce lieu, de pierre yver vicaire, René
Millet prêtre et autres le quatriême jour dedecembre janvier mil sept
cent soixante dix neuf. Un mot bifé nul."
suivant le proces verbal qu'ils en ont dressés aujourdhui en visitant
le cadavre dudit Fouqué, qui est mort muni des sacrements de penitence
et d'extrême onction, agé d'environ trente six ans ; a été inh-
umé dans le cimtiere de cette paroisse par la permission du sieur
Loüis L'evêque conseiller du roi president en l'élection de Mortain, et du
consentement de Me Mathurin boursin avocat au bailliage de Mortain
representant le procureur du roi de laditte election, en datte de ce jour et
signé L'eveque, boursin, lecomte greffier tous avec paraphe, par moy
jean-baptiste Morel prêtre de la paroisse de Vilchien, aux présences de
maîtres guillaume Mauduit curé de ce lieu, de pierre yver vicaire, René
Millet prêtre et autres le quatriême jour de
cent soixante dix neuf. Un mot bifé nul."
Suivent les signatures. J'ai
respecté l'orthographe du texte, ainsi que l'usage ou l'absence de majuscules,
même si je déconseille fortement à mes petits-enfants d'en faire autant !
La paroisse citée au début de
l'acte de sépulture est vraisemblablement celle de Champsecret, à une dizaine
de kilomètres à l'est de Domfront, dans l'actuel département de l'Orne, et à
une quarantaine de kilomètres donc de Notre-Dame-du-Touchet.
Le permis d'inhumer est inséré
entre les pages du registre paroissial :
Source AD Manche 5Mi 2034 1776-1780 |
"Nous
Loüis Levesque Conseiller du Roy
President en Lélection de Mortain Et Subdelegué
De la Commission Royale Et Souveraine Etablie
A Caën Vu ce qui Resulte De notre procès verbal
Ensemble de Celui Des Sieurs thomas henry Leverdays Et
charles robbes Chirurgïens de la ville De Mortain amenés
Exprès avec nous, Du Consentement De Me Mathurin boursin
avocat au Bailliage de Mortain faisant les fonctions De
procureur Du Roy pour Labsence De Lordinaire, nous avons
Permis au Sieur Mauduit curé de la paroisse de Touchet
De faire L Inhumation du Cadavre de françois fouqué Les
ceremonies De Leglise observées Donné au Bourg de Touchet
ce quatre Janvier mil sept cent soixante dix neuf"
President en Lélection de Mortain Et Subdelegué
De la Commission Royale Et Souveraine Etablie
A Caën Vu ce qui Resulte De notre procès verbal
Ensemble de Celui Des Sieurs thomas henry Leverdays Et
charles robbes Chirurgïens de la ville De Mortain amenés
Exprès avec nous, Du Consentement De Me Mathurin boursin
avocat au Bailliage de Mortain faisant les fonctions De
procureur Du Roy pour Labsence De Lordinaire, nous avons
Permis au Sieur Mauduit curé de la paroisse de Touchet
De faire L Inhumation du Cadavre de françois fouqué Les
ceremonies De Leglise observées Donné au Bourg de Touchet
ce quatre Janvier mil sept cent soixante dix neuf"
Même remarque pour l'orthographe,
même si le sieur Levesque est nettement moins avare en termes de majuscules.
Mais revenons au fond de
l'affaire. Comme vous le savez peut-être, les Fermes du roi étaient des
compagnies financières chargées de la levée de l'impôt, moyennant le versement
d'un montant forfaitaire au Trésor : un tel système avait toutes les
chances d'engendrer des abus et, quelles que fussent les circonstances, les
collecteurs de l'impôt n'étaient certainement pas accueillis à bras ouverts.
J'ajouterai qu'en 1779, nous sommes à dix ans du grand bouleversement qui va
secouer tout le royaume et mettre fin à l'Ancien Régime.
Bref, les Normands, comme les
Bretons, ne sont pas gens à se laisser plumer facilement. Le malheureux Fouqué
l'a appris à ses dépens !
Ca me rappelle quelqu'un... ;-)
RépondreSupprimerhttp://daieux-et-dailleurs.fr/blog-genealogique/ciel-mes-aieux/57-ou-la-durete-la-vie-dun-inspecteur-des-fraudes-au-xviiie-sie
Effectivement, ce n'est pas un métier de tout repos !
SupprimerIls n'aimaient guère tout ce qui avait à voir avec le fisc ou les impôts, surtout si le système abusait des petites gens. Finalement nous sommes bien les héritiers de nos aïeux :) Une intéressante découverte !
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