lundi 11 février 2019

L'intérêt des recensements

Alors que je cherche à en apprendre davantage sur mes ancêtres les plus proches, les Archives de Paris viennent de mettre en ligne les listes nominatives de recensement pour les années 1926, 1931 et 1936. Une aubaine !

Immeuble 75, rue Pouchet Paris 17e
Collection personnelle

Durant l'entre-deux-guerres, mes grands-parents paternels, que je n'ai pas connus, habitaient dans le 17e arrondissement : plus précisément le quartier des Épinettes (détail indispensable pour consulter efficacement les documents), au numéro 75 de la rue Pouchet. J'ai rapidement trouvé les folios qui m'intéressaient.

Qu'en ai-je retiré ? Des confirmations et une surprise.

Des confirmations

Commençons par elles. En 1926, mon grand-père paternel Frédéric Chancé, né une soixantaine d'années plus tôt à Paris, habite avec son épouse et son fils un grand immeuble de briques jaunes, en bordure de la ligne de chemin de fer de la Petite Ceinture. À cette date, il est employé par la Société générale, chargé d'encaisser les créances auprès des commerçants. Situation toujours d'actualité cinq ans plus tard, en 1931.

J'avais déniché, avec une certaine surprise, cette information sur sa profession en consultant le répertoire des élèves du collège Chaptal, où mon père fit ses études secondaires. Jusqu'alors je savais simplement que Frédéric Chancé avait fait une partie de sa carrière à la Compagnie du chemin de fer métropolitain de Paris. L'occasion d'éclaircir un point de détail sur l'uniforme dont mon père gardait le souvenir : le pantalon de nankin faisait partie de la tenue des garçons de recettes, et non pas des chefs de gare, comme le pensait mon père. L'occasion également de rédiger à l'époque un billet sur le sujet(1).

Poursuivons. En 1926, mon père a dix-sept ans. Il est non pas "agent de change", comme mentionné dans le registre de recensement, mais plutôt commis chez un agent de change. En 1931, à vingt-deux ans, il est comptable dans une société, la STAC Nord. Informations déjà connues grâce à un précieux état de reconstitution de carrière déniché dans les papiers de famille.

En 1936, secrétaire des Établissements Savard et fils(2), il a quitté le foyer de ses parents et réside désormais boulevard Berthier. Toujours dans le 17e arrondissement, mais un peu plus à l'ouest, dans le quartier de la Plaine de Monceaux (nom officiel, tel qu'il figure dans les documents administratifs, même si la Plaine Monceau est plus connue sous l'orthographe que j'emploie dans cette parenthèse).

En cette même année 1936, mon grand-père paternel n'occupe plus aucun emploi. Il a désormais soixante-et-onze ans et va décéder en février de l'année suivante.

Les listes de recensement ne fournissent aucun détail particulier sur ma grand-mère, Jenny Letourneau, sinon qu'elle est née en 1875 dans le Maine-et-Loire, ce que je savais déjà depuis longtemps.

Une surprise

Mais, à mon grand étonnement, le foyer abrite un quatrième personnage. Mentionnée en 1926 et 1931, la personne en question ne figure plus sur la liste de 1936 : il s'agit d'une certaine Marie Letourneau, née en 1862 dans le Gard, veuve, qualifiée sobrement de "parente", si j'en crois l'abréviation figurant dans la colonne adéquate.

Son patronyme tendrait à prouver qu'elle est apparentée à ma grand-mère paternelle, Jenny Letourneau. Un seul hic : mes ancêtres Letourneau sont originaires de la Mayenne et ont migré vers le Maine-et-Loire, notamment vers Angers et ses environs, au cours du XIXe siècle. Loin, très loin de ce département languedocien qui tarde tant à mettre ses archives en ligne…

Il ne me reste plus alors qu'à consulter les registres de décès du 17e arrondissement pour la période comprise entre 1931 et 1936. Ce n'est pas insurmontable, mais… Commençons par un petit tour sur Geneanet. Je vous laisse imaginer le nombre d'occurrences obtenues en tapant "Letourneau Marie" dans le formulaire de recherche. Environ 12 600 réponses ! Plus de 3 600 encore, en se limitant à une période postérieure à 1861. Il me faut trouver une autre piste.

Ce département du Gard… j'ai déjà buté sur lui, il me semble qu'une épouse (mais de qui ?) en était originaire. Avant d'explorer ma base de données, je m'avise soudain que ma grand-mère figure sur la liste de recensement uniquement sous son nom de femme mariée. Donc, cette Marie Letourneau aussi, vraisemblablement.

Et là, bingo ! Marie Letourneau s'appelle en réalité Marie Amélie Sidonie Surry. Mon arrière-grand-père Emmanuel Letourneau s'était marié trois fois. Tout d'abord avec Jeanne Pauline Troussier : le couple a donné naissance à ma grand-mère Jenny. Puis en 1903, Emmanuel Letourneau devenu veuf a épousé une certaine Eugénie Suzanne Guillet. Divorce prononcé en 1907 et nouveau mariage en 1911, avec Marie Surry, cette fois. Cet homme devait détester la solitude !

Emmanuel Letourneau, décédé en 1920 à Angers, laissait peut-être sa troisième épouse dans une situation difficile(3). Ce qui expliquerait son hébergement chez sa belle-fille et le mari de celle-ci. J'ai beau interroger mes souvenirs, il ne me semble pas que mon père m'en ait jamais parlé. Il l'a pourtant côtoyée pendant plusieurs années, alors qu'il était déjà adolescent… Cette Marie Surry donc, veuve Letourneau, retourna à Angers à la fin de sa vie : elle y décéda à son domicile, rue Ambroise Paré, le 26 février 1932. L'information figurait déjà dans ma base de données.

Quoi qu'il en soit, je ne puis que vous inciter à consulter toutes les sources à votre disposition pour enrichir vos connaissances sur votre histoire familiale. Des surprises vous  y attendent peut-être…


(1) Voir à ce sujet le billet intitulé Garçon de recettes, publié le 31 octobre 2016.

(2) Fabricants de bijoux en plaqué or, les bijoux FIX. Siège social 22, rue Saint-Gilles, dans le 3e arrondissement de Paris, non loin de la place des Vosges.

(3) Il me faudrait, pour en avoir le cœur net, consulter les tables de successions aux Archives du Maine-et-Loire.

2 commentaires:

  1. Oui, des surprises nous attendent dans ces recensements assez récents. J'ai ainsi découvert que la soeur de ma belle mère habitait encore avec sa mère et sa soeur en 1936, elle avait alors 25 ans, alors que ma belle mère avait toujours dit qu'elle était partie le jour de sa majorité - soit 21 ans à l'époque.
    Recouper toutes les sources disponibles permet de mieux comprendre certains événements.

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  2. J'ai eu l'occasion, il y a déjà de nombreuses années de trouver un de mes ancêtres : Jean MARTIN, et sa femme née BRARD Marie, que je trouvais sous le nom de MARTIN partout, et sa mère et son lieu de naissance.
    Il est toujours prudent de vérifier les sonnées des recensements, mais, ça peut-être une mine d'or.

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