J'étudiais les photos de mon grand-père maternel, Maurice
Maitreau, quand je me trouvai soudain confrontée à une difficulté
imprévue : pourquoi diable portait-il des uniformes de couleur différente
sur des clichés pourtant tous pris durant la Grande Guerre ? Certes, les tirages
sont en noir et blanc, mais les nuances de gris ne laissent aucun doute, il
arbore bien des tenues différentes.
Pour tenter de répondre à cette question, je me suis procuré
le livre d'Éric Labayle, Reconnaître les
uniformes 1914-1918, édité chez Archives & Culture[1].
C'est une mine d'informations !
L'auteur commence par passer en revue les différents
supports photographiques : "cartes de visite", portraits
cartonnés, cartes-photos, cartes postales, photographies "privées"
prises sur le terrain, tableaux photographiques et plaques de verre.
Il brosse ensuite un tableau des différentes armes qui
composent l'armée française à cette époque (infanterie, artillerie, cavalerie,
génie, train des équipages, services de santé, autres services, aviateurs), en
expliquant en quelques phrases le rôle dévolu à chacune d'elles.
Enfin, il distingue, sur le plan strictement vestimentaire,
cinq grandes périodes durant le conflit :
- Août-septembre 1914, où les soldats fraîchement mobilisés sont équipés de l'uniforme réglementaire complet,
- L'hiver 1914-1915, où l'usure des tenues commence à se faire sentir, mais où l'armée n'est pas encore en mesure de renouveler les équipements,
- L'année 1915, où le "bleu horizon" tend à se généraliser,
- La période qui court de septembre 1915 à l'hiver 1916-1917, qui voit apparaître le fameux "casque Adrian" que nous connaissons tous, tant il symbolise à lui seul cette guerre,
- Enfin les années 1917 et 1918 où la lourde capote bleue se généralise et où de nouveaux modèles d'armes et de masques à gaz apparaissent.
Je tire de ce livre plusieurs informations que j'ignorais
jusqu'alors. Tout d'abord l'évolution des uniformes tout au long du conflit, qui
est loin de se limiter au seul abandon du pantalon garance, comme on le croit parfois
à tort. Ensuite, le caractère parfois hétéroclite des tenues : pantalons
de velours côtelé, jambières de chasse, brodequins civils, ajout de poches par
un tailleur civil ne sont pas si rares.
J'ai également appris la signification des chevrons sur la manche
gauche : ces "brisques" indiquent le temps passé au front, un an
pour la première, six mois pour chacune des suivantes. C'est même de là que
vient l'expression "vieux briscard" !
Enfin, saviez-vous qu'il existait un insigne pour les
blessés ? Il s'agit d'une barrette de ruban, avec une étoile rouge par
blessure. Dans le même esprit, les étoiles sur le ruban de la Croix de guerre
indiquent les citations.
Bref, je ne regrette pas mon acquisition et je vais pouvoir
décrypter plus facilement les photos de mon grand-père en uniforme, mais si
vous le permettez, cela fera l'objet d'un autre billet. Rendez-vous à la
lettre U du challenge AZ qui débute le samedi 31 mai prochain.
[1]
Éric Labayle, Reconnaître les uniformes
1914-1918, Éditions Archives et Culture, 2013, 80 pages
Du même auteur chez le même éditeur, Reconnaître les uniformes 1860-1914 et Reconnaître les uniformes de
l'entre-deux-guerres
Cela donne envie d'aller voir de plus près... Merci
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