J'ai parmi mes ancêtres quelques militaires. L'un d'eux,
Achille Maitreau, né à Concourson le 5 janvier 1821, a rendu l'âme à Pau
le 4 décembre 1914, un mois avant de fêter son quatre-vingt-quatorzième
anniversaire.
Je n'ai pas encore consulté son dossier au Service
historique de la Défense (honte à moi, c'est à dix minutes à pied de mon camp
de base !), mais je sais déjà qu'il fit partie du 3e régiment
de voltigeurs de la garde impériale de Napoléon III.
Il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du
4 juillet 1862 ; pour quel motif ? je l'ignore. Le dossier consultable
dans la base Léonore ne comporte que quatre feuillets, dont deux relatifs au
paiement d'un traitement annuel de 250 francs. L'extrait du registre
d'état civil, qui y figure également, m'a néanmoins permis de préciser la date
de son décès, que je situais après le 1er juillet 1914, sans en être
tout à fait sûre.
Le bulletin des lois relatif à sa nomination au grade de
chevalier en juillet 1862 indique qu'à cette date, il comptait vingt ans de
service actif et une campagne. Une seule ? cela me paraît peu au regard de
certaines autres nominations.
Quelles sont les campagnes dans lesquelles des troupes
françaises furent engagées durant cette période ? Un coup d'œil à
Wikipédia permet de répondre en partie à cette question :
- La conquête de l'Algérie à partir de 1830,
- La guerre de Crimée de 1853 à 1856,
- La campagne d'Italie de 1859,
- L'expédition du Mexique à partir de 1861.
Achille Maitreau a-t-il participé à l'une d'elles ? Il
n'y a pas de doute, il faut que je demande communication de son dossier au SHD.
En attendant, je me suis tournée vers Gallica et j'ai découvert un autre
élément, à ajouter à la biographie de mon arrière-grand-père : la guerre
franco-prussienne de 1870. Dans ma naïveté, j'avais oublié cet épisode.
Je savais que, lors de son mariage à Pau en 1868, avec la
fille d'un médecin-major en retraite, Achille Maitreau était désormais
capitaine au 58e régiment d'infanterie de ligne. Je savais que son fils
Maurice était né le 31 octobre 1869 rue Marca, cette artère qui monte du
gave vers la Haute-Plante (aujourd'hui la place de Verdun), en laissant le
château sur sa droite. Mais j'avais oublié que c'était un officier d'active.
Le conflit qui allait entraîner la chute du Second Empire
éclate en juillet 1870. Une sombre histoire de candidature d'un prince de
Hohenzollern au trône espagnol : Napoléon III s'y opposait,
apparemment. Toujours est-il que les troupes françaises se retrouvent face aux
troupes prussiennes. Les défaites et les retraites se succèdent durant tout le
mois d'août dans l'extrême nord-est de la France, jusqu'au désastre de Sedan,
le 1er septembre, et à la capitulation de l'empereur le 2.
Carte de la bataille de Sedan Source Gallica |
Le 58e régiment d'infanterie de ligne est pris
sous le feu de l'artillerie allemande dans la zone du calvaire d'Illy, au nord
de Sedan. Voici le texte(1) que j'ai
trouvé sur Gallica :
"La position n'est plus tenable : nos troupes,
mitraillées de flanc et de face, évacuent le calvaire d'Illy.
Le 58e de ligne bat en retraite en tirailleurs
et par échelon, vu le grand nombre de projectiles ennemis qui balaient le
terrain, et perd un officier tué, le capitaine Lesbros, et sept blessés :
le commandant Bellegarrigue ; le capitaine adjudant-major Balite ;
les capitaines Maitreau, Haraucourt ; les lieutenants Lombarès, Cabaret,
et le chef de musique Sonnier."
Quelle était la gravité de la blessure du capitaine
Maitreau ? fut-il évacué vers un hôpital ? si oui, lequel ?
qu'advint-il de lui ensuite ? Autant de questions qui devraient trouver
réponse dans son dossier. Quoi qu'il en soit, il était de retour à Pau en avril
1871, puisqu'il se présente à la mairie pour y déclarer la naissance de sa
fille Jeanne Marie Clarisse.
Évidemment, on commémore plus souvent les victoires, même si
elles furent parfois longues à venir, que les défaites. C'est pourquoi, sans
doute, je n'avais pas imaginé que mon arrière-grand-père avait participé à
cette guerre de 1870, beaucoup moins souvent évoquée que celle qui lui succéda
en 1914 et qui fut d'une autre ampleur, il va sans dire.
(1) Dick de
Lonlay, Français et Allemands, histoire anecdotique de la guerre de
1870-1871, Paris, Garnier frères, 1887
Bonjour Dominique,
RépondreSupprimerNous avons tous ce défaut je pense, qui plus à l'approche des commémorations, de nous focaliser sur deux guerres qui nous sont "contemporaines", et nous oublions le reste.
Preuve en est, s'il était encore besoin de le démontrer, que Gallica est une source incontournable pour tout généalogiste !
Bonsoir Dominique,
RépondreSupprimerCet article est très intéressant.
La Guerre de 1870 est une période qui me touche particulièrement justement parce qu'elle est quelque peu "oubliée" par rapport aux deux Guerres mondiales.
J'ai commencé à m'y intéresser grâce à mes recherches généalogiques. Puis j'ai vraiment découvert les évènements de 1870 grâce au roman d'Emile Zola (la Débâcle) et au gré d'une ballade en Moselle (visite de la citadelle de Bitche - passionnante !).
Elise
A propos de littérature, nous avons peut-être également oublié que le célèbre poème de Rimbaud, le Dormeur du val, est aussi inspiré par la guerre de 1870.
SupprimerBonjour Dominique,
RépondreSupprimerj'essaye de me spécialiser sur les soldats de l'armée de loire lors de la guerre de 1870 : http://genealogie-et-guerre1870.blogspot.fr/
bien que la bataille de Sedan soit éloignée de ma zone de recherche, cela concerne la même guerre. Je ne peux répondre à vos questions. Vers quelle ambulance militaire a été soigné votre ancêtre, il est même étonnant qu'il ne fut pas fait prisonnier et envoyé sur la presqu'île d'Iges à l'ouest de Sedan. (voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Sedan)
Ce que je peux vous préciser, mais que sans doute vous savez déjà : le 58e régiment de ligne était basé à Pau en 1870. votre ancêtre était capitaine depuis 13 aout 1865, son deuxième prénom est André. Ceci sans son dossier militaire, mais consultable sur le livre numérisé de google : l'annuaire militaire de l'empire Français pour l'année 1870. Comme il était officier, j'ai essayé de voir si il était un ancien de l'écolde de Saint-Cyr, mais je ne l'ai pas vu. ( du moins pas trouvé).
très cordialement
Frédéric
Merci pour toutes ces informations. Pour l'instant, je suis un peu loin de ma base, mais dès mon retour, je reprends contact avec vous.
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