Les actes de sépulture figurant dans les registres
paroissiaux ne fournissent guère d'informations au généalogiste amateur tant il
sont succincts : ils indiquent l'identité du défunt, son âge approximatif,
sa situation de famille (époux, veuf…), rarement davantage.
De nos jours, cela ne choque guère, dans la mesure où il est
normal que soit respecté le secret médical. Pourtant que ne donnerait-on pas
pour avoir des détails sur les circonstances de la mort de nos ancêtres.
Bien sûr, il est possible de formuler des hypothèses. J'ai
pris l'habitude de rechercher le baptême d'un enfant dans les jours qui
précèdent l'inhumation d'une épouse en âge de procréer. Les accouchements
étaient si périlleux ! Je consulte souvent le guide de Thierry Sabot (1) pour savoir si une épidémie s'est
propagée au cours d'une année, lorsque les inhumations se multiplient soudain
dans les registres d'une paroisse. Mais cela reste du domaine des suppositions.
Toutefois, les accidents sont parfois mentionnés. En voici
un exemple, relevé dans les registres de Notre-Dame du Touchet en juillet 1693.
Nous sommes aux confins de la Normandie et du Maine.
"Jeanne Chancé
veufve de Jean Nepveu est
decedée le vingt cinquieme jour de juillet iceluy
décez arrivé par la chute d'un cerisier et a esté
inhumée par moy soubsigné curé du lieu
dans le cimetiere dud. lieu le vingt sixieme
dud. mois et an que dessus. Prce. de Jean Chancé
Mazure et de Michel Javault fils François tsmgs."
decedée le vingt cinquieme jour de juillet iceluy
décez arrivé par la chute d'un cerisier et a esté
inhumée par moy soubsigné curé du lieu
dans le cimetiere dud. lieu le vingt sixieme
dud. mois et an que dessus. Prce. de Jean Chancé
Mazure et de Michel Javault fils François tsmgs."
Suivent trois signatures : celle du curé (pour moi
illisible) et celles des deux témoins.
À noter que l'acte a vraisemblablement été rédigé par le
vicaire, Guillaume Hervieu, doté d'une belle écriture et enclin aux fioritures
sur les pages du registre. Je note avec plaisir qu'il n'omet pas l'accent sur le
"e" final de Chancé.
Un doute subsiste néanmoins : est-ce l'arbre qui est
tombé sur Jeanne ou Jeanne qui a chu malencontreusement au cours de la
cueillette ? L'histoire ne le dit pas.
(1) Thierry
Sabot, Contexte, un guide chrono-thématique, Editions Thisa, 3e
édition 2012
Oui, combien émouvant quand on peut savoir ce qui a causé la mort de nos lointains ancêtres! J'ai trouvé dans l'acte de décès d'une ancêtre du XVIIe qui vivait du côté d'Avignon la précision suivante: "s'est noyée dans le Rhône, emportée par le drap qu'elle lavait dans le fleuve en crue"...
RépondreSupprimerDeux choses: Tout d'abord je pense que les prêtres ne mentionnaient les causes du décès que lorsqu'il s'agissait d'un accident, comme dans ce cas , car il ne pouvait avoir donné les derniers sacrements; ensuite, ici nous sommes en Juillet, c'est la pleine saison des cerises, et je pencherai pour la chute depuis le cerisier.
RépondreSupprimeril manque l' adresse du document, car votre image n'est pas utilisable...
RépondreSupprimersource AD Manche - 1692-1695 (5 Mi 2033) - p20/68
Comme vous pouvez le constater, j'étais encore débutante en généalogie à l'époque…
SupprimerRécolte t'on encore des cerises fin juillet dans la région normande? Si non, ce serait plutôt l'arbre qui lui serait tombé dessus...
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerNotre jardinier appelle notre cerisier « l’arbre des veuves » !
Au Royaume-Uni, la cause du décès est toujours mentionnée. Ce n’est guère plaisant quand on lit « cirrhose du foie » ou autre maladie liée à l’alcool.
En ce moment, je travaille sur un village, au nord de la Somme et j’y découvre une habitude du curé qui se justifie : « n’a pas été administré des saints sacrements »
- Est arrivé trop tard auprès du mourant car la famille a négligé de l’appeler.
- Cet autre est mort car tombé dans son puits
- Cet autre, dans sa maladie, n’avait plus sa connaissance
- Un autre, ne pouvait plus parler
- Mort subite
Source : Le Boisle 1680-1778 (vers la page 154, nombreux décès vers 1711
http://recherche.archives.somme.fr/ark:/58483/a011261413220fqEIw0/1/1
Gabrielle
Bonjour,
RépondreSupprimerJe penche pour la deuxième hypothèse, à savoir qu'elle aurait chu d'un arbre, sinon quel aurait été l'intérêt de préciser qu'il s'agissait d'un cerisier, s'il n'y avait pas eu de fruits à cueillir pour s'en convaincre ?
Par ailleurs, je vous fais part d'une observation personnelle, quant'aux causes et/ou fréquences de décès. A savoir que, dans certaines familles, j'ai pu noter une majorité de décès des jeunes enfants dans les 20 à 25 ans précédant la Révolution Française phénomène qui n'affectait les mêmes lignées 50 ans à un siècle auparavant (où la plupart des enfants devenaient adultes et fondaient famille, ni, non plus, dans d'autres familles à la même époque pré-révolutionnaire.
J'ai interprété le phénomène comme étant le signe de la misère spécifique à cette période et pour certaines familles, dans un contexte de mauvaises récoltes et de refroidissement climatique.
J'invite les contributeurs au site à apporter leur réflexion sur le sujet sur la base de leurs recherches personnelles, puisque mes observations ne portent que sur quelques familles seulement
Cordialement.