Mon arrière-grand-père paternel, Frédéric Chancé, né en mars
1834 dans le bocage normand, est le dernier d'une fratrie de sept enfants.
J'ai une vision assez claire du sort de ses frères et sœurs.
Tous sont nés à la Rousselaie, un hameau sur la commune de
Notre-Dame-du-Touchet, à l'extrême sud du département de la Manche, aux confins
de l'Orne et de la Mayenne. À l'exception de la petite Marie Jeanne, décédée à
seize mois, ils ont tous atteint l'âge adulte, mais leurs existences ont été
passablement différentes.
Collection personnelle |
Des quatre garçons qui composent la fratrie, un seul, Louis
Victor, est resté au pays. Encore faut-il préciser qu'il est décédé à
vingt-deux ans, avant d'avoir le temps de fonder une famille et, peut-être, d'aller
voir ailleurs si l'herbe était plus verte.
Les trois autres garçons, Louis Marin, François et mon
arrière-grand-père Frédéric, ont quitté le bocage pour venir tenter leur chance
à Paris. Ils y ont exercé le métier de peintres en bâtiments, à une époque où
la ville connaissait de multiples réaménagements. Louis Marin, peut-être
intoxiqué(1) par les substances contenues dans les pigments (il était broyeur de
couleurs), succomba en 1857, à l'âge de trente-sept ans, laissant une veuve et
une petite fille. Les deux autres déménagèrent plusieurs fois, de la rue de la
Coutellerie à la rue Saint-Jacques, de Montmartre au quartier de la Bourse, mais
ils restèrent fidèles à la capitale, où ils firent souche.
Restaient les deux filles aînées. La seconde, Anne Louise
Jacqueline, m'a causé quelques soucis. Je ne parvenais pas à dénicher son acte
de mariage : en réalité, il ne figurait pas sur les tables décennales de
Buais, où avait pourtant eu lieu la cérémonie ! Grâce aux arbres mis en
ligne sur Geneanet, j'ai fini par retrouver sa trace et découvert qu'elle avait
migré avec son mari vers les cités ouvrières de la banlieue rouennaise. Elle
est décédée au Grand-Quevilly, à l'âge de quarante-six ans.
Et Stéphanie Anne ? Les actes de naissance et de
baptême de 1816 ne sont pas très clairs : le maire la nomme Faine Anne,
semble-t-il, et le curé Fannie Anne ! Prénoms qu'elle conserve sur l'acte
de mariage civil, célébré à Villechien en
octobre 1840. Il faut attendre le mariage religieux, en janvier 1841, pour voir
enfin apparaître le prénom plus classique de Stéphanie… Cinq enfants voient le
jour à Notre-Dame-du-Touchet, où décède son époux, Michel Chalot, en 1853. Lui
était maçon, elle sera qualifiée de cultivatrice lors du mariage de son fils
Victor vingt-deux ans plus tard, en 1875. Elle ne semble pas s'être remariée.
Mais impossible de mettre la main sur son acte de
décès ! Dans ces cas-là, que faire ? Traquer les événements
concernant les enfants (mariages, naissances des petits-enfants, etc.) pour
tenter de définir deux dates entre lesquelles
le décès serait survenu : Stéphanie Anne est présente au mariage de son
fils Victor, en janvier 1875 à Notre-Dame-du-Touchet, mais ensuite ? J'ai
épluché les tables décennales des environs, qui ne sont disponibles en ligne
que jusqu'en 1892, et lancé des recherches sur Filae sans succès. Pourtant,
lorsque son fils Victor décède à Buais en octobre 1891, il semble bien qu'elle
ne soit plus de ce monde. Affaire à suivre…
Ces recherches sur l'environnement familial de mes ancêtres m'ont
par ailleurs réservé une surprise : son fils aîné, Théodore Chalot, "décédé chez sa mère au village de la
Mercerie", dans la commune de Buais, en août 1867, avait lui aussi
migré vers Paris, où il exerçait le métier insolite de… batteur d'or ! J'y
reviendrai plus en détail la semaine prochaine.
D'ici là, je ne peux que vous inciter à vous intéresser à
l'environnement proche de vos ancêtres directs, explorer les branches
collatérales, rechercher les mariages successifs des parents, collecter tous les actes
concernant leurs frères et sœurs : vous enrichirez à coup sûr vos
connaissances.
__________
(1) Voir à ce sujet l'article intitulé B comme broyeur de couleurs, publié le 2 avril 2013
http://degresdeparente.blogspot.fr/2013/04/b-comme-broyeur-de-couleurs.html
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