J'ai pour Philibert une tendresse particulière qui remonte à
l'enfance : c'est ainsi que mon père avait appelé son ours en peluche,
qu'il avait conservé au fil de ses déménagements successifs et qu'il me
transmit quand je fus en âge d'en apprécier le charme et la douceur.
Collection personnelle |
À mon tour, je l'ai précieusement gardé, mais je n'ai jamais
osé confier cet objet, désormais devenu relique puisque plus que centenaire,
aux mains enfantines de ma descendance ! Il est un peu râpé, son bras
gauche a perdu une partie de son rembourrage en sciure, mais il a conservé
quelque chose de malicieux dans le sourire et le regard. Il fera un jour partie
de l'héritage…
Mais pourquoi diable ce prénom sorti de nulle part ? Il
faut remonter plusieurs générations en arrière pour trouver deux ancêtres ainsi
prénommés, certes dans la lignée maternelle de mon père, mais trop éloignés
pour qu'il ait pu les connaître.
Philibert Benjamin
Letourneau était l'arrière-grand-père de ma grand-mère paternelle. Né le 1er
août 1796 à Meslay-du-Maine, durant la Révolution, alors que son père avait été
tué par les Chouans quelque cinq mois auparavant, il perdit sa mère avant son
deuxième anniversaire. Il se maria à vingt-six ans, exerça plusieurs métiers,
éleva ses sept enfants ainsi que le fils naturel d'une de ses filles et mourut
noyé dans la Mayenne. J'y reviendrai plus en détail dans un prochain billet.
Il devait vraisemblablement son prénom à son grand-père
maternel, Philbert Charles Chardron,
lequel, né en 1741, tenait le sien de son parrain, le vénérable et discret (selon
l'expression alors en usage) messire Philbert Joseph René Duchesne, prêtre curé
de la paroisse de Meslay.
Filbert serait un prénom d'origine germanique, de
"fili"=beaucoup et de "berth"=brillant, illustre.
L'orthographe a évolué ensuite de Filbert à Philbert ou Philibert.
Au VIIe siècle, celui qui deviendrait saint Philibert quitta la cour du roi
Dagobert pour devenir moine. En 654, il fonda l'abbaye de Jumièges, dont il
devint le premier abbé, dans une boucle de la Seine en aval de Rouen. Puis,
après une période de captivité, il se retira à Noirmoutier et y mourut en 684
ou 685. Nous sommes dans ce qu'il est convenu d'appeler le haut Moyen-Âge.
Au IXe siècle, son sarcophage fut d'abord
transféré dans l'abbaye de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Atlantique) pour
le protéger des invasions normandes, puis finalement dans celle de
Saint-Philibert de Tournus (Saône-et-Loire). Il est fêté le 20 août.
Quel adorable ours en peluche, un vrai trésor familial. J'espère que tes petits enfants en comprendront toute l'importance. Quant à l'histoire de ton aieulr Philibert, je suis déjà impatiente d'en savoir plus
RépondreSupprimerJ’ai ai eu un ours identique mais il s’est est égaré avec le temps. Que Philibert veille sur toi et les tiens !
RépondreSupprimerMerci. J'ai réussi à préserver le mien au fil du temps et j'en suis heureuse.
SupprimerUn viel ours en peluche parmi les ancêtres, quoi de plus normal !!
RépondreSupprimerUne belle histoire ! J'ai transmis à ma fille Pierrot, mon gros baigneur, Nadine, ma poupée aux cheveux naturels et aux yeux bordés de cils, Siqui, mon bébé noir, le préféré de tous, le plus sage et le plus doué à l'école quand je leur faisais la classe. Je n'ai jamais eu de nounours.
RépondreSupprimerQuelle belle histoire pour introduire ce prénom Philibert que l'on ne retrouve plus beaucoup de nos jours. On pense souvent à la transmission des papiers de famille, mais les oursons en peluche peuvent avoir une valeur sentimentale toute aussi importante !
RépondreSupprimerJoli commentaire de Sébastien qui traduit justement tout le bien que je pense de ce billet. ;-)
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